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Education : les enseignants sont contraints de se former à 80% seuls et sur leur temps libre, d'après une enquête

35% des enseignants interrogés estiment que leur propre formation induit une progression dans les pratiques d'apprentissage des élèves. [Unsplash/Kenny Eliason]

Selon un baromètre de l'Observatoire Ecolhuma, l'offre de formation proposée aux enseignants n'est pas adaptée à leurs besoins. Ils sont donc contraints de développer seuls leurs compétences.

Les enseignants sont des «débrouillards de la formation continue». Selon un baromètre publié mardi 6 juin par l'Observatoire Ecolhuma, 80% de leur développement professionnel relève en effet de l'autoformation, pratiquée sur leur temps libre et donc non valorisée. Une question centrale à l'heure où la profession souffre d'un réel manque d'attractivité.

Un panel de 1.020 enseignants a été interrogé au mois de mars dans le cadre de cette enquête. D'après l'Observatoire Ecolhuma, l'objectif était de «comprendre leurs besoin de formation, leurs pratiques de développement professionnel et leurs impacts sur la réussite des élèves».

Les résultats révèlent que seulement 20% des activités de formation suivies par ces professeurs ont été proposées ou imposées par leur hiérarchie. Ils se chargent donc eux-mêmes du reste de leur formation continue (80%), principalement grâce aux outils numériques.

60% des interrogés ont indiqué se former sur les réseaux sociaux professionnels, 59% sur Internet via des sites dédiés. Viennent ensuite l'analyse personnelle (57%), le réseau d'enseignants (44%) et les discussions avec les collègues (41%). Les livres pédagogiques sont également cités parmi les outils de formation régulièrement mobilisés (37%).

Cette tendance très marquée à l'autoformation implique qu'une majorité de professeurs se forme en dehors du temps de travail. 67% d'entre eux y consacrent leurs vacances, 55% leurs week-ends et 45% leurs soirées.

Puisqu'il a lieu sur le temps libre, cet investissement n'est ni reconnu ni valorisé, en plus d'être très solitaire. Pourtant, le baromètre montre que le développement professionnel engagé par les enseignants à de multiples effets positifs sur leurs pratiques pédagogiques et, par extension, sur la réussite de leurs élèves.

Une amélioration des pratiques pédagogiques

Les personnes interrogées estiment en effet qu'il influe sur leur attitude envers leur profession, développant le désir d'approfondir ses connaissances (52%) et améliorant le bien-être au travail (30%). 48% d'entre elles jugent leurs pratiques pédagogiques meilleures et 49% disent avoir envie d'utiliser du nouveau matériel pédagogique grâce aux connaissances acquises via l'autoformation.

Autant de bénéfices dont les élèves profitent directement puisqu'une progression dans leurs pratiques d'apprentissage est signalée par 35% des enseignants interrogés. 25% de ces derniers estiment que les performances des enfants sont meilleures et une amélioration de leur comportement est aussi signalée à hauteur de 21%.

Questionnés sur leurs besoins en formation, les enseignants disent avant tout vouloir être guidés concernant l'engagement des élèves dans les apprentissages (37%), l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle (36%), la pédagogie auprès d'enfants avec des besoins particuliers (35%) et le développement global des compétences dans l'enseignement de leur(s) discipline(s).

Pour développer leur savoir-faire de manière efficace sur ces différents points, les interrogés souhaiteraient avoir accès à des activités de formation permettant d'apporter des réponses à des besoins immédiats (65%), qui donnent des solutions concrètes (63%) et offrent un apprentissage actif (58%). L'idéal serait qu'elles soient organisées dans leur établissement (54%) et qu'elles proposent un programme détaillé (53%).

Pour l'Observatoire Ecolhuma, les résultats de ce baromètre montrent que «la formation continue des enseignants est un facteur déterminant de la capacité d'un système scolaire à amener tous ses élèves vers la réussite». Elle doit, selon l'organisation, être appréhendée comme un «chantier majeur» de l'Education nationale car, pour l'heure, l'offre de formation proposée reste «insuffisamment adaptée» aux besoins exprimés.

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