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Panos Panay (Microsoft) : «aujourd'hui, la place des PC est encore plus importante qu'elle ne l'a jamais été»

Panos Panay, responsable produits chez Microsoft, était à Paris le 17 octobre. [© Julien Hay/Microsoft]

Valorisé en septembre dernier à hauteur de plus de 1.000 milliards de dollars par la bourse de Wall Street, Microsoft est aujourd'hui redevenue l'une des entreprises les plus importantes au monde. Et la présentation de sa nouvelle gamme de produits Surface devrait contribuer à sa croissance.

La venue de Panos Panay, jeudi 17 octobre à Paris, pour lancer de nouveaux appareils en France était tout un symbole pour la firme américaine qui reconquiert des parts de marché en Europe. CNews est allé à la rencontre du responsable produits de Microsoft, surnommé par les médias américains comme le «Steve Jobs» de la firme de Redmond. L'homme y présentait les nouveaux ordinateurs personnels que sont les Surface Pro 7 (une tablette hybride), le Surface Laptop 3 (un PC portable design) et le Surface Pro X (Un PC/tablette hybride haut de gamme et ultrafin).

Au début des années 2010, certains prédisaient la mort du PC au profit du smartphone. Mais aujourd’hui, le PC est encore très présent dans les foyers et les bureaux. Selon vous, pourquoi est-il encore irremplaçable ?

Panos Panay : C’est une très bonne question. Même lorsque j’ai commencé à travailler sur la gamme Surface (NDR : au début de la décennie), on me disait « vous savez, on ne sait pas si le PC aura encore du succès dans les prochaines années ». Mais pour moi, le problème n’était pas la technologie, le problème est d’abord de savoir ce que les gens ont besoin de faire et non de savoir quelle technologie va remplacer une autre. Il s’agit d’aider les gens à faire ce qu’ils veulent. Si de nouveaux besoins sont créés ou sont demandés, à mesure que le monde change, il faut les accompagner. C’est une chose.

En outre, il y a quelque chose qui est dans l’ADN de Microsoft, une chose que nous avons apprise durant les trente dernières années autour des PC : c’est d’intégrer comment nous interagissons, comment nous communiquons, comment nous pensons, comment nous pouvons devenir plus productifs. Je pense qu’à un moment donné le PC est devenu, d’une certaine manière, le bon produit. Celui qui est devenu le plus parlant pour tout le monde.

Aujourd’hui, on se rend compte qu’on peut être productif sur un téléphone. Mais lorsque vous voulez être réellement créatif ou productif, on se tourne vers un certain format, même si c’est différent selon les générations d’ailleurs. Cela ne changera pas pour encore très longtemps. Il y aura bien sûr de nouveaux formats, de nouvelles façons de créer, comme avec la réalité augmentée ou virtuelle, ou d’autres types d’ordinateurs hybrides. Cela montre qu’il y a différentes manières de travailler. Mais vous souligniez cette prévision faites en 2010 autour des PC et aujourd’hui, neuf ans plus tard, la place des PC est encore plus importante qu’elle ne l’a jamais été.

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Vous présentez une nouvelle gamme Surface pour cette fin d’année. Comment la définiriez-vous ?

Nous avons tout simplement un appareil pour chacun. Quand nous avions lancé la gamme Surface en 2012, nous n’avions qu’un appareil. Au fil des années, la gamme a évolué. Aujourd’hui, nous présentons un laptop de 15 pouces un autre de 13, certains avec des processeurs Intel d’autres avec AMD, vous avez les Surface Book, les Surface Go, Surface Studio, Surface Pro 7 et Surface Pro X. Si vous prêtez attention à cette liste, peu importe qui vous êtes, il y a un produit pour vous. C’était au départ l’un de nos rêves, quelque chose d’important pour Satya Nadella (patron de Microsoft), pour notre groupe et pour notre marché : il fallait s’assurer qu’il y ait du choix pour tout un chacun.

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© Julien Hay/Microsoft

La finesse des produits semble avoir guidé le design de cette gamme 2019. Pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes arrivé à ce résultat, notamment autour de la Surface Pro X ?

Nous avons opté pour un processeur, le Microsoft SQ1, qui nous permette d’avoir un produit qui dépasse à peine les 7 mm d’épaisseur, pour inspirer la finesse et donner un aspect très moderne. Le produit est d’ailleurs bien équilibré, qu’on le tienne verticalement comme une tablette ou horizontalement. Il s’agit d’un ordinateur très puissant (2 teraflops). Nous avons misé sur un écran bord à bord de 13 pouces dans un châssis qui ne passerait pas celui d’un ordinateur 12 pouces. Tout ça est dû au processeur qui nous permet d’étirer l’écran et d’utiliser une batterie plus compacte et fine. Et nous avons dissimulé le stylet dans le clavier pour ne pas le perdre.

