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Manipulation du Libor : premières arrestations

Une vue de la City de Londres le 25 avril 2012 [Miguel Medina / AFP/Archives] Une vue de la City de Londres le 25 avril 2012 [Miguel Medina / AFP/Archives]

Trois personnes ont été arrêtées mardi au Royaume-Uni, dans le cadre de l'enquête sur la manipulation du taux interbancaire Libor, une première qui fait monter la pression d'un cran dans ce scandale touchant de nombreux poids lourds de la finance.

Assisté de la police de la City de Londres, le centre financier de la capitale britannique, l'Office britannique de lutte contre la délinquance financière (SFO) a "exécuté trois mandats de perquisition" aux domiciles de trois hommes, âgés de 33, 41 et 47 ans, dans le Surrey (sud de Londres) et l'Essex (est de Londres), a-t-il indiqué dans un communiqué.

Ces hommes, de nationalité britannique, "ont été arrêtés et amenés à un poste de police de Londres pour être interrogés en relation avec l'enquête sur la manipulation du Libor", a ajouté le SFO.

Un porte-parole du SFO a précisé à l'AFP que c'était "la première fois" que des personnes étaient arrêtées, ce qui marque une nouvelle phase dans l'action des autorités face à ce scandale.

Le SFO a en revanche refusé de donner d'autres détails sur les personnes interpellées et sur les banques qui pourraient être impliquées.

Selon le Financial Times, l'un des hommes arrêtés avait travaillé pour les banques UBS et Citigroup et au moins l'un des autres pour le courtier interbancaire RP Martin.

UBS n'a pas souhaité faire de commentaire.

Le scandale du Libor a éclaté fin juin, lorsque Barclays a révélé qu'elle allait payer 290 millions de livres pour mettre fin à des enquêtes des régulateurs britannique et américain sur la manipulation des taux interbancaires britannique Libor et européen Euribor entre 2005 et 2009.

Une enquête pénale avait été ouverte peu après par le SFO.

Cette affaire, qui a décapité Barclays en entraînant la démission de son président et de son directeur général, a rattrapé depuis d'autres grandes banques alors que des enquêtes ont été ouvertes dans plusieurs pays, dont la France où le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire après la plainte d'une actionnaire de la Société générale.

Aux Etats-Unis, une quinzaine d'établissements de divers pays ont été assignés à comparaître, dont JPMorgan, Citigroup, Barclays, UBS ou Deutsche Bank.

 

"Système cassé" à réformer

Taux central dans le monde de la finance, le Libor, qui est fixé sur la base de taux communiqués par un panel de banques internationales, conditionne plus de 300.000 milliards de dollars de produits financiers et a une incidence sur les prêts aux ménages et aux entreprises.

Après Barclays, la banque suisse UBS serait proche d'un accord avec les autorités américaines et britanniques et pourrait payer une amende de 450 millions de dollars, avait affirmé la semaine dernière le New York Times.

Royal Bank of Scotland (RBS), autre poids lourd de la City, s'attend elle à payer des amendes représentant "beaucoup d'argent", avait indiqué fin septembre son patron, Stephen Hester.

La fixation de l'Euribor, équivalent en zone euro du Libor, est également dans le collimateur et Bruxelles s'apprête à mettre en cause de son côté des banques pour collusion après une enquête de plusieurs mois, selon le Wall Street Journal.

Montées au créneau après ce scandale alors que la City traîne de nombreuses casseroles et n'a jamais eu aussi mauvaise réputation auprès de l'opinion, les autorités britanniques vont réformer le Libor afin d'éviter les dérives.

Dénonçant un "système cassé", Martin Wheatley de l'Autorité britannique des marchés financiers (FSA), chargé par le gouvernement de dessiner la réforme du Libor, avait recommandé fin septembre un "complet remaniement" de la fixation du taux qui ne sera plus du ressort de l'Association des banquiers britanniques (BBA).

Il avait en outre jugé que les personnes coupables de manipulation devraient être passibles de poursuites et condamnées à des peines de prison.

Reprises par le gouvernement, ses recommandations ont été inclues dans la loi sur les services financiers, en cours d'examen au Parlement.

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