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Déraillement mortel du TGV Est en 2015 : le procès s’ouvre ce lundi à Paris

La rame avait déraillé avant de percuter un pont et de basculer dans le canal de la Marne au Rhin. [FREDERICK FLORIN / AFP]

Survenu au lendemain des attentats de novembre 2015, le déraillement du TGV Est avait été éclipsé par l'actualité et le choc national. Le procès du drame, qui s'ouvre ce lundi, doit permettre aux victimes d'être enfin entendues.

Causé par une vitesse excessive et un freinage trop tardif, le déraillement de la rame d'un TGV d'essai avait entraîné la mort de 11 personnes le 14 novembre 2015 en Alsace. Le procès du drame, seul accident mortel de TGV recensé en France depuis sa mise en service en 1981, s'ouvre à partir de ce lundi 4 mars devant le tribunal judiciaire de Paris.

L'accident, survenu lors de l'ultime test d'un tronçon de la ligne à grande vitesse est-européenne, avait à l'époque été éclipsé par l'onde de choc provoquée la veille par les attentats terroristes qui avaient frappé la région parisienne et causé 130 morts.

A partir de ce lundi, la justice devra pourtant déterminer les responsabilités de chacun dans l'enchaînement des événements ayant mené à cette tragédie ferroviaire. La SNCF ainsi que ses filiales Systra, commanditaire des essais, et SNCF Réseau, gestionnaires des voies, comparaissent.

Trois personnes physiques seront également jugées par la 31e chambre correctionnelle : le conducteur titulaire, un cadre de la SNCF chargé de lui donner les consignes de freinage et d'accélération, ainsi qu'un ingénieur de Systra dont le rôle était de renseigner le conducteur sur les particularités de la voie. Tous sont poursuivis pour blessures et homicides involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité.

Le procès, prévu jusqu'au 16 mai, s'annonce extrêmement technique. Les experts du pôle «accidents collectifs» du tribunal judiciaire de Paris ont considéré que le déraillement de la rame avait été causé par «une vitesse excessive» et un freinage tardif. Selon les enquêteurs, l'endroit précis où il aurait fallu freiner ne figurait pas clairement dans les documents de l'équipe de conduite. D'après un conducteur, les points de freinage étaient déterminés «à la louche».

Dans son ordonnance, le juge d'instruction a relevé plusieurs manquements de la part de la SNCF et de Systra, notamment une «préparation insuffisante» des essais de la rame en survitesse, un «manque d'anticipation des risques de déraillement», une «insuffisance de communication et de coordination» entre les équipes de Systra et celles de la SNCF ainsi que des «lacunes dans la formation du personnel» chargé des essais.

«De l'honnêteté et du courage»

Selon le magistrat instructeur, Systra a fait un choix «dangereux, non nécessaire et contraire aux préconisations» en décidant de pousser la rame à la vitesse de 330 km/h sur la portion de la ligne où s'est déroulé l'accident. L'avocat de la filiale souligne de son côté que «Systra n'était pas en charge de la conduite», sous la responsabilité de la SNCF.

Me Philippe Goossens compte donc demander la relaxe de son client, ce que compte également faire l'avocat du cheminot impliqué qui «n'avait qu'un rôle d'exécutant devant respecter les consignes», selon Me Philippe Sarda. Me Gérard Chemla, qui défend une cinquantaine des quelques 90 parties civiles, insiste quant à lui sur le fait que ses clients «attendent de l'honnêteté et du courage de la part des protagonistes».

Les victimes de ce déraillement étaient des salariés du monde ferroviaire et des membres de leurs familles. Le 14 novembre 2015, 53 personnes dont quatre enfants avaient pris place à bord de la rame pour l' ultime test du tronçon de la nouvelle LGV Est européenne entre Baudrecourt (Moselle) et Vendenheim (Bas-Rhin).

A 15h04, au niveau d'Eckwersheim (Bas-Rhin), à 20 km de Strasbourg, le train a abordé une courbe à 265 km/h, très largement au-dessus des 176 km/h prévus à cet endroit. Il a déraillé 200 mètres plus loin à une vitesse de 243 km/h, avant de percuter un pont et de basculer dans le canal de la Marne au Rhin. Onze personnes ont perdu la vie et 42 autres ont été blessées, dont une vingtaine gravement.

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