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Violences faites aux femmes : #NousToutes dénonce «l'absence sidérante» de politiques publiques efficaces

Pour la seule année 2021, l'Observatoire national des violences faites aux femmes a souligné que 82% des morts au sein du couple étaient des femmes. [JULIEN DE ROSA / AFP]

Samedi 25 novembre, à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, plusieurs collectifs et associations appellent à manifester. #NousToutes a notamment formulé plusieurs revendications.

«Nous ne voulons plus compter nos mortes», écrit le collectif féministe #NousToutes, dans son appel national à la manifestation