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Ascométal: le sort des 2.000 salariés suspendu à un accord

Un sidérurgiste travaille à la coulée d'acier le 12 Avril 2006 chez Ascométal à Fos-sur-Mer [Boris Horvat / AFP/Archives] Un sidérurgiste travaille à la coulée d'acier le 12 Avril 2006 chez Ascométal à Fos-sur-Mer [Boris Horvat / AFP/Archives]

Sauf accord in extremis entre son actionnaire et ses créanciers, tous américains, Ascométal, fleuron de la sidérurgie française avec près de 2.000 salariés, devrait être mis en redressement judiciaire jeudi par le tribunal de commerce de Nanterre.

Des négociations pour éviter le couperet se sont déroulées dans la nuit à New York entre l'actionnaire, le fonds de placement Apollo, et les créanciers, les banques Morgan Stanley et Bank of America.

Interrogées par l'AFP, les différentes parties se sont refusées jusqu'à présent au moindre commentaire sur l'issue de ces pourparlers de la dernière chance.

L'enjeu, en discussion depuis l'été dernier, porte sur l'effacement de la dette de 360 millions d'euros, contractée lors du rachat de l'ancienne filiale d'Usinor il y a trois ans par le fonds Apollo et dont les intérêts annuels de près de 37 millions d'euros l'asphyxie totalement.

"Mais en échange de l'effacement de la dette, les banques exigent des contreparties", ont expliqué à l'AFP des sources proches du dossier.

Comme elles se méfient désormais d'Apollo, qu'elles accusent de les avoir entraînées dans une affaire non rentable, elles demandent à disposer de droits sur la gouvernance du groupe, une exigence que l'actionnaire a rejetée jusqu'ici.

Les banques et le fonds ont pourtant intérêt à éviter la mise en redressement judiciaire lors de l'audience qui débutera jeudi à 11H30 (10H30 GMT) à Nanterre (Hauts-de-Seine, région parisienne). "Cette mesure les laisserait sur le carreau et ils perdraient leurs investissements", ainsi que tout pouvoir de décision, ont expliqué les sources.

- Des repreneurs potentiels déjà approchés -

Dans le cas de cette procédure, le tribunal nommerait un administrateur judiciaire qui piloterait la société jusqu'à ce qu'une solution lui soit présentée, par exemple un projet de reprise.

Du côté du ministère du Redressement productif, on ne cache pas que des repreneurs potentiels ont été approchés depuis longtemps pour qu'ils présentent une offre au cas où la mise en redressement judiciaire serait prononcée.

Parallèlement aux négociations à New York, le ministre Arnaud Montebourg et son cabinet ont tenu mercredi soir "un premier round" de conversations "dans un climat tendu" avec des représentants du fonds Apollo et les banques.

Le ton du message était clair: "Si vous ne parvenez pas à un accord, vous serez tous les deux perdants", a indiqué une source du cabinet.

Ces négociations de la "dernière chance" étaient suivies avec inquiétude par les salariés. "S"ils ne trouvent pas d'accord, le couperet tombera jeudi à 11H30 pour nous", a expliqué à l'AFP Guy Dolveck, délégué central CFDT.

Mercredi, lors d'un comité central d'entreprise extraordinaire au siège de l'entreprise dans les Hauts-de-Seine, "on nous a expliqué ce qui pouvait arriver lors d'une procédure de redressement judiciaire, les différentes possibilités: plan de continuation, de cession ou liquidation", rapporte Alain Suarez (CGT, syndicat majoritaire).

"La direction nous a dit qu'ils avaient encore un peu de trésorerie pour payer les salaires de mars", précise-t-il. Interrogé sur les rumeurs de presse faisant état d'un projet de reprise par un groupement industriel, il a indiqué que "le sujet n'a pas été abordé".

Selon lui, dans tous les cas de figure, "l'usine du Cheylas (Isère, sud-est de la France) est condamnée (...). Ils prévoient de supprimer les 108 postes fin août 2014 et de transférer des machines sur deux autres sites". Cette usine est spécialisée dans la production d’aciers à ressort pour l’automobile et les poids lourds. Elle comptait 525 salariés en 2008, avant les deux précédents plans sociaux.

Ascométal compte trois grosses usines en France produisant de l'acier avec des fours électriques, à Dunkerque (Nord), Hagondange (Moselle, est) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône, sud). Il dispose aussi de sites à Custines (Meurthe-et-Moselle, est), Le Marais (Loire, centre-est) et Le Cheylas (Isère).

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