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Coupe du monde 2022 : le Qatar refuse la création d'un fonds d'indemnisation pour les travailleurs migrants

Les ONG accusent le Qatar de sous-estimer le nombre de décès survenus sur les chantiers liés à la Coupe du monde, et dénoncent des manquements aux droits humains [GIUSEPPE CACACE / AFP]

Face aux critiques concernant le respect des droits humains sur les chantiers du Mondial 2022, le gouvernement qatari a refusé de créer un fonds d'indemnisation à destination des ouvriers.

La Coupe du monde de football 2022 sera lancée dans un peu plus de deux semaines, et la question du respect des droits humains au sein du pays organisateur, le Qatar, fait toujours débat. Ce mercredi 2 novembre, le ministre qatari du Travail, Ali Ben Samikh Al-Marri, a rejeté l'idée de créer un fonds d'indemnisation pour les travailleurs migrants tués ou blessés sur les chantiers du Mondial.

Cette demande était formulée par des ONG, notamment Human Rights Watch et Amnesty International. Elles accusent le Qatar de sous-estimer le nombre de décès survenus sur les chantiers liés à la Coupe du monde, et dénoncent des manquements aux droits humains. Notamment ceux des travailleurs venus d'Asie et d'Afrique dans les secteurs de la construction, de la sécurité, de l'hôtellerie et du travail domestique.

Dans un rapport rendu public en mai, Amnesty International avait estimé que la Fifa devrait réserver un montant minimum de 420 millions d'euros, pour donner réparation aux centaines de milliers d'ouvriers migrants ayant subi des violations des droits humains lors des préparatifs pour la Coupe du monde 2022.

A la mi-octobre, l'instance dirigeante du football avait fait savoir qu'un dialogue était «en cours» à ce sujet. Mais, ce mercredi, Ali Ben Samikh Al-Marri a affirmé qu'un tel fonds de compensation n'était pas réalisable.

Le ministre qatari du Travail va jusqu'à qualifier la mobilisation des ONG de «coup de communication». «Chaque mort est une tragédie (mais) il n'y a pas de critères pour établir ce fonds», a-t-il déclaré. «Où sont les victimes ? Avez-vous les noms ?»

Un rapport de l'Organisation internationale du travail

Rappelant que son pays a mis en place en 2018 un fonds d'indemnisation pour les travailleurs ne percevant pas leur salaire, Ali Ben Samikh Al-Marri a assuré que 320 millions d'euros ont été versés à ce titre, rien qu'en 2022. «Si une personne ayant droit à une indemnisation ne l'a pas reçue, qu'elle se manifeste et nous l'aiderons», a-t-il ajouté.

Le ministre estime que les critiques et inquiétudes formulées à l'égard du Qatar en tant qu'organisateur du Mondial visent à «discréditer» son pays. Il accuse certains hommes politiques étrangers de faire du Qatar «une arène pour résoudre leurs propres problèmes politiques».

Ali Ben Samikh Al-Marri se dit aussi convaincu que certaines des critiques visant le Qatar sont «motivées par le racisme». Evoquant ses détracteurs, il a affirmé : «Ils ne veulent pas permettre à un petit pays, un pays arabe, un pays musulman, d'organiser la Coupe du monde».

Officiellement, il y a eu trois décès dans les huit stades du Mondial. Un rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT), qui a un bureau à Doha, a toutefois conclu que 50 travailleurs étaient morts dans des accidents du travail en 2020 et que 500 autres avaient été blessés gravement. L'OIT a noté des lacunes dans le système d'enquête et de recensement des décès, et indiqué que leur nombre pourrait être plus élevé. 

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