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Coronavirus : le CHRU de Nancy dénonce les suppressions de postes prévues par le directeur de l'ARS Grand-Est

Le Grand Est est l'une des régions les plus durement touchées par l'épidémie de coronavirus. Des malades du CHRU de Nancy ont été transférés jusqu'en Nouvelle-Aquitaine par TGV médicalisé.[JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP]

Alors que les soignants sont en première ligne de la lutte contre le coronavirus, les propos de Christophe Lannelongue, directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) Grand-Est, passent mal. Interrogé sur l'avenir du CHRU de Nancy, il a estimé qu'il n'y avait «pas de raisons de remettre en cause» les suppressions de poste décidées avant l'épidémie.

Dans une interview donnée à l'Est républicain, il revient sur le Comité interministériel de performance et de la modernisation de l'offre de soins (Copermo) qui prévoit la suppression de 598 postes et 174 lits d'ici à 2025, au CHRU de Nancy.

Christophe Lannelongue ajoute ensuite que «le dossier devrait être examiné début juin», puisque «la trajectoire reste la même».

Indignées, les équipes du CHRU de Nancy ont elles-mêmes contacté le Premier ministre et le ministre de la Santé, au travers d'un courrier signé par Christian Rabaud, président de la Commission médicale d'établissement, et Laurent Hénart, maire de Nancy et président du Conseil de surveillance.

Insistant sur «la capacité d'adaptation absolument remarquable» des soignants face à la crise, cette lettre au gouvernement rappelle que les équipes du CHRU de Nancy «ont augmenté de manière exponentielle les capacités en lits de réanimation, passant de 70 à 160 lits ouverts au service direct des malades».

Christian Rabaud et Laurent Hénart estiment ainsi que la position de Christophe Lannelongue est «totalement décalée» et «témoigne d'une absence de compréhension des réalités de terrain».

«Cette crise sanitaire que nous affrontons nous imposera collectivement une révision complète de la politique de santé conduite dans ce pays depuis le début du siècle, pour l'adapter aux enseignements que nous devons en tirer, écrivent-ils. Le Copermo tel que nous l'avons connu, avec ses normes, abaques et doctrines, n'est de toute évidence plus adapté.»

Sur Twitter, Olivier Véran leur a apporté une première réponse allant dans leur sens. Selon le ministre de la Santé, «l'heure viendra de tirer les enseignements de cette crise sans précédent et de refonder notre Hôpital. Tous les plans de réorganisation sont évidemment suspendus à la grande consultation qui suivra».

En parallèle, Mathieu Klein, président du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, a quant à lui écrit à Emmanuel Macron, pour demander l'annulation de «la dette de l'hôpital public», mais aussi de «ne pas engager de suppressions de postes supplémentaires».

A la toute fin de son courrier au président de la République, l'élu local a ajouté ces quelques mots, écrits à la main : «Vos mots forts à Mulhouse doivent maintenant trouver une traduction forte sur le terrain. Nous sommes déterminés à trouver ensemble les réponses audacieuses que le pays et ses territoires attendent pour se relever de ce choc immense.»

Mathieu Klein fait ici référence au «plan d'investissement massif» pour l'hôpital, annoncé par Emmanuel Macron lors de son intervention à Mulhouse, le 25 mars. Le chef de l'Etat avait notamment évoqué une prime exceptionnelle pour le personnel soignant, une majoration des heures supplémentaires et, surtout, la revalorisation de l'ensemble des carrières du monde hospitalier à l'issue de la crise.

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