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Libération des deux otages français : une progression nocturne, à découvert

A découvert et de nuit, sur un terrain dénudé, les commandos français se sont glissés en silence jusqu'aux abris où les ravisseurs gardaient les otages français dans le nord du Burkina Faso. Surprise : il y en avait quatre.

Le chef d'état-major français, le général François Lecointre, a relaté vendredi, avec beaucoup de détails et presqu'autant d'ellipses, l'opération «d'une très grande complexité» conduite par les forces spéciales françaises dans le nord du Burkina Faso pour récupérer les deux touristes enlevés le 1er mai au Bénin et, avec eux, une Coréenne et une Américaine détenues selon lui «depuis 28 jours», dont personne n'avait connaissance.

Dès l'annonce de la disparition des deux Français dans le nord du Bénin, les forces spéciales de l'opération Barkhane déployées au Mali voisin ont recueilli des renseignements qui, lors d'une «opération discrète le 7 mai» - dont il n'a pas précisé la nature - leur ont permis d'établir «une traque très précise des ravisseurs sur un espace qui représente plus de la moitié de la France», a-t-il relaté devant la presse.

Mais il fallait attendre que les ravisseurs et leurs proies, qui se dirigeaient à travers le Burkina Faso vers la frontière malienne, fassent une halte pour pouvoir intervenir.

C'est chose faite «dans l'après-midi d'hier» (jeudi) : «Les ravisseurs ont fait une halte en territoire burkinabè» et c'était, selon le général Lecointre, «sans doute la dernière opportunité qui se présentait de pouvoir monter une opération» avant le transfert des otages au Mali.

« Distances extrêmes »

Une fois l'opération définie et précisée, elle est présentée et validée par le président de la République : ordre est donné de la lancer. Dès lors d'importants moyens dont «un poste médical avancé et plusieurs hélicoptères en vue d'une évacuation de blessés, ainsi que des moyens logistiques pour permettre un ravitaillement des commandos sur des distances extrêmes» sont prépositionnés dans la zone d'intervention avec le soutien logistique des forces burkinabès.

Le cadre planté, les commandos en place entament leur «infiltration jusqu'à arriver à proximité de l'objectif, quatre abris en zone découverte» : la vingtaine d'hommes des Forces spéciales progressent comme des chats, «dans la nuit noire sur 200 m, dans un silence absolu malgré la présence d'une sentinelle».

Ce n'est qu'à une dizaine de mètres des abris que les commandos «entendent les ravisseurs armer leurs armes : ils décident alors de monter à l'assaut sans ouvrir le feu, pour ne pas provoquer de pertes chez les otages ou les familles des terroristes» éventuellement présentes, poursuit le général Lecointre.

C'est alors qu'ils «rentrent dans deux de ces abris» que les deux membres des commandos de marine Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello «sont tués à très courte distance par deux des ravisseurs».

Une opération «remarquable»

Profondément ému par la perte de ses frères d'armes, le chef d'état-major a insisté sur le caractère «remarquable» de cette opération, «par son montage et par la saisie d'opportunité» mais aussi par son «audace» qui a permis de saisir une «occasion qui se présentait maintenant, et ne se représenterait sans doute pas le lendemain» - quand le groupe aurait gagné le Mali.

Le général Lecointre a cependant laissé un certain nombre de zones d'ombre sans la moindre intention de les éclairer, à la fois sur les moyens logistiques engagés et sur la façon dont le commando infiltré avait pu se rapprocher de la zone d'intervention.

Il a de même assuré ignorer où se trouvaient les otages libérés vendredi soir, rappelant qu'ils seront accueillis samedi par le président Emmanuel Macron.

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