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Invectives, insultes, menaces... comment la violence dans le débat politique s'explique-t-elle ?

Alors que la campagne présidentielle bat son plein, les invectives entre politiques se multiplient, parfois même jusqu’à l’outrance.

Mais si ces rhétoriques virulentes ont existé dans le passé, comment en sommes-nous arrivés une telle exacerbation ? Quelles responsabilités ont les politiques dans leurs prises de parole ?

«La violence dans le débat politique prend ses racines dans l’essence même de l’exercice politique qui a toujours été violent», rappelle tout d'abord à CNEWS Carbon de Seze.

Et l'avocat pénaliste de citer : «la haute antiquité, où il n'y a que des scènes de violence et dans laquelle tous les héros politiques ne passent que par des phases de violence».

Pour cet homme de loi, responsable de la commission ouverte Droits de l’Homme du barreau de Paris, il faudrait dans ce contexte «peut-être davantage s’interroger sur la nature de cette violence plutôt que sur ses causes».

Aussi, «est-ce que la violence sociale nourrit la violence politique ou est-ce la violence politique qui inspire la violence sociale ?», s'interroge Carbon de Seze.

De la société du spectacle à la société du buzz

La députée Les Républicains des Hauts-de-Seine Constance Le Grip soulève de son côté une explication davantage sociétale à cette violence actuelle en politique.

Invoquant «La société du spectacle», le célèbre essai du sociologue Guy Debord, publié fin 1967 et qui connut un fort retentissement notamment pour avoir fourni les armes théoriques aux événements de mai 1968, elle perçoit dans cette dénonciation faite par l'ouvrage des mécanismes d’aliénation, un phénomène de masse qui n’a fait que s’empirer aujourd’hui, notamment par l’influence des réseaux sociaux.

Ces outils, Twitter en tête mais pas seulement, constituent une formidable caisse de résonance mais démontrent dans le même temps qu'ils reposent essentiellement sur l'insulte et l'indignation.

Débat et raison contre pulsions

Parler toujours plus fort constitue-t-il pour autant la bonne stratégie pour se faire entendre et qui plus est en politique ? Pas si sûr pour Carbon de Seze : «Celui qui dans l’arène va tenir un discours construit va craindre d’être inaudible. Je crains qu’ils opèrent là un mauvais pari. Car parier sur l’intelligence d’autrui n’est jamais un échec», analyse-t-il.

En définitive, le véritable danger est lorsque cette violence verbale des politiques, supposée ou réelle, se transforme en violence physique à leur encontre. La gifle infligée au président de la République lors d’un de ses déplacements dans la Drôme en juin 2021, en constitue assurément l'un des exemples récents les plus éclatants.

«Une gifle est un acte violent mais aussi et surtout un acte humiliant (…) Ca veut dire que ce citoyen là est profondément convaincu que seule la violence politique peut véhiculer sa conviction et non en débattant avec le chef de l’Etat», regrette Carbon de Seze.

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