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Environnement, effondrement, climat... : 5 BD de la rentrée sur le thème de l'écologie

Humour, jeunesse, thriller, dystopie...L'écologie se décline dans tous les genres en cette rentrée BD.

Chaque année, à mesure que la menace écologique se fait plus pressante sur Terre, la thématique environnementale gagne en importance. En cette rentrée 2021, la bande dessinée n'échappe pas au phénomène. Voici 5 albums à découvrir, pour tous les âges et dans tous les styles, pour faire le tour de la question.

les grands cerfs - Gaétan Nocq

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Fidèle adaptation du roman éponyme de Claudie Hunzinger, lauréat du Prix Décembre en 2019, cette sublime et imposante bande dessinée suit le retour à la nature, dans les forêts des Vosges, de Pamina et de son compagnon Nils. Isolés, ils vont peu à peu apprendre à connaitre les grands cerfs qui, parfois, se laissent observer. La rencontre à distance avec ces majestueux animaux sera aussi celle de la nature environnante, pleine de charmes et de mystères. Mais cet espace enchanteur est menacé par une autre horde, celle des chasseurs et forestiers, dont le travail de sape met à mal la vie sauvage, inexorablement vouée à disparaitre. 

Dans de sublimes tons, entre bleu nuit et nuit américaine, l'auteur, fort de ses talents de peintre et carnettiste, donne vie sans se soucier des formats à cette faune nocturne, dans la même ambiance proche du thriller que celle du roman. 

Ici, c'est bien le triste déclin de ce que la nature peut encore offrir, sans aller à l'autre bout du globe, d'enchantement et de dépaysement, que le lecteur découvrira, non sans un pincement au coeur. 

Les grands cerfs, de Gaétan Nocq, 224 p., editions Daniel Maghen.  

Les catastrophobes - Tronchet

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En véritable touche-à-tout, Tronchet s'attaque cette fois au sujet on ne peut plus actuel de la crise écologique, mais toujours avec son humour décalé, à la fois tendre et acerbe. Avec ce tome 1 des Catastrophobes, Rions avec la fin du monde, le père du héros Jean-Claude Tergal fait cette fois passer ses messages par le biais d'un couple, conscient du grand effondrement qui menace un peu plus chaque jour notre monde. Mais, à l'image des nombreux avis et points de vue qui s'exrpiment dans notre société, aucun des deux n'a un avis identique sur l'attitude à adopter face à ce drame. Déni, dérision, repli sur soi, militantisme, intransigeance ?...

A travers le regard de ces deux personnages, c'est notre incapacité collective à réagir et à prendre les mesures nécessaires face à une situation qu'on ne peut plus nier que l'auteur met en lumière. Avec un humour qui seul semble pouvoir désormais offrir une certaine distance, pour ne pas sombrer dans la déprime. Tronchet n'élude toutefois aucun problème, et l'album bénéficie par ailleurs de la préface de Pablo Servigne, l'une des figures du concept de collapsologie. 

Les catastrophobes, de Tronchet, 64 p., editions Fluide Glacial.

selma - benoît vieillard

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Forcément, quand on parle d'environnement et de préservation du monde, difficile de ne pas penser aux jeunes générations, qui pourraient bien devenir, à force de discours et d'images sur la situation actuelle de la planète, les éco-warriors de demain. Très en phase avec le discours ambiant sur la responsabilité et le manque d'initiatives des générations d'après-guerre et des baby-boomers, l'auteur met en scène la petite Selma, 10 ans, qui tente par tous les moyens de convertir ses parents à son mode de vie écoresponsable.

A travers de multiples scénettes de notre quotidien (le tri des ordures, la surconsommation, le recyclage...), Benoît Vieillard traite avec humour d'à peu près toutes les thématiques qui ont un lien avec l'écologie. Impossible par ailleurs de ne pas penser à Greta Thunberg. Selma montre en tout cas dans chacune des cases autant d'énergie que la militante suédoise. Avec un mot d'ordre : nous sommes tous responsables, mais chaque effort du quotidien vaut la peine d'être fait, avec des effets qui se font parfois sentir à l'autre bout de la planète.

Selma, Planet Blues, de Benoît Vieillard, 48 p., éditions Soleil Pop.

La baleine blanche des mers mortes - Wellenstein/boiscommun

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Pour expliquer notre monde actuel et les dangers que l'homme fait peser sur lui, quoi de mieux qu'une projection dans le futur, avec quelques touches de fantastique ? C'est ce que propose Aurélie Wellenstein, avec le dessinateur Olivier Boiscommun (Troll, Le Règne,...). La romancière y reprend l'univers qu'elle a décrit dans son livre Mers mortes, décrivant une planète Terre sur laquelle les hommes ont fini par détruire et assécher mers et océans, provoquant une invasion de fantômes dévoreurs d'âmes, anciennes créatures aquatiques décidées à se venger.

On suit ainsi le héros Bengale, dans un Paris post-apocalyptique et soumis aux hordes de spectres vengeurs. Il y rencontrera Chrysaora, danseuse qui est réfugiée avec d'autres artistes à l'Opéra Garnier, dont un chef d'orchestre qui tente désespérément de récupérer l'âme de son fils. 

A travers cette histoire très originale, Aurélie Wellenstein a souhaité se placer du point de vue du règne animal, et de l'esprit de vengeance qui pourrait légitimement l'habiter face aux dégâts que l'homme lui fait subir. Pour accentuer la prise de conscience, elle a volontairement choisi les animaux aquatiques, dont les corps décharnés symbolisent la cruauté des dommages subis. Les dessins en couleur directe d'Olivier Boiscommun offrent un vrai plaisir visuel, et jouent habilement du contraste entre les reflets bleutés d'une mer désormais disparue et les couleurs sablonneuses d'un Paris désertique. 

La Baleine Blanche des mers mortes, de Boiscommun et Aurélie Wellenstein, 56 p., éditions Drakoo, parution le 29 septembre.

mémoires effondrées - baya

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Qui dit menace écologique dit, potentiellement, fin de la civilisation. En imaginant la publication du carnet illustré d'un artiste né en 1980 et mort en 2044, l'illustrateur autodidacte Baya remet au goût du jour le récit épistolaire, qui a livré tant de chefs-d'oeuvre dans l'histoire de l'édition. Et fait coup double en offrant grâce à cette mise en abyme une véritable réflexion sur le devenir de notre monde, entre crises permanentes, crainte de l'effondrement, et rôle de l'homme dans cette course folle du XXIe siècle.

Si cet effondrement semble être le seul devenir possible, le héros et auteur fictif de cet ouvrage, l'acteur un temps célèbre Antoine Donelli, porte aussi sa réflexion sur la possibilité du bonheur, le pouvoir de l'autorité, le rapport à l'argent ou encore la création et ses mystères. Au fil des nombreuses pages, où la créativité de Baya explose, on s'émerveille de toutes ces trouvailles, faisant de l'ouvrage à la fois un journal intime, un herbier, qu'un carnet de croquis d'ou les réflexions affleurent.

Avec une question essentielles : comment en est-on arrivé là ? 

Mémoires effondrées, de Baya, 192 p., éditions Rue de l'échiquier.

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