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NBA : Les Nets ont-ils raison de faire venir James Harden ?

Enfin. Annoncé sur le départ depuis des semaines, James Harden quitte Houston pour rejoindre les Nets de Brooklyn dans un transfert monumental impliquant quatre équipes au total.

L’équipe de Brooklyn récupère James Harden, un monstre d’efficacité offensive de 31 ans, 8 fois All-Star, MVP en 2018, figurant en première ou deuxième position au classement du meilleur scoreur de la ligue ces 6 dernières saisons, et dans le TOP 10 des meilleurs passeurs en moyenne sur cette même période. Avec Kevin Durant et Kyrie Irving dans l’effectif, les Nets pourraient – en théorie – posséder une des meilleures attaques de l’histoire de la NBA. Rien que ça.

Concernant les détails du transfert, voici le résumé de la situation :

Le transfert de James Harden à Brooklyn a provoqué des réactions diverses et variées chez les joueurs, les fans et les journalistes au moment de son officialisation. Les Nets sont-ils clairement un des favoris pour le titre désormais ? Ou ont-ils sacrifié leur futur pour un projet complètement bancal (comme en 2013) ? Pourront-ils survivre en défense ? Trois stars qui ont besoin d’avoir autant la balle dans les mains peuvent-ils vraiment coexister ? Les personnalités de Durant, Harden et Irving sont-elles compatibles ?

Toutes ces questions – et bien d’autres – se posent quelques heures seulement après cet échange dont les ramifications pour cette saison, et celles à venir, sont potentiellement colossales. Essayons d’y répondre dans l’ordre, avec les informations dont nous disposons à l’heure actuelle.

Les Nets sont-ils clairement un des favoris pour le titre désormais ?

Selon les bookmakers, la réponse est oui. Immédiatement après le transfert de James Harden, les Brooklyn Nets sont passés devant les Bucks de Milwaukee en tant que favori à l’Est. La probabilité de les voir atteindre les finales NBA, et soulever le Larry O’Brien Trophy a, elle aussi, progressé.

L’association de James Harden avec Kevin Durant, dont l’état de forme après une longue absence suite à une rupture du tendon d’Achille impressionne depuis la reprise de la saison, et Kyrie Irving, dont les capacités offensives (quand il joue) ne sont plus à prouver, ne peut qu’inspirer la confiance… sur le papier du moins. Offensivement, rien que sur la base de leurs talents respectifs, les Nets auront un avantage non négligeable sur 95% des équipes de la ligue.

Selon le très sérieux site de statistique FiveThirtyEight, les Nets devancent les Bucks et les Celtics dans les projections concernant une éventuelle qualification pour les finales NBA. Ils restent toutefois derrière les Lakers en termes de probabilité de remporter le titre.

Mais la question suivante est inévitable.

Pourront-ils survivre en défense ?

Avant l’arrivée de James Harden, les Nets n’inspiraient déjà pas confiance en défense, pointant à la 13e place depuis le début de la saison. Brooklyn vient de perdre son meilleur défenseur, et protecteur du cercle, en la personne de Jarrett Allen. Caris LeVert se débrouillait plutôt bien aussi.

Parmi les trois stars, Kevin Durant est le joueur le plus à même de tenir la distance en défense. James Harden et Kyrie Irving ont mauvaise réputation de ce côté du terrain, ce qui est plus ou moins justifiée (Harden est étonnamment solide pour défendre au poste). C’est aujourd’hui la responsabilité de Steve Nash, le coach, et son staff de construire un système défensif permettant à l’équipe de figurer, au minimum dans le TOP 15 des défenses NBA. Idéalement dans les 10 premières places s’ils veulent vraiment être perçue comme une sérieuse menace face aux Lakers, mais là, ce sera un objectif plus compliqué à atteindre. Mais vers lequel il leur faudra tendre, car toutes les équipes couronnées depuis 2004 pointaient à la 11e place minimum.

