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L'édito de Florian Tardif : «Éric Zemmour vu par la presse étrangère»

Dans son édito de ce mercredi 20 octobre, Florian Tardif revient sur la candidature potentielle d'Éric Zemmour et sur la perception qu'en ont les médias étrangers. S'agit-il du «Donald Trump français»?

Si la couverture médiatique d’Éric Zemmour dans les autres pays du monde n’est pas comparable à celle dont il bénéficie actuellement en France, il intrigue de plus en plus les médias étrangers. «Star de télévision», «écrivain à succès», «Trump français», nos voisins ne manquent pas de qualificatifs pour décrire le phénomène Zemmour. Phénomène qui selon, mes confrères étrangers bousculent le jeu politique en France.

Il faut dire qu’Éric Zemmour a réussi à dépasser chacun de ses concurrents potentiels, excepté Emmanuel Macron, dans les sondages, en l’espace d’un mois seulement, décrit le Financial Times. Cela ne s’était jamais produit en France, si bien que le quotidien italien Corriere della Serra compare le phénomène Zemmour à un «cyclone qui frappe l'élection présidentielle française». D'après nos confrères italiens, le polémiste éclipse actuellement le reste de la sphère politique française.

Cette impression est partagée par de nombreux médias, qui mettent l’accent notamment sur les conséquences pour Marine Le Pen d’une candidature Zemmour. «Pendant plus de 35 ans l’extrême droite française se résumait au nom de Le Pen, il faut à présent compter sur celui de Zemmour, Éric Zemmour» expliquait, il y a quelques jours un journaliste de la BBC.

Cependant aucun média n’arrive concrètement à expliquer la dynamique actuelle autour de sa candidature putative. Comment quelqu’un qui n’a «ni programme, ni parti» peut être considéré comme le candidat le plus important en France, s’interroge ainsi un confrère du journal allemand Die Zeit. Plusieurs hypothèses sont tout de même émises par nos confrères. Ainsi dans les colonnes du Financial Times, on peut lire : «les sondages montraient que les électeurs ne souhaitaient pas d’un duel Macron/Le Pen», comme la France l’a connu en 2017. Aussitôt qu’un nouveau candidat émerge, le terrain lui est plus favorable » d’où cette dynamique, selon eux, autour de la candidature putative de l’écrivain.

Concrètement, Éric Zemmour incarne une figure contestataire de la société civile qui fédère les colères autour d’elle de citoyens qui ne se sentent plus représentés par les responsables actuels. Ainsi, dans les médias anglo-saxons, et plus particulièrement Outre-Atlantique, nombreux sont ceux à comparer son émergence dans le débat politique avec celle de Donald Trump, aux Etats-Unis lors de la campagne de 2016. La comparaison ne déplait pas au polémiste qui l’alimente même. Les journalistes du New York Times s’intéressant au phénomène Zemmour en France l’ont contacté en amont d’un papier sur sa candidature potentielle. Éric Zemmour lui aurait expliquait lors d’un brief entretien téléphonique que la couverture de son ouvrage «La France n’a pas dit son dernier mot» était un clin d’oeil au livre de Donald Trump «Great Again» sorti en 2015 et présentant les grandes lignes de son programme.

On connait la suite de l’histoire. Il est donc parfois décrit comme «le Donald Trump français» à l’étranger. Alors, bien évidemment, on peut voir en la candidature putative d’Éric Zemmour de nombreuses similitudes avec celles de Donald Trump à l’époque. Je suis loin d’être le premier à en parler. Ni les politiques, ni les médias ne prenaient aux sérieux l’intention du magnat de l’immobilier de se présenter à la présidentielle américaine. De plus, tous deux ont construit leur campagne, puisqu’il ne fait plus guère de doute qu’Éric Zemmour est en campagne, sur l’identité et la souveraineté nationale. Ces similitudes sont largement commentées par les observateurs étrangers, et parfois même ici, en France.

Cependant, selon moi, il existe deux différences majeures entre Éric Zemmour et Donald Trump. La première concerne la rhétorique utilisée par les deux hommes. Si Donald Trump utilisait un langage simple, parfois grossier, durant sa campagne, Éric Zemmour, lui, s’appuie sur son bagage intellectuel et littéraire lorsqu’il s’exprime, qu’il soit face à des opposants politiques, à des journalistes ou simplement face à ces sympathisants. La seconde est plus structurelle ou organisationnelle : l'un a pu bénéficier, in fine, du soutien de son parti : les Républicains pour Donald Trump, ainsi que des financements de ce dernier. L’autre, s’il s’engage dans la course à la présidentielle devra la mener sans cet outil politique.

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