En direct
A suivre

Louis Crocq : "Certains flanchent très vite"

Pour les hommes en Afghanistan, le stress est permanent. Pour les hommes en Afghanistan, le stress est permanent. [JEFF PACHOUD / AFP]

Le retrait total des troupes d’Afghanistan sera bientôt effectif, mais le stress post-traumatique guette les combattants français. Une douleur sourde qui fait des ravages, comme l’explique le Professeur Louis Crocq, auteur de «16 leçons sur le trauma» (éd. Odile Jacob)

Comment survient le stress post-traumatique pour les combattants ?

Il touche des hommes qui ont vécu des combats très violents, des événements marquants vécus dans l’émotion, la détresse, la surprise lors d’embuscade. Ils se sont sentis impuissants face à ce qui les entourait, se retrouvant dans un état second.

Quelles sont les conséquences sur les militaires ?

Ils ont des visions, revivent les attaques durant lesquelles ils ont vu un ami ou un ennemi mourir, durant lesquelles ils ont cru mourir. Ils font des cauchemars, ont des changements de caractère, deviennent nerveux, irritables avec leur famille.

Ces maux psychiques ne sont pourtant pas nouveaux…

C’est un mal connu depuis longtemps, on l’appelait auparavant la névrose de guerre. Mais les soldats de 1914-1918 et de 1939-1945 ont été laissés après le conflit à leur solitude, on en a pas parlé. C’était un deuxième traumatisme après celui de la guerre elle-même. Ensuite il y a eu la guerre du Vietnam, et sur les 3 millions d’Américains qui sont revenus, 700 000 ont eu des problèmes psychiques. Ils avaient l’impression d’être des boucs émissaires, vivaient séparés de leur famille par une sorte de membrane invisible. C’est ainsi qu’on a commencé à parler de syndrome post-traumatique. En Indochine, en Algérie, c’était pareil. La Nation ne l’ai a pas soutenus à leur retour.

Quand le stress post-traumatique peut-il survenir ?

Actuellement, les soldats français de retour d’Afghanistan passent par un sas de décompression de deux jours à Chypre. Un débriefing qui leur permet de parler entre eux. Mais une fois réellement rentrés, les symptômes peuvent venir rapidement. Tous le monde peut y être soumis. Certains flanchent très vite, d’autres plus tard, et d’autres jamais. D’expérience, le moment de l’arrivée à la retraite est charnière : le soldat n’a plus d’activité et est tenté de replonger dans son passé.

Existe-t-il des prédispositions à subir un stress post-traumatique ?

Non. Une même personne peut être traumatisée aujourd’hui par un évènement, mais ne l’aurait pas été hier. Cela peut dépendre notamment de son état de fatigue ou du soutien ou non de ses camarades. 

La forme de la guerre en Afghanistan, une guérilla, joue-t-elle un rôle ?

C’est la surenchère de la violence qui joue un rôle, comme par exemple voir le massacre de civils innocents. La guérilla, c’est imprévisibilité, les patrouilles attaquées, le harcèlement des talibans, les embuscades. Et ça sape le moral.

Quelles solutions apporter aux hommes touchés ?

Il y tout d’abord des médicaments, pour traiter les troubles du sommeil. Il faut ensuite participer à des groupes de paroles ou avoir un suivi psychologique individuel pour parler de ces moments où ses défenses personnelles ont été débordées. On ne peut pas oublier, mais on peut essayer de s’en souvenir autrement.

 

Et sur DirectMatin.fr :

Le difficile retour d'Afghanistan pour les soldats français

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités