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Philippe Labro : «L’espoir est notre seule solution»

Philippe Labro publie «J'irais nager dans plus de rivières», un recueil de souvenirs personnels et de citations Philippe Labro publie «J'irais nager dans plus de rivières», un recueil de souvenirs personnels et de citations. [© Francesca Mantovani / Gallimard]

Philippe Labro publie un livre touchant et érudit mêlant réflexions et souvenirs de ses rencontres, de Johnny Hallyday à Tom Wolfe en passant par Françoise Giroud et Serge Gainsbourg.

Une curiosité à toute épreuve. Pour donner vie à «J'irais nager dans plus de rivières» (Gallimard, à paraître le 1er octobre), Philippe Labro a replongé dans ses nombreux carnets Moleskine noircis au fil du temps. Le résultat est une compilation de textes bâtis sur ses souvenirs personnels et des citations glanées au fil de ses nombreuses lectures. L’écrivain offre au final un joli hymne à l’existence, aux plaisirs simples, et aux rencontres, ciment de ses métiers de journaliste, parolier et réalisateur.

Pourquoi et comment avez-vous écrit ce livre ?

J’ai relu mes carnets moleskine (Je passe ma vie à prendre des notes), sélectionnant une centaine de citations. J’ai vu qu’elles pourraient servir pour construire cet « itinéraire d’une vie d’un curieux de LA VIE ». Ce livre m’attendait depuis un moment. Le temps était venu.

Vous rendez hommage à un certain journalisme à travers vos mentors, notamment Henri de Turenne, Françoise Giroud, Pierre Lazareff ou René Maine. Le journalisme de terrain est-il aujourd'hui en danger ?

Le « journalisme de terrain » n’est pas du tout mort. Il y aura toujours des femmes et des hommes attirés par l’inconnu, le danger, la curiosité des lieux et des gens. Le journalisme véritable ne se pratique pas assis devant un ordinateur, mais debout, dans l’évènement. On aura toujours besoin de témoins, de « choses vues », pour reprendre le beau titre de Victor Hugo.

L'actualité a besoin qu'on se réfère (...) à la mémoire du monde

Alors qu’aujourd’hui nous avons l’impression qu’une actualité en chasse une autre, que les réseaux sociaux balayent tout, peut-on dire que se souvenir est plus que jamais nécessaire pour avancer ?

Faulkner a écrit : « Le passé n’est pas mort, il n’est même pas passé ». L’actualité, aussi rebondissante fut-elle, a besoin que l’on se réfère au passé, aux souvenirs, à la mémoire du monde, à l’Histoire. Les réseaux sociaux n’ont pas de mémoire. C’est cela qui rend leur contenu aussi éphémère et souvent superficiel.

« On ne peut pas désespérer tout le temps », écrivez-vous. Est-ce au final le message de votre livre ?

On peut, bien sûr, regarder la vie et le monde avec pessimisme et effroi, mais il faut savoir aimer, voyager, écouter de la musique, voir les enfants grandir, écouter le chant d’un torrent. C’est un choix. Le désespoir ne sert à rien. Il y a de l’invention, de la créativité, du rire, dans ce siècle du désordre. L’espoir est notre seule solution.

Quelques pages avant la fin du livre, vous écrivez : « Nous n’avons pas besoin d’être des romanciers ». Que voulez-vous dire par là et que conseilleriez-vous à un aspirant romancier ?

Ecrire un roman présuppose qu’on vive d’abord un peu quelques expériences, ou alors qu’on ait beaucoup d’imagination. Je n’ai aucun conseil particulier à donner à un « aspirant romancier » sauf celui-ci : « ouvrez vos yeux et vos oreilles, prenez des notes, lisez et écrivez seulement quand vous en sentez l’impérieuse nécessité ». Il faut aborder l’écriture comme un artisan face à la chaise qu’il veut construire, avec humilité et patience.

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J’irais nager dans plus de rivières, de Philippe Labro, Gallimard, 304 p., 20 €.

Philippe Labro sera sur France 5, sur le plateau de La Grande Librairie, à 20h50, ce mercredi 30 septembre, et l’invité de C à Vous, vendredi 2 octobre, à 19h.

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