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Qui sont les «Barjols», ces membres de l'ultradroite jugés pour un projet d'attaque contre Emmanuel Macron ?

La fin du procès est prévue le 3 février. [Emmanuel DUNAND / AFP]

Treize personnes affiliées au groupuscule d'ultradroite des Barjols comparaissent ce mardi 17 janvier à Paris. Elles sont soupçonnées d'avoir préparé une série d'actions violentes dont un projet d'attaque contre Emmanuel Macron en 2018.

Ils vont devoir s'expliquer. Onze hommes et deux femmes sont jugés à partir de ce mardi, devant le tribunal correctionnel de Paris, pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme». Le groupe de treize personnes est soupçonné d'avoir voulu tué le président Emmanuel Macron, en 2018, lors de sa visite à Charleville-Mézières (Ardennes), en pleine tournée de commémoration de la Grande Guerre. Le point sur l'affaire.

un groupe d'ultra-droite fondé après l'élection d'Emmanuel Macron

Les «Barjols» forment un groupe d'ultra-droite créé en septembre 2017, peu après l'élection d'Emmanuel Macron. Leurs membres communiquaient sur un groupe Facebook du même nom, allusion au surnom donné aux légionnaires à leur ­arrivée au Mali.

L'Isérois Jean-Pierre Bouyer, un ancien négociant en bois au Gabon, était l'un des responsables du groupe. Le retraité se servait du réseau social pour appeler à la sédition et lancer des appels au recrutement.  «Je cherche des patriotes, des vrais, pas des figurants, mais des personnes qui désirent donner d’eux-mêmes pour ce pays», écrivait-il le 3 septembre 2018.

A l'époque, la page Facebook de ce père de deux enfants s'ouvrait sur un photomontage montrant Jeanne d'Arc, épée à la main, sous les traits de l'ex-députée FN Marion Maréchal. En préambule, il indiquait : «mon défaut : être français ; mon combat : la liberté, la justice». Ses propos sur la plate-forme sont violents et visent particulièrement le chef de l'Etat, qualifié de «petit dictateur hystérique».

un projet d'attaque contre Emmanuel Macron

Fin 2018, le renseignement intérieur reçoit des informations selon lesquelles Jean-Pierre Bouyer envisagerait de s'en prendre à Emmanuel Macron à l'occasion des commémorations de l’armistice prévues début novembre dans l'est de la France. Le climat social est alors en ébullition et préfigure le mouvement des «gilets jaunes».

Une enquête antiterroriste est ouverte le 31 octobre. Le 6 novembre, les forces de l'ordre passent à l'action. Jean-Pierre Bouyer, âgé alors de 62 ans, est interpellé avec trois autres hommes alors qu'ils se rendent au domicile de l'un d'eux en Moselle. Dans la Peugeot 406 du suspect sont retrouvés un poignard de type «commando» et un gilet militaire. Des armes à feu et des munitions sont saisies à son domicile.

Lors d'une garde à vue, Jean-Pierre Bouyer confie avoir voulu «tuer Macron» et suggéré à un de ses coprévenus, désireux de passer à l'action lors d'un «bain de foule», d'utiliser une lame en céramique indétectable. Des propos qu'il qualifiera par la suite de simples mots. «Il admet que cela a pu être un sujet de discussion mais assure que cela n'a jamais été plus que cela», indique à l'AFP son avocate Olivia Ronen, qui regrette que l'enquête ait «"oublié" de replacer» les propos anti-Macron de son client «dans le contexte de l'époque».

d'autres actions violentes en préparation

Après Jean-Pierre Bouyer, les enquêteurs procédent à d'autres interpellations dans la mouvance des «Barjols». Cadre du groupe, Denis Collinet, 63 ans, est arrêté en mars 2020. Cet adepte de la théorie du «grand remplacement» organisait des réunions secrètes. L'une d'elles, près de Vigy (Moselle), réunira huit des prévenus et constituera selon les enquêteurs le «point d'orgue» de la préparation d'actions violentes, parmi lesquelles faire «sauter» des mosquées ou tuer le chef de l'Etat.

Des projets d'enlèvement de députés ainsi qu'un putsch sont également évoqués lors de ces réunions, au cours desquelles les participants s'entraînent au tir ou au secourisme. «Il est établi que les projets d'actions violentes conçus par les membres du groupe des Barjols (...) visaient exclusivement à troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur», ont conclu les magistrats instructeurs. 

Un dossier moins lourd que prévu ?

Aucun de ces projets n'a toutefois connu de début d'exécution et, après quatre ans d'enquête, l'ampleur du dossier a été revue à la baisse : la qualification criminelle, retenue initialement, a été abandonnée au profit du délit d'association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme, passible de dix ans d'emprisonnement.

La défense y voit le signe d'un dossier fragile, bâti sur la «fiction d'un passage à l'action violente» et sur une «caractérisation terroriste totalement abusive», selon la formule de Me Lucile Collot.

Selon un autre avocat de la défense, Me Gabriel Dumenil, les prévenus partagent une «vision contestataire du gouvernement» et des propos «parfois extrêmes». «Mais cela traduit-il une volonté de passer à l’acte et d'attenter à la vie du chef de l’Etat ? Non». La fin du procès est prévue le 3 février.

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