James Harden (Rockets en 2018) et Kyrie Irving (Cavaliers en 2016) ont déjà prouvé par le passé qu’ils pouvaient être efficaces dans un système défensif bien construit. Une chose est sûre, les Nets vont devoir appréhender la défense de manière collective, et une fois en playoffs, prouver qu’ils sont capables de s’ajuster. Ce sera probablement la statistique la plus importante à observer à l’approche des playoffs.

Ces trois stars peuvent-ils vraiment coexister ?

On la connaît tous cette phrase : il n’y a qu’un seul ballon sur le terrain. Durant, Irving et Harden sont trois joueurs dont le taux d’usage sur le terrain est historiquement élevé. En carrière, ils sont présents dans le TOP 20 dans toute l’histoire de la ligue. Et pourtant. Cette inquiétude n’est pas totalement justifiée.

L’accélération dans le rythme de jeu constatée ces dernières saisons a eu pour conséquence de créer plus de possessions et d’opportunités pour les joueurs. Cette saison, les Nets tourne en moyenne à près de 88 tentatives de tirs par match. Harden, Durant et Irving tournent à 57 tirs par match en moyenne. Ce qui laisse pratiquement 30 tirs pour leurs coéquipiers. Et une marge de manœuvre assez conséquente pour qu’ils y trouvent leur compte.

Là encore, ce sera à Steve Nash de construire un système offensif dans lequel aucun d’eux ne se sentira sous-exploité (l’histoire des «super-teams» nous apprend que cela va arriver, et que tout dépendra de leur façon – coaching staff et joueurs – de gérer ce problème en interne). Et il pourra compter sur la présence de Mike D’Antoni – qui connaît très bien James Harden piur l'avoir coaché à Houston – à ses côtés pour bâtir la meilleure attaque possible autour de ces trois talents exceptionnels.

La présence d’Harden permet également aux Nets de mieux encaisser une éventuelle blessure, ou l’absence prolongée d’une des trois stars. Notamment quand on connaît le passé médical de Durant et Irving (qui est actuellement absent de l’effectif pour des raisons personnelles). On peut rire tant qu’on veut du physique de James Harden, mais depuis son arrivée en NBA en 2009, aucun joueur – AUCUN – n’a joué plus de matchs de saison régulière que lui. Le Barbu a toujours mis un point d’honneur à disputer le maximum de rencontres tout au long de sa carrière (ok, y'a un joker pour son début de saison avec les Rockets). Une qualité rarement mentionnée le concernant.

Les personnalités de Durant, Harden et Irving sont-elles compatibles ?

C’est la question centrale concernant les Nets. Et ce tweet est la meilleure illustration de ce que certains fans redoutent suite à la réunion de ces trois joueurs sous le même maillot.

Selon le très respecté Adrian Wojnarowski, du site américain ESPN, l’arrivée de James Harden à Brooklyn est un signe fort de la part des dirigeants du club envers… Kevin Durant. En résumé, ils viennent de lui apporter la preuve qu’ils sont prêts à tout pour le garder au-delà de son contrat actuel (KD possède une option joueur pour la saison 2022/2023). Et James Harden, avec lequel il est très ami et qui a été son coéquipier au Thunder entre 2009 et 2012, intervient comme une potentielle garantie.

Le cas Kyrie Irving est plus épineux. Quand les rumeurs avaient commencé à bruisser autour d’un possible transfert de James Harden il y a plusieurs semaines, plusieurs sources avaient fait part des doutes de Kyrie Irving sur la pertinence d’une telle décision. Comme on vient de l’expliquer, la direction du club vient de désigner clairement Kevin Durant comme le «franchise player» pour les années à venir. Et personne ne sait ce que Kyrie Irving pense de tout cela. On ne sait déjà pas pourquoi, il y a maintenant une semaine, il a décidé de se mettre en retrait de l’équipe.