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De quel détail êtes-vous le plus fier sur cette gamme ?

Nous avons imaginé des produits élégants. Il faut savoir que 90 % de l’équipe originale qui imaginait les premiers produits Surface il y a neuf ans est encore là, car ils aiment ce qu’ils font. L’idée est de penser au moindre détail. Nous avons compris comment imaginer de beaux produits, mais à chaque fois nous nous demandons comment atteindre la perfection pour certains points. Nous avons doublé la performance du Pro 7, par rapport au Pro 6, mais nous n’avons rien sacrifié. Pour le Laptop 3 version metal, nous nous sommes assurés qu’il n’y ait aucune ligne ou coupe, ni trous qui viennent nuire à l’harmonie de son design, qu’il soit ouvert ou fermé. C’est un détail dont je suis très fier.

Vous avez choisi d’imaginer le futur autour de produits à double écran, avec les produits Surface Neo et Duo qui seront lancés en fin d’année prochaine. Comment les avez-vous conçus ? Et pourquoi ne pas miser sur la technologie des écrans flexibles comme le fait Samsung pour son Galaxy Fold ?

Cette architecture à double écran est sans doute la plus importante que nous puissions concevoir pour la productivité. Ce n’est pas juste différent. Il y a un véritable bénéfice pour les cas d’usages pour devenir plus productif. En mettant deux écrans l’un à côté de l’autre, c’est incroyable. Nous avons développé ces produits depuis plus de trois ans et tous deux en même temps. C’est un challenge. Et nous croyons fermement que ce sera une architecture que les gens utiliseront. Nous devions le faire.

Prenez l’exemple du Surface Neo. Lorsque vous l’ouvrez, le double écran permet de profiter d’une image de 13 pouces, soit la même dimension que le Surface Pro X, et croyez-moi ce n’est pas un accident. Lorsque vous faites pivoter les deux écrans de la verticale vers l’horizontale, alors que vous utilisez deux applications différentes, tout s’adapte à votre geste. Ceci est différent lorsque vous utilisez un écran flexible il n’y a que deux positions. Avec Neo et Duo, il y en a plusieurs. Vous pouvez n’utiliser qu’un écran ou les deux ensemble, mais aussi le faire pivoter pour utiliser l’écran du bas comme un clavier, ou encore utiliser les écrans de chaque face en l’ouvrant à 360 °… Ceci n’est pas possible avec un écran flexible. Cela ouvre vers plus de productivité.

Ces produits seront-ils encore amenés à évoluer ?

Oui, à 100 %. Lorsqu’on conçoit le premier produit d’une gamme, comme les Neo et Duo, nous avons toujours une vision qui nous permet d’estimer comment sera leur troisième génération. Le challenge est toujours de savoir ce qu’on fera du produit dans plusieurs années. Si vous ne le faîtes pas, c'est que ce que vous concevez sera un échec.

Comment allez-vous intégré Windows 10X au Surface Neo ? Avez-vous déjà des exemples à nous donner de nouvelles interactions qui naîtront de l’usage de deux écrans ?

Nous n’avons pas imaginé l’OS et l’appareil à part, mais évidemment en même temps. C’est comme un opéra. Tout doit être parfait, dans les ballets chaque mouvement doit être en adéquation parfaite avec la musique. Le hardware et le software doit faire cela pour Neo. Nous avons pensé à des interactions naturelles pour que les informations soient réparties entre les deux écrans. L’idée est ici d’étendre toutes les fonctions de Windows 10 classique vers ce nouveau design à double écran.

L’arrivé du Surface Duo marque aussi votre retour sur le marché des smartphones. Pourquoi avez-vous choisi d’utiliser le système Android de Google ?

Il y a deux choses que je retiens de Duo. D’abord l’idée de rester très productif, par exemple en utilisant le second écran comme un clavier, à la manière d’un laptop.

Pourquoi Android ? Comme je le disais plutôt, nous pensons d’abord à ce qui est le bon produit pour les clients, qu’utilisent-ils aujourd’hui, quelles sont leurs habitudes ? Il existe aujourd’hui des centaines de milliers d’applications sur Android ou iOS. Si Neo, qui propose deux écrans beaucoup plus grands, se doit de fonctionner sous Windows, il n’en est pas de même pour Duo, car les gens ont besoin d’accéder à des applications. Nous allons donc combiner le meilleur de Microsoft et d’Android. C’est très important et notre partenariat avec Google se passe très bien.

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