Les éditions de la Nouvelle Librairie ont renoncé provisoirement à publier le nouveau livre de Gabriel Matzneff, après avoir reçu des menaces de mort et fait l'objet d'actes de vandalisme. La raison ? L'écrivain est sous le coup d'une enquête pour viol sur mineurs, ouverte après la parution en janvier 2020 du récit de Vanessa Springora, «Le Consentement».
Marche arrière. La maison d'édition la Nouvelle Librairie avait prévu de publier, le 8 novembre prochain, un recueil d'articles rédigés par Gabriel Matzneff entre 2015 et 2019, sous le titre «Derniers écrits avant le massacre». Après des menaces de mort contre son personnel, l'éditeur de l'écrivain visé par une enquête pour viol sur mineurs a annoncé ce lundi qu'il allait y renoncer provisoirement.
«Nous nous trouvons dans l'obligation de repousser sine die la parution» de ce titre, a indiqué la maison d'édition dans un communiqué lundi. Ajoutant que «certaines réactions sont totalement démesurées. À l'heure où la liberté d'expression recule dangereusement, la Nouvelle Librairie entend s'en faire garante. Elle ne peut toutefois accepter les menaces de mort sérieuses adressées à son personnel, qu'elle doit protéger».
Un éditeur «de la droite identitaire»
De même, cette maison d'édition qui se définit comme «hussarde» en littérature et «de la droite identitaire, patriote» en politique, a aussi affirmé ce lundi avoir déjà été la cible d'actes de vandalisme. Cette décision est donc prise, explique-t-elle, pour garantir «la sécurité physique de [ses] employés».
L'ouvrage de Gabriel Matzneff est une compilation d'écrits antérieurs à la parution en janvier 2020 du récit «Le Consentement», de Vanessa Springora, qui avait fait éclater le scandale et incité le parquet de Paris à ouvrir immédiatement une enquête pour viol sur mineurs de 15 ans. Dans ce livre vendu à 160.000 exemplaires, l'autrice y racontait comment elle avait été séduite dans les années 1980 par le romancier, alors qu'elle n'avait pas 14 ans et lui près de 50 ans.
Lâché par son éditeur Gallimard, Gabriel Matzneff avait toutefois publié en 2021 un nouveau livre, ou plus précisément un libelle, ayant pour titre «Vanessavirus». L'auteur s'y pose en victime, racontant les mois qui ont suivi la publication du livre de Vanessa Springora. Cette publication a été rendue possible grâce à un appel aux dons réalisé auprès de ses fidèles lecteurs. L'ouvrage a été tiré à 200 exemplaires et vendu 100 euros pièce, voire 650 euros s'il était dédicacé.