En direct
A suivre

Elisabeth Moreno : «il est plus difficile de s’épanouir dans le sport et d’y réussir lorsque l’on est lesbienne, gay, bisexuel ou transgenre»

Elisabeth Moreno (g), ministre chargée de l'Egalité Femmes-Hommes, a rencontré Amandine Buchard (d), médaillée olympique à Tokyo, lors du forum de rentrée de la Fédération Sportive Gaie et Lesbienne. [© Ministère chargé de l'Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Egalité des chances]

Présente dimanche au Forum de rentrée de la Fédération Sportive Gaie et Lesbienne, Elisabeth Moreno, la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances, s’est confiée à CNEWS sur les difficultés rencontrées par les sportifs mais aussi et surtout les engagements du gouvernement pour un «sport inclusif».

Vous l’avez exprimé à plusieurs reprises, l’homophobie reste une réalité dans le sport. Comment lutter contre ce fléau ?

S’il porte en lui des valeurs universelles d’égalité, le sport demeure malheureusement un univers où les LGBTphobies sont légion sur les terrains comme en dehors, dans le sport amateur comme professionnel. Trop souvent, les discriminations liées à l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie ou encore la transphobie y sont banalisées. L’insulte «PD» reste par exemple très répandue dans les enceintes sportives.

Il reste difficile encore aujourd’hui de vivre sa pratique sereinement, que l’on soit athlète, simple pratiquant ou supporter. Moqueries, insultes, menaces ou rejets demeurent, trop souvent, le quotidien des personnes LGBT+ dans le sport. Je me réjouis que de plus en plus de sportifs se saisissent de cette question en témoignant de leur parcours, qu’ils soient encore en activité ou pas.

Concrètement, que fait le Gouvernement ?

Avec Roxana Maracineanu, ministre des Sports, nous œuvrons pour que le sport soit vecteur de mixité, de citoyenneté et de respect. Sensibiliser et former constituent ainsi les deux piliers que nous avons édictés dans le Plan national d’actions pour l’égalité, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ 2020-2023 que j’ai lancé le 14 octobre 2020. Ce combat pour un «sport inclusif» nécessite aussi l’engagement des associations, chevilles ouvrières indispensables, qui font un travail remarquable sur le terrain et dans les écoles.

Nous avons entre autres lancé le label FIER qui vise à évaluer les fédérations sportives sur leurs politiques et actions pour lutter contre les LGBTphobies. La Ligue nationale de rugby est par exemple force motrice en la matière. Par ailleurs, la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT finance des associations sportives pour favoriser l’inclusion.

Dimanche, je me suis rendue pour la deuxième année consécutive au Forum de rentrée de la Fédération Sportive Gaie et Lesbienne, où j’ai notamment rencontré les réalisateurs et les sportifs du magnifique documentaire «Faut qu’on parle». Astrid Guyart, Céline Dumerc, Amandine Buchard, Kevin Aymoz, Jeremy Stravius et Jeremy Clamy sont des sources d’inspiration pour de nombreux jeunes LGBT+.

Est-il plus difficile de réussir dans le sport de haut niveau pour un athlète LGBT+ ?

Oui, il est plus difficile de s’épanouir dans le sport et d’y réussir lorsque l’on est lesbienne, gay, bisexuel ou transgenre. L’ancien footballeur Ouissem Belgacem décrit cette réalité dans son livre dont le titre, «Adieu ma honte», sonne à la fois comme une libération pour lui et un signal d’alarme pour nous tous.

Son histoire n’est pas isolée. Elle est révélatrice de notre société, d’une homosexualité difficile à assumer, d’une homophobie difficile à dénoncer et d’une omerta depuis trop longtemps éludée, mise sous le tapis. La semaine dernière, je me rendue avec lui dans un lycée à Paris où nous avons échangé avec les jeunes de l’association AGIS. Ouissem a témoigné auprès d’eux de son histoire de manière très pédagogique. C’est aussi de cette façon que l’on fait évoluer notre société, par la transmission.

Aux JO de Tokyo, il y a eu plus de 180 sportifs LGBT+ dont la première transgenre de l’histoire. Pour 2024, allez-vous poursuivre cette lancée ?

Les Jeux de Tokyo ont été les Jeux Olympiques et Paralympiques les plus inclusifs par le nombre d’athlètes gays, lesbiennes, transgenres et même non-binaires qui y ont participé. Ceux de Paris 2024 seront l’occasion de décupler les valeurs d’inclusion véhiculées par le sport. Le 26 juillet 2018, Tony Estanguet, président du Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, a signé une charte d’engagement LGBT+ avec l’association l’Autre Cercle.

J’ai aussi rencontré récemment Michel Cadot, délégué aux Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 qui, aux côtés de Tony Estanguet, prépare les JO les plus inclusifs de l’histoire. Cet immense évènement nous permettra de continuer à faire évoluer les mentalités et accepter chacun pour ce qu’il est tout simplement.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités