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Le ralentissement des émergents risque d'affecter la croissance mondiale

Les grandes puissances émergentes pâtissent d'un relatif ralentissement économique, dû en partie à la crise de la zone euro, ce qui risque, en retour, d'affecter une croissance mondiale déjà en berne.[AFP/Archives]

Les grandes puissances émergentes pâtissent d'un relatif ralentissement économique, dû en partie à la crise de la zone euro, ce qui risque, en retour, d'affecter une croissance mondiale déjà en berne.

"La plus forte dynamique de croissance est du côté des marchés émergents, donc leur ralentissement risque d'avoir de fortes répercussions sur la croissance mondiale", explique Bhanu Baweja, économiste chez UBS.

Les annonces des derniers jours vont toutes dans le même sens: même si le niveau de croissance des émergents fait toujours pâlir d'envie les pays riches, le coup de frein est patent.

La croissance du Brésil a ralenti à 2,7% en 2011, en retrait par rapport aux 3% prévus par le gouvernement. C'est un coup d'arrêt par rapport à la progression de 7,5% du produit intérieur brut (PIB) enregistrée en 2010.

L'Inde a dû se contenter fin 2011 de son plus faible rythme de croissance trimestrielle depuis trois ans, à 6,1% sur un an.

Quant à la Chine, deuxième économie mondiale, elle a réduit à 7,5% au lieu de 8% son objectif de croissance. Cela confirme le ralentissement progressif mais continu constaté depuis plus d'un an, notamment à cause des difficultés des exportateurs confrontés à la crise de la dette en Europe et à une reprise hésitante aux Etats-Unis.

La Russie devrait aussi décélérer cette année, à 3,7% de croissance au mieux après 4,3% en 2011.

Ces nouvelles mitigées s'inscrivent dans un contexte international difficile.

La zone euro, qui peine à s'extirper de sa crise, traverse "une récession modérée", a confirmé mardi le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, tandis que les commandes industrielles en Allemagne, première économie et moteur du continent, ont mal démarré l'année en chutant de 2,7% en janvier.

Les appels en faveur d'une initiative de croissance en Europe se multiplient, sans trouver pour l'instant de débouché concret.

La lueur pour les pays occidentaux semble venir plutôt des Etats-Unis, avec des indicateurs rassurants sur le front de l'emploi. Le président de la Réserve fédérale (Fed) Ben Bernanke s'est montré la semaine dernière légèrement plus optimiste à propos de l'économie américaine, qui semble avoir entamé 2012 avec un peu plus d'élan qu'on le pensait jusque-là.

Le cabinet d'audit Grant Thornton souligne, dans une étude qui vient d'être publiée, la dépendance croissante des grands pays émergents du groupe des Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine) vis-à-vis du reste de la planète.

Ainsi, les trois quarts des chefs d'entreprise de ces Etats se disent inquiets d'une rechute de la croissance mondiale dans la récession dans les douze prochains mois. Les plus inquiets sont les patrons indiens (96%), les chinois se montrant relativement plus confiants (66% d'inquiets).

De la même manière, les perspectives en matière d'exportations, principal moteur de nombreux marchés émergents, ne sont pas totalement roses, selon cette même étude auprès des chefs d'entreprise des Bric.

Pour autant, les puissances émergentes devraient continuer de tirer la croissance mondiale, et le pire pourrait être passé.

"Ces économies ralentissaient depuis juin" et cela n'était pas uniquement lié à la crise européenne, relève Bhanu Baweja. Les politiques monétaires restrictives mises en place pour éviter la surchauffe lors du fort rebond constaté après la crise mondiale en 2009 ont aussi joué un rôle majeur.

Selon cet économiste, "il se peut que la croissance des marchés émergents ait touché un plancher", même si "leur rebond pourrait s'avérer très très modéré".

Le ministre indien des Finances Pranab Mukherjee est du même avis, qui estime que le "pire niveau" du ralentissement est aujourd'hui derrière le pays. Après les avoir relevés, la Reserve Bank of India (RBI) devrait abaisser ses principaux taux lors de sa prochaine réunion de politique monétaire le 15 mars. La banque centrale brésilienne devait mercredi prendre une décision identique pour relancer son économie, après le ralentissement enregistré cette semaine.

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