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Mauvais temps : les viticulteurs cherchent à se prémunir

Un vignoble inondé près de Pommard, en Bourgogne, le 24 juillet 2013 [Jeff Pachoud / AFP/Archives] Un vignoble inondé près de Pommard, en Bourgogne, le 24 juillet 2013 [Jeff Pachoud / AFP/Archives]

S'assurer ? Protéger les ceps par des moyens techniques ? Après le printemps froid et de violents orages de grêle cet été, les viticulteurs de Bourgogne cherchent à se prémunir davantage contre les aléas climatiques.

Au milieu de ses vignes, Odile Maltoff soulève les feuillages, dont certains sont encore mâchés par les grêlons tombés mi-juin sur Coulanges-la-Vineuse (Yonne), pour laisser apparaître les impacts sur le bois.

"On n'est pas dans des coins où la grêle tape souvent mais l'assurance, c'est une chose à laquelle il va falloir penser", estime cette viticultrice, qui exploite depuis une vingtaine d'années 14 hectares.

Un sentiment que partagent beaucoup de viticulteurs, dont seulement 40% sont assurés dans la région, selon le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB).

"On a énormément de demandes d'assurances cette année en Bourgogne et dans le Bordelais", observe Jérôme Van Praet, mandataire général de la société d'assurances Suisse Grêle. "L'inquiétude est de plus en plus forte chez les vignerons", ajoute-t-il.

L'accumulation d'un printemps froid et humide, suivi d'orages de grêle entre fin juin et août, a provoqué d'importants dégâts dans certains vignobles dans le Vouvray (Indre-et-Loire), en Dordogne, Gironde ou Bourgogne.

La grêle étant un dommage assurable, elle n'entre pas dans le dispositif d'indemnisation des calamités agricoles. M. Van Praet prévient qu'"il faut s'attendre à des hausses de cotisations de 5 à 10%" l'an prochain dans le secteur de la viticulture.

Générateurs

A Volnay (Côte-d'Or), dans une zone particulièrement touchée fin juillet par la grêle, Thiébault Huber estime sa production 2013 à "130 hectolitres au lieu des 420" qu'il tire habituellement de ses 9,7 hectares entre Volnay, Pommard, Meursault et Puligny-Montrachet.

"Pour mon assurance grêle, j'avais 10% de franchise jusqu'à 2012, je suis passé à 15% pour continuer à être assuré et là, je me retrouve dans la galère", déplore ce grand gaillard aux yeux acier.

"Pour bien faire, il faudrait que j'arrive à assurer l'équivalent d'un chiffre d'affaires complet mais je vais devoir tripler ma police", s'inquiète-t-il.

Pour protéger leurs vignobles, d'autres songent à des moyens techniques.

Une grappe de raisin abîmée par la grêle dans un vignoble près de Pommard, en Bourgogne, le 24 juillet 2013 [Jeff Pachoud / AFP/Archives]
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Une grappe de raisin abîmée par la grêle dans un vignoble près de Pommard, en Bourgogne, le 24 juillet 2013
 

Président du syndicat d'appellation de Volnay, M. Huber s'"active" ainsi pour la mise en place de générateurs, qui envoient depuis le sol du iodure d'argent dans les nuages de grêle pour diminuer la taille des grêlons.

"On ne peut pas rester les bras croisés sans trouver de protection et les filets anti-grêle, ce n'est guère possible comme nous sommes en vigne basse. Ces générateurs, il faut voir les coûts, mais pour moi, c'est primordial pour 2014, il en va de la survie des exploitations et de nos vignobles", assure-t-il.

Selon le président délégué du BIVB, Michel Baldassini, ce type de générateurs est utilisé "dans le sud de la France" mais "le coût est élevé". "C'est en réflexion mais il faut trouver un moyen pour que le coût soit partagé par tout le monde", a-t-il ajouté.

Exonérations

Après les violents orages de cet été, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll avait annoncé des mesures d'aide.

Pour M. Huber, "l'exonération de taxe foncière, c'est rien car ça ne concerne que les propriétaires des terrains, ce qui n'est pas mon cas, mais là où je l'attends au tournant, le ministre, c'est sur l'exonération de charges sociales".

Mme Maltoff partage le même espoir d'obtenir "une exonération exceptionnelle sur la MSA", la Mutualité sociale agricole. "Parce que le fonds d'indemnisation de l'Etat pour la perte de fonds, ça va être 450 euros par hectare, et encore", dit-elle, dépitée.

"L'impact psychologique a été très fort cet été, j'ai vu des collègues désemparés et d'autres prêts à tout envoyer balader, ça m'a fait mal de les voir comme ça", confie la viticultrice.

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