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Sites de rencontres : les stalkers se banalisent, mais qui sont-ils ?

Il y a trois fois plus de stalkers chez les hommes que chez les femmes. [© Alexander Sinn/Unsplash]

Près des trois quarts des Français de plus de 18 ans qui utilisent des sites de rencontres admettent s'être renseignés, voire même avoir stalké en ligne une personne rencontrée sur les réseaux sociaux, selon une récente étude menée par Norton LifeLock.

Une donnée qui reflète le nouvel état d'esprit qui habite une large majorité des utilisateurs de ces applications. Le schéma est devenu habituel, notamment sur Tinder ou Happn. Lors d'un «match» avec un autre utilisateur, il est courant de se rendre sur Internet et les réseaux sociaux afin de savoir à qui l'on a affaire. Mais si se renseigner sur une personne constitue une démarche normale, basculer dans le stalking est plus inquiétant.

«Tant qu'il s'agit de chercher des informations qui sont visibles publiquement sur Internet, on peut dire que cela reste vertueux, mais dès lors que l'on commence à récupérer des informations privées à l'insu de la personne, on peut parler de stalking», précise pour CNEWS Catherine Lejealle, sociologue et chercheuse à l'ISC Paris.

Selon l'étude de Norton Lifelock, menée dans dix pays, plus d'un tiers des Français sondés (36 %) déclarent avoir fait des recherches en saisissant le nom de leur correspondant dans un moteur de recherche, tandis que 21 %  vont consulter les profils professionnels sur des sites comme LinkedIn. Une personne sur cinq (22%) va même jusqu'à chercher les amis et la famille de la personne sur les réseaux sociaux.

Mais plus inquiétant, 6 % confient avoir payé un tiers pour obtenir des informations sur les antécédents d'une personnes ou encore obtenir des informations sur ses précédentes rencontres via les applications. «Autrefois, certains faisaient appel à des détectives privés pour des rencontres amoureuses classiques, mais à l'ère des applications de rencontres il faut un degré de technicité supplémentaire que les gens n'ont pas», précise Catherine Lejealle.

Un portrait-robot parfois réducteur

Surtout, l'étude démontre que rechercher des informations, voire stalker une personne, peut parfois nuire à la rencontre. Ainsi, plus de la moitié des utilisateurs de sites de rencontre affirment qu'ils «renoncent à rencontrer physiquement leur "match" dès qu'un détail trouvé sur internet ne leur plaît pas». Une photo montrant qu'une personne fume ou qu'elle pratique une activité sportive particulière, qu'elle paraît trop grande ou trop petite... Sont des exemples qui peuvent faire tout basculer.

«Au lieu de rencontrer la personne et lui donner sa chance, voire de se dire qu'un détail gênant ne l'est finalement peut-être pas, on va là encore laisser la main à Internet pour se forger une opinion. En ce sens, les sites de rencontres ont échoué à apporter une confiance. Mais ceci est cohérent avec le reste, car l’amour se construit aujourd'hui différemment. Lorsqu'ils vont dans un restaurant, les jeunes ne ressentent pas que l’endroit est chouette ou que le cocktail est sympa, il faut qu'ils partagent ce qu'ils vivent sur les réseaux sociaux pour que les autres émettent un jugement. Leur propre ressenti est mis en défaut. On est moins capable de décider par soi-même. En outre, il y a un vivier de candidats à l'amour tel que les personnes vont se montrer plus exigentes», analyse la sociologue.

Des stalkers surtout chez les jeunes adultes

Et parmi les champions du stalking, c'est bien la jeune génération qui s'affiche en tête. Sur les personnes sondées parmi les 10 pays interrogés, près des deux tiers des adultes de la génération Z (65 %) «admettent s'être renseignés sur leur partenaire (actuel ou ancien). Il ne sont que 57 % pour la génération Y, 29 % pour la génération X et 11 % pour les baby-boomers», avance le document. 

«Le profil type du stalker est un homme jeune. Il y en a trois fois plus chez les hommes que chez les femmes. Le stalking s'est banalisé chez les 18-39 ans qui sont plus au fait de la technologie. Il y a souvent un parcours de vie. On peut devenir stalker car on veut devenir plus vigilant, ce sont notamment des gens déçus par de mauvaises expériences et qui veulent se prémunir», souligne Catherine Lejealle. Les faux profils et les arnaques sont notamment connus, comme le démontre le récent documentaire «L'arnaqueur de Tinder» sur Netflix.

Dès lors, comment se prémunir du stalking ? Cela commence par la question de l'identité. Quatre personnes sur cinq ont déjà utilisé leur nom complet sur les sites de rencontre, précise l'étude. Et si certaines applications sont liées à votre profil Facebook, comme Tinder et Happn, d'autres applications proposent d'attribuer un numéro pour introduire une forme de neutralité, l'idée étant déjà de partager ses centres d'intérêts et ce que l'on ne veut pas, mais il s'agit là de services payants. «Ne pas partager sa localisation exacte, ne pas recevoir chez soi lors du premier rendez-vous, mais aussi gérer ce que l'on partage sur les réseaux sociaux en prenant ses précautions constituent des conseils à suivre», conclut Catherine Lejealle.

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