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Le loup, un mangeur d’homme ?

Un loup[CC/GIPE25]

Le loup, qui est devenu aujourd’hui un animal menacé, a fasciné et terrorisé pendant des siècles l’humanité tout en demeurant chargé de puissants symboles. Est-il pour autant le mangeur d'hommes, le diable, comme on pouvait le croire autrefois ? 

 

Archives – Article publié le mercredi 9 décembre 2009

 

Il est garou, méchant, diabolique, ennemi du genre humain, cruel avec l’agneau, le chien et le berger ; et pourtant il est aussi à l’origine, sous les traits d’une louve, de Rome, dont il nourrit le fondateur Romulus et son jumeau Remus. Etrange ambivalence de Messire Loup, à la fois considéré comme destructeur et bâtisseur.

Ysengrin, animal roi des forêts septentrionales, de la Sibérie à l’Europe, a envahi depuis des millénaires les imaginaires et fonde généralement les mythologies païennes de toutes les cultures qui s’y sont succédé. Du Verwölf, loup d’origine germanique, à la louve élevant au bord du Tibre les enfants de Rhea Silvia, qui accoucheront de la première civilisation de l’univers, cette figure est omniprésente, plus que celle d’aucun autre animal, à l’exception peut-être de l’ours, son grand rival européen.

 

Imaginaire païen

Haï ou admiré, le canis lupus est, dans tous les cas, craint. C’est cette frayeur qui fonde tous les rapports, si divers puissent-ils être, qui se sont noués avec lui par les différents âges. L’époque païenne, romaine ou barbare, qui réservait en général la cruauté aux seuls êtres humains (si l’on fait abstraction des absurdes jeux du cirque où l’on opposait bêtes féroces à bêtes féroces) fut plutôt amène et clémente avec le loup. Elle le confina aux forêts, nombreuses alors en Europe, et la cohabitation avec l’homme se déroulait sans problème majeur.

Pour le christianisme, en revanche, l’idée est plus complexe : sans que la religion, qui donna au monde un saint François d’Assise – qui, dit-on, parlait au loup de Gubbio –, le persécutât, elle fut bien obligée d'admettre que le paganisme avait déposé une bonne partie de ses fantasmes et de sa sorcellerie dans la figure du loup. En quoi l’Eglise catholique le combattra comme une image démoniaque.

Et dans la culture populaire, de Charles Perrault (Le petit chaperon rouge) à Sergueï Prokoviev (Pierre et le loup), en passant par Alfred de Vigny (La mort du loup) ou Alphonse Daudet (Le chèvre de monsieur Seguin), le loup est un personnage à part entière, symbole de la mort, reflet de la fragilité humaine, mais aussi d’érotisme et de séduction.

 

La fin d’un mythe

Mais ce qui causera le recul du loup et de sa fascination, c’est le défrichement des campagnes, du Moyen Age au XIXe siècle. Disparu en France, il est revenu il y a quelques années par l’Italie et peut-être bientôt par l’Espagne, non sans susciter l’inquiétude ou le courroux des bergers, insensibles aux charmes de la biodiversité et soucieux de préserver leurs cheptels des prédateurs. Nous avons transféré sur le loup, victime de sa ressemblance trop frappante avec nous-mêmes, notre propre cruauté, oubliant que sa naturelle sauvagerie le préservait, lui, de la perversion des «trop civilisés». « Homo homini lupus » (« l’homme est un loup pour l’homme »).

 

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