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«Borgo» : les avocats de l'affaire ayant inspiré le film dénoncent la sortie en salles, trois semaines avant le jugement

Le film «Borgo», en salles ce mercredi 17 avril, est inspiré d’une affaire de double assassinat en Corse, datant de 2017, et qui sera jugée dès le 6 mai prochain. La temporalité de la sortie de l’œuvre interroge et divise les avocats concernés.

C’est une sortie au cinéma qui n’a pas fini de faire parler d’elle, mais pour de mauvaises raisons. Le film «Borgo» de Stéphane Demoustier est directement inspiré du double assassinat de l’aéroport de Bastia-Poretta datant de 2017. Il le raconte à travers le personnage de Cathy Sénéchal, surveillante à la prison de Borgo, accusée d’avoir participé à travers un baiser, au meurtre d’Antoine Quilichini et Jean-Luc Codaccioni, deux membres du grand banditisme insulaire. Alors que le procès doit se tenir du 6 mai au 6 juillet, le film «Borgo», lui, est sorti en salles ce mercredi. Un timing qui attise les commentaires. 

Les avocats de l'affaire s'insurgent  

L’affaire sera jugée à Aix-en-Provence par la cour d’assises des Bouches-du-Rhône. Au total, vingt personnes sont attendues devant les assises. Parmi elles, les principaux accusés : Christophe et Richard Guazzelli, Christophe Andreani, Ange-Marie Michelosi, Hafid Bekouche et Joseph Menconi. Un procès attendu, qui fait d’autant plus parler que le film sort avant même que la justice n’ait encore traité le sujet. 

Face à ce timing, certains avocats intervenant dans l’affaire regrettent que la date de sortie en salles soit si proche de celle du début de l’audience. «Ils n'ont même pas attendu que le procès soit fini», explique l’un d’entre eux à l’AFP. «Il me semble nécessaire de préserver, autant que possible, le contenu d'un dossier pénal dans l'attente de son jugement. Je m'interroge notamment sur l'influence que pourrait avoir ce film sur les jurés et magistrats qui auront dans un avenir proche le devoir de juger nos clients», explique Me Julien Pinelli dans les colonnes de Corse Matin. 

Un fait divers qui a marqué la Corse 

Les faits remontent à 2017. Le 5 décembre, Antoine Quilichini et Jean-Luc Codaccioni sont assassinés sur le parvis de l’aéroport de Bastia-Poretta en Corse par un commando armé. Les deux hommes étaient fichés au grand banditisme. Durant l’enquête, la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille est remontée jusqu’à deux hommes : Christophe et Richard Guazzelli, fils de Francis Guazzelli, assassiné en novembre 2009. Ce dernier était considéré comme membre du gang de la Brise de mer. Ce meurtre avait donc tout d’un acte de vengeance des proches de Francis Guazzelli contre ceux de Richard Casanova, également assassiné en 2008, dans le cadre d’un conflit au sein de la Brise de mer. 

Lors de l’enquête, il est par ailleurs ressorti que le commando armé était visiblement bien renseigné. Celui-ci savait par exemple, que Jean-Luc Codaccioni, incarcéré au centre pénitentiaire de Borgo, avait obtenu une permission pour se rendre sur le Continent, et était ce jour-là de retour en Corse. 

Au milieu du double assassinat d’Antoine Quilichini et Jean-Luc Codaccioni, une femme : Cathy Sénéchal. Cette surveillante pénitentiaire à la prison de Borgo, est suspectée d’avoir désigné les deux victimes aux tueurs, au moyen d’un baiser. 

En attendant le procès, le public peut donc, dès à présent, découvrir ce fait-divers, à travers la fiction proposée par «Borgo». 

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