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Plus de 9 sites porno sur 10 partagent vos données intimes avec des tiers

Des données récoltées à des fins de publicité mais qui font craindre un réel danger. [LIONEL BONAVENTURE / AFP].

Aller sur un site coquin relève de la vie la plus privée qui soit, mais cette intimité est-elle vraiment respectée ? A en croire une récente étude, la réponse est non et cela à une écrasante majorité puisque 93 % des sites porno partagent les données privées de leurs utilisateurs à des tiers.

Tel est le résultat, sans appel, d'une enquête de chercheurs composée d'Elena Maris de Microsoft, Timothy Libert de la Carnegie Melon University, et Jennifer Henrichsen de l’Université de Pennsylvanie qui ont passé 22.484 sites au scanner.

Pire, parmi tous ces tiers qui accèdent aux données des utilisateurs, 89 % le font de manière détournée, grâce à des trackers dissimulés dans le code source du site en question, ou à l’aide de technologies permettant de surveiller secrètement le comportement des internautes.

Par ailleurs, 74% des sites web examinés contiennent des scripts liés à Google, 40 % à exoClick, 24 % à Oracle, 11 % à JuicyAds et 10 % à Facebook.

Dans ce contexte, rien de surprenant à ce que les données personnelles soient essentiellement partagées à des fins de ciblage publicitaire.

Mais le problème est que les internautes ne souhaitent pas nécessairement recevoir de publicités en lien avec leurs préférences sexuelles et leurs habitudes de consommation de contenu porno, sans parler du fait que leurs données sont récoltées sans leur consentement. 

«TOUTE PERSONNE EST EN DANGER»

Surtout, le plus préoccupant est le fait que le danger devient énorme si ces données tombent entre les mains de gouvernements qui interdisent telle ou telle pratique sexuelle.

En ayant accès à ces informations, un Etat dans lequel, par exemple, l'homosexualité est interdite pourrait ainsi s'en servir pour réprimer cette population.

«Toute personne est en danger lorsque ces données sont accessibles sans son consentement et qu’elles peuvent être utilisées contre eux. Nous pensons que ces risques sont accrus pour les populations vulnérables dont l’utilisation du porno pourrait être qualifiée de contraire à leur vie publique», résument ainsi les auteurs de l'étude.

La navigation privée ne met pas les internautes à l'abri

Enfin, beaucoup d’internautes pensent que consulter ces sites en navigation privée les préserve du pillage de leurs données. Grave erreur.

Les chercheurs précisent en effet que ce mode est conçu pour éviter de laisser des traces dans l’historique du navigateur et non pour empêcher le tracking de données.

Dans ces conditions, les spécialistes recommandent plutôt d’investir dans un ad blocker (un bloqueur de publicités, ndrl) ou toute autre technologie similaire à même de se protéger contre ces pratiques de tracking.

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