Cette incertitude autour de sa personne aurait joué un rôle non négligeable dans la décision des Nets de finaliser le transfert de James Harden. Kyrie Irving est un joueur éblouissant sur le terrain, mais son manque de fiabilité – aussi bien physique (souvent blessé) que psychologique (attitude imprévisible) – pourrait vraiment devenir un problème à l’avenir pour un club qui, clairement, vise le titre dès cette saison, et au moins la suivante.

La bonne entente entre ces trois joueurs est primordiale si les Nets veulent vraiment s’imposer une sérieuse menace. Suivre l’évolution de la situation sera, sans aucun doute, captivant.

Viennent-ils de sacrifier leur futur pour un projet bancal (comme en 2013) ?

Beaucoup se plaignent de voir les Nets mettre en péril un effectif bâti minutieusement depuis plusieurs saisons pour un avenir qui paraît encore bien incertain. Brooklyn vient de se débarrasser de plusieurs premiers tours de Draft pour les saisons à venir, de laisser partir deux jeunes talents prometteurs (Allen et LeVert), et d’atomiser la profondeur d’un banc qui était perçue comme une de leur force en début de saison.

Certains n’hésitent pas non plus à comparer cet effectif avec celui de 2013 quand Brooklyn avait fait venir Kevin Garnett et Paul Pierce – après un échange massif de tours de Draft et de plusieurs joueurs (très moyens) – aux côtés de Joe Johnson et Deron Williams avec l’espoir de former leur propre «super-team» face à celle du Heat de Miami (ce qui est encore plus drôle avec le recul).

Désolé, hein, mais cela n’est en aucun cas comparable. Pierce et Garnett avaient 37 et 36 ans au moment de leur arrivée, et étaient déjà en déclin. James Harden a 31 ans, et est en pleine possession de son talent. Il figure dans la conversation pour le titre de MVP depuis au moins 6 ans (avec un trophée en 2018), reste un des joueurs les plus redoutés de la ligue, et affiche une efficacité offensive insolente qui lui permet de voir son nom s’afficher dans les sélections des «All-NBA Team» chaque saison.

Qu’on aime ou qu’on déteste ce joueur, il est impossible de nier son talent. Si ses détracteurs pointent du doigt ses performances douteuses dans les moments «clutchs» (vrai) et en playoffs (vrai aussi), James Harden arrive dans une équipe où se trouve Kevin Durant, un des meilleurs joueurs de l’histoire dont la faculté à rentrer les tirs décisifs n’est plus à prouver (idem pour Kyrie… quand il joue). La vérité est qu’un nombre très restreint d’équipes jouent le titre chaque saison, et en NBA, la concentration de talent est souvent ce qui fait la différence entre un sacre, et une élimination en playoffs. Alors quand une équipe a la possibilité d’ajouter à son effectif un des 5 meilleurs joueurs de la ligue, elle aurait probablement tort de regarder ailleurs.

Avant ce transfert, rien ne garantissait que les Nets allaient gagner le titre cette saison ou les suivantes. Cela était vrai hier, et cela reste vrai aujourd’hui. Mais l’alliance de Durant, Irving et Harden sur un terrain possède un potentiel autrement plus élevé que le précédent effectif. Les Nets ont encore des mouvements à faire, puisqu’ils disposent de trois places vacantes dans l’effectif, d’une exception de 5,7 millions de dollars, et une possible exception en raison de la blessure de Spencer Dinwiddie (dont le contrat expire à la fin de la saison et pourrait servir également de monnaie d’échange). Ils pourront également tenter de trouver un role-player sur le marché des joueurs libérés, probablement un intérieur pour suppléer DeAndre Jordan.

Conclusion

Les Brooklyn Nets vont être une équipe détestée par certains, adorée par d’autres. Pour de multiples raisons. Mais l’association de trois talents de ce calibre sera l’histoire la plus passionnante à suivre tout au long de la saison. Et aucun fan ne devrait en manquer une miette.

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