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L’emploi contribue à la «reconquête républicaine des quartiers», selon Abdel Belmokadem, fondateur de Nes & Cité

Nes & Cité organise des rencontres avec les candidats pour mieux cerner leurs envies et profils. [Nes & Cité ]

A deux semaines du premier tour de la présidentielle, l’emploi est un sujet peu abordé par les candidats. Le secteur connaît pourtant une embellie, notamment dans les quartiers sensibles où le taux de chômage, en particulier chez les jeunes, est plus haut que la moyenne nationale.

Cela, on le doit notamment aux acteurs de terrain, qui se mobilisent au quotidien pour aider ces populations, à l'instar d'Abdel Belmokadem. «J’ai utilisé l’outil de l’emploi pour reconquérir de manière républicaine les quartiers», a confié à CNEWS le fondateur de Nes & Cité, un «cabinet pour accompagner les collectivités et les entreprises à mieux recruter».

Créé en 2001, après les émeutes de Vaulx-en-Velin (Rhône), Nes & Cité recrute et place des candidats qui souhaitent trouver un emploi. Il organise également des événements comme des jobs dating. Depuis le lancement du cabinet de médiation sociale, environ 7.000 personnes ont trouvé un emploi grâce à son dispositif, affirme le Rhodanien.

Au dernier pointage publié fin février par l’INSEE, le taux de chômage en France était de 7.4% lors du dernier trimestre de 2021. Un résultat proche de la promesse faite il y a cinq ans par Emmanuel Macron : ramener ce chiffre à 7%.

Plus d’argent dans l’humain que dans le bâti

«On n’a jamais vu ça en 20, 30 ans», déclare Abdel Belmokadem, qui a pu constater un changement sur le terrain depuis «l’avènement du Plan d’investissement dans les compétences (PIC)», un volet du Grand plan d’investissement 2018-2022.

«L’Etat a mis en place un dispositif pour faire des appels à projet, avec une enveloppe budgétaire assez conséquente, pour soutenir des projets d’accompagnement à l’emploi sur différentes thématiques et l’une d’elle, sur laquelle on émarge, c’est la remise à l’emploi des invisibles», explique le fondateur de Nes & Cité.  

Avec ce projet, «l’Etat met plus d’argent dans l’humain que dans le bâti», souligne-t-il en pointant du doigt la démolition des blocs de bâtiments pour construire des immeubles plus à taille humaine, «en oubliant que dedans il y avait des gens en situation de précarité».

«Il ne faut pas tout retirer car ça reste fragile»

«Depuis le PIC, il y a des moyens financiers pour que tous les porteurs de projets puissent se positionner et défendre leurs chances, partage le patron de Nes & Cité. Et ça fonctionne plutôt bien car ça nous permet de faire à grande échelle ce qu’on faisait dans notre coin depuis 20 ans».

Ce plan de l’Etat a également permis à des projets comme ceux menés par le cabinet de médiation sociale «de connaître de l’intérieur les institutions de l’emploi». «Le PIC a mis tout le monde autour de la table : les acteurs économiques privés, associatifs, qui font de l’accompagnement à l’emploi, ou bien des institutions comme Pôle Emploi, ou les DDETS (Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités) ont permis de pouvoir coproduire ensemble des solutions».

Si les économistes attribuent la baisse du chômage à plusieurs facteurs, dont la conjoncture économique, pour Abdel Belmokadem, elle est aussi due au fait que le gouvernement a «su écouter les gens du terrain».

A l’approche des élections, celui qui souligne être «le premier médiateur de France» garde un œil sur la campagne présidentielle, qu’il suit «d’un regard extérieur mais intéressé».

Il peut juste constater, un brin dépité, l’absence de l’emploi dans les débats : «personne n’en parle pour le moment», regrette-t-il. Pourtant, il sera attentif aux résultats car «ce qui est politique nous intéresse et ça impacte nos actions sur le terrain».

«Peu importe qui va gagner les élections»

En effet, les efforts financiers réalisés par l’État ont grandement contribué à l’amélioration du marché du travail dans les quartiers, d’après Abdel Belmokadem. Il n’attend donc pas du prochain gouvernement qu’il mette plus de moyens et d’argent «mais ce qui est sûr c’est qu’il ne faut pas faire moins».

«Peu importe qui va gagner les élections, aujourd’hui il y a encore des besoins prévient-il. Il ne faut pas tout retirer car ça reste fragile et il y a ceux qui restent sur le carreau, qui sont les plus éloignés de l’emploi, ceux que personne ne touche. Là, on n'est plus dans les invisibles mais dans les transparents : ceux qu’on ne voit plus».

Pour le créateur de Nes & Cité, «c’est trop tôt de dire qu’on retire les moyens, au contraire il faut les maintenir et les renforcer». Il laisse alors poindre une inquiétude : que la bonne santé de l’emploi, notamment dans les quartiers, n’entraîne une baisse des moyens mis à disposition.

Or, «on ne sait pas comment la conjoncture économique va tourner. Depuis deux ans c’est plutôt positif mais on ne sait pas pour les deux prochaines années», relève-t-il.

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