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Bitcoin : Que pourrait-on acheter si la France en faisait une monnaie légale ?

Depuis le 7 septembre, le Salvador est le premier pays à avoir reconnu le bitcoin comme monnaie légale. [© Art Rachen/Unsplash]

Depuis le 7 septembre, le Salvador est le premier pays à avoir reconnu le bitcoin comme monnaie légale. Une adoption qui a bouleversé son économie. Mais que se passerait-il si la France suivait ce modèle ?

Les habitants du Salvador peuvent en effet légalement faire valoir leurs bitcoins auprès des commerces et des services. Car le pays a choisi de se mettre à l'heure des cryptomonnaies et principalement du bitcoin, seule devise électronique officielle reconnue par l'Etat. Une nation qui sera également scrutée de près par les analystes puisque les solutions utilisées par le Salvador font ici figure d'expérimentation à grande échelle et pourraient inspirer les pays qui basculeront dans le monde des cryptomonnaies. Alors que le projet d'un euro électronique est sur la table au sein de l'UE, voici l'avenir monétaire qui pourrait nous attendre.

Comment payer en bitcoin ?

Pour détenir des bitcoins, encore faut-il posséder un portefeuille électronique dédié. Celui-ci permet en effet de se connecter à la blockchain qui, à l'image d'un grand livre de compte, répertorie l'ensemble des mouvements cryptomonétaires et les transactions. Le Salvador a opté pour sa propre plate-forme nationale : Chivo. Ce portefeuille numérique est accessible aux seuls citoyens du pays qui doivent créer leur compte et montrer leur carte nationale d'identité pour l'obtenir.

L'avantage d'un système reconnu par l'Etat réside dans le fait de pouvoir échanger quand on le souhaite ses bitcoins contre une monnaie fiduciaire, ici le dollar américain. La conversion peut être faite à tout moment, mais en fonction du cours du bitcoin. Celui-ci étant une monnaie très volatile -avec parfois des chutes brutales de sa valeur- mieux vaut conserver ses bitcoins sur le long terme et les convertir au moment opportun.

Autre point à prendre en compte en France, le fait que toute conversion de bitcoins (et autres crytpomonnaies) vers l'euro implique que 30 % sont reversés à l'Etat si vous êtes un particulier. Une «commission», appelée «flat-tax», qui devrait ralentir les conversions en euros si un tel scénario devait se produire avec le bitcoin. A moins que l'arrivée de ce fameux euro électronique ne facilite les transactions de ce type.

Au Salvador, l'idée est d'inciter les citoyens à ouvrir leur propre portefeuille Chivo pour y utiliser des bitcoins. L'Etat a par exemple décidé d'offrir l'équivalent de 30 dollars de bienvenue pour chaque citoyen qui ouvre son compte Chivo.

Quels types d'achats pourra-t-on faire ?

Un fois le portefeuille électronique acquis, une monnaie reconnue comme légale ne peut être refusée comme moyen de paiement. Au Salvador, la loi stipule que tout acteur vendant des biens ou des services devra accepter le bitcoin. C'est à dire être en mesure de permettre la transaction. En clair, le vendeur doit aussi posséder un portefeuille électronique.

Dans les faits, il sera possible de tout acheter ou vendre avec des devises de ce type. Le journaliste Aaron van Wirdum de Bitcoin Magazine s'est rendu au Salvador cette semaine afin de tester les différentes façons de dépenser des bitcoins dans le pays. Son premier choix s'est orienté vers un restaurant McDonald's pour acheter un petit-déjeuner. Dans son tweet, le journaliste explique : «on m'a imprimé un ticket avec un QR Code qui renvoyait vers une facture Lightning [un service de paiement en crypto] et j'ai pu profiter de mon petit-déjeuner local».

Même principe pour acheter une pizza chez Pizza Hut, où l'on peut voir une vidéo montrant le procédé.

Dans ses pérégrinations, Aaron van Wirdum s'est vu toutefois refuser l'achat d'un Pepsi en bitcoin dans un hypermarché Wallmart de San Salvador. 

Reste qu'à terme, l'ensemble des commerces et sociétés de services ne pourront pas le refuser. 

quid des risques pour les citoyens ?

Détenir du bitcoin et d'autres cryptomonnaies n'est toutefois pas sans risque à l'échelle d'une nation. Car chaque citoyen devient sa propre banque et doit gérer son argent comme tel. Sans être couvert par un intermédiaire, comme peut le faire une banque par exemple, qui peut couvrir des pertes.

Utilisées à l'heure actuelle la plupart du temps pour spéculer et se constituer un trésor de guerre qui pourrait se détacher de l'inflation qui touche les monnaies classiques, les cryptomonnaies sont perçues comme des valeurs refuge au même titre que l'or. Toutefois leur extrême volatilité inquiète les autorités monétaires. Le FMI a mis en garde le Salvador dès le mois de juin : «l'adoption du bitcoin comme monnaie de cours légal pose une série de problèmes macroéconomiques, financiers et légaux qui requièrent d'être analysés très soigneusement».

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