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Pourquoi Léviathan est-il le manga à découvrir en janvier 2022 ?

L'année 2022 commence fort chez Ki-oon avec la parution ce jeudi 6 janvier de Léviathan. Un nouveau manga de science-fiction aussi captivant que superbement illustré par Shiro Kuroi, que CNEWS a pu interviewer.

Un auteur qui n'est pas un mangaka professionnel mais web-designer. Habitué à produire des œuvres via ses fanzines, il signe là sa première œuvre avec un soin et une maturité impressionnants en développant un récit glaçant qui n'est pas sans rappeler l'Ecole Emportée, chef-d'œuvre de Kazuo Umezu (réédité actuellement chez Glénat), auquel il ajoute l'ambiance claustrophobe du Alien (1979) de Ridley Scott.

Léviathan est le récit d'un voyage de classe à travers l'espace qui vire au drame lorsque le cargo spatial qui transporte les élèves est percurté par ce qui ressemble à une pluie de météorites. Une catastrophe qui laisse pour seuls survivants une classe entière. L'existence de chacun est alors en danger...

A la première lecture de Léviathan, on pense immanquablement à Sa Majesté des Mouches de William Golding mais aussi à L’Ecole Emportée de Kazuo Umezu. Est-ce que ce sont des œuvres qui ont influencé ce récit survivaliste ?

Shiro Kuroi : J’ai lu L’École Emportée il y a longtemps, ça a sans doute eu un impact sur mon œuvre effectivement. En dehors de ça, j’ai peut-être été influencé par l’épisode Magnetic rose dans le film d’animation Memories par Katsuhiro Otomo, ou encore par Rashomon d’Akira Kurosawa.

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© Shiro Kuroi / Ki-oon

Pourquoi avoir choisi l’espace pour le mettre en scène ?

Je ne suis pas particulièrement attaché à la SF, et je n’ai pas une culture approfondie en la matière, mais c’est un genre qui permet aisément de mettre en scène des situations extrêmes. De ce point de vue, il m’a semblé approprié pour cette histoire.

Comment travaillez-vous ?

Je n’ai jamais eu d’assistant, je travaille seul. J’ai un rythme assez lent, il me faut environ deux mois pour finir un chapitre de 32 pages. Ma technique de dessin n’est pas figée, j’essaie de trouver un bon équilibre entre le dessin à la main et l’outil numérique. L’un comme l’autre a ses avantages. Je réalise le tracé principal à la plume G-pen, au stylo-pinceau ou encore au stylo-bille, selon les besoins. Tout dépend du rendu que je veux donner au trait. Ensuite, je scanne ma planche et je fais les finitions sur photoshop.

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Certaines planches sont quasi-photoréalistes avec des regards très expressifs. Pourquoi ce choix dans votre style ?

Les mangas au dessin photo-réaliste comme Gantz ou I am a hero permettent de rendre de façon crue les émotions des personnages. C’est pour ça que j’essaie de rester au plus près des expressions humaines.

Pour moi, la BD fait partie du domaine des dieux. Je ne pensais pas pouvoir un jour être publié chez un éditeur français.Shiro Kuroi

Comment s’est passé votre collaboration avec Ki-oon et avez-vous dès le départ pensé ce récit pour des lecteurs étrangers ?

L’éditrice de Ki-oon m’a abordé sur mon stand du Comitia, une convention de fanzines de création originale. L’épisode pilote de Léviathan fait partie des fanzines que j’y vendais. Je n’ai pas imaginé cette histoire dans l’optique de la présenter à l’étranger, et certains points ne sont peut-être compréhensibles que pour des Japonais. Cependant, la SF est un genre universel, et les problèmes de l’adolescence sont les mêmes dans le monde entier. Ces points communs permettent la création d’un pont entre les cultures.

Connaissez-vous la France et les BD de notre pays ? Pensiez-vous un jour réaliser une œuvre qui serait lue chez nous ?

Je ne suis jamais allé en France, mais pour moi ce pays a une image de terre de traditions et de culture. Vue du Japon, la France est synonyme d’élégance. Je suis un amateur de bandes dessinées, par exemple les œuvres de Moebius, François Schuiten ou encore Nicolas de Crécy, et je m’en inspire pour mes créations. Dans Léviathan, j’essaie tant bien que mal de me rapprocher du rendu du trait des Cités obscures.

Côté film, j’apprécie aussi certaines productions françaises comme Nikita ou Le Grand bleu de Luc Besson, ou encore Trois couleurs de Krzysztof Kieslowski. Pour moi la bande-dessinée fait partie du domaine des dieux, je ne pensais pas pouvoir un jour être publiée chez un éditeur français. C’est comme un rêve qui se réalise.

Léviathan, de Shiro Kuroi, éd. Ki-oon, tome 1 disponible le 6 janvier. Récit complet prévu en trois tomes.

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