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Netflix : que vaut le film «The Irishman» de Martin Scorsese ?

Disponible en exclusivité sur Netflix, «The Irishman» de Martin Scorsese a raflé dix nominations aux Oscars 2020. Un grand moment de cinéma d’une durée de trois heures trente (tout de même), qui démontre que le réalisateur de «Casino» n’a rien perdu de sa superbe.

La plate-forme a déjà frappé fort avec «Roma» d’Alfonso Cuaron, qui a remporté en février 2019, trois Oscars, dont celui du meilleur réalisateur. Et elle fait de nouveau sensation avec cette production qui aurait coûtée la modique somme de 160 millions de dollars (environ 145 millions d'euros).

Adapté du livre labyrinthique «J'ai tué Jimmy Hoffa» de Charles Brandt, ce film fleuve s’ouvre sur un magnifique et long plan-séquence, tourné dans une maison de retraite, qui emmène les téléspectateurs à la rencontre de Frank «The Irishman» Sheeran (Robert de Niro). Un septuagénaire qui, en attendant la faucheuse, fait le bilan de sa vie, et revient plus particulièrement sur ses années où il travaillait comme homme de main de Jimmy Hoffa (Al Pacino), patron des syndicats des conducteurs routiers mort dans des conditions mystérieuses en 1975, et dont le cadavre n’a jamais été retrouvé. Une plongée au cœur de la mafia initiée par sa rencontre avec le parrain local, Russell Bufalino, dit «Quiet Don» (Joe Pesci).  

La durée du film pourra en effrayer certains. Mais qu’ils se rassurent, «The Irishman» est un petit bijou servi par un trio d'acteurs au sommet de leur art. Le récit qui balaye plusieurs décennies et effectue des va-et-vient incessants dans le temps, signe les retrouvailles - et ainsi la 9e collaboration - entre Martin Scorsese et Robert de Niro, vingt-quatre ans après l’inoubliable «Casino». On ne cache pas non plus la joie de revoir Joe Pesci sur grand écran, lui qu'il a fallu convaincre de sortir de sa retraite. Et ce casting étoilé peut aussi se targuer d'accueillir Al Pacino qui, s'il avait déjà joué avec Robert de Niro dans «Heat» de Michael Mann en 1995, n'avait jamais été dirigé par le maître Scorsese.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

A special evening at @chinesetheatres.

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Dans «The Irishman», chaque mouvement de caméra ou, au contraire, l’absence de mouvement, est parfaitement maîtrisé par «Marty». Tout comme le montage exécuté d’une main de maître par sa complice Thelma Schoonmaker. Ce gamin qui a grandi à Little Italy et n’a cessé de rendre compte de sa fascination pour les gangsters tout au long de sa carrière, signe là une fresque qui dépasse le cadre de la pègre, pour s’intéresser à tout un pan de l’histoire américaine, gangrénée par la corruption et le crime organisé.

«Le film parle de loyauté, d'amour, de confiance et, finalement, de trahison. (…) C'est un peu comme une pièce à huis clos. L'histoire comporte de l'action et de l'excitation et tout le reste. Il a plusieurs niveaux, cela forme une grande toile», explique Martin Scorsese dans les notes de production. Et la violence est toujours présente, même si elle apparaît plus mesurée que dans certains de ses précédents longs-métrages.

Seule légère ombre au tableau, le recours à une technologie révolutionnaire pour rajeunir les personnages développée par Industrial Light & Magic, qui n'est autre que la société créée par George Lucas. Si les rides sont gommées sur le visage, le corps, lui, ne trompe pas et trahit parfois l'usure du temps.

ti_ks_054_5dd6b715525f4.jpg© Netflix

Alors qu'il sort au cinéma en Angleterre et aux Etats-Unis, «The Irishman» n'a en revanche pas été projeté dans les salles obscures en France pour «des raisons légales». Il faut donc s’abonner à Netflix si l’on souhaite découvrir cette nouvelle pépite signée Martin Scorsese, qui entre donc dans la course aux Oscars. La cérémonie se déroulera le 9 février, à Los Angeles.

Très attaché à la salle de cinéma, le réalisateur italo-américain de 77 ans se félicite néanmoins de sa collaboration avec Netflix, laquelle a accepté de produire son projet vieux de vingt ans. Accusé par certains d'avoir pactisé avec le diable en signant avec le géant de la vidéo en ligne, il s'en défend et a récemment critiqué les productions Marvel les qualifiant de «parcs d'attractions», avant de nuancer en expliquant qu'il s'agit d'«une nouvelle forme d'art».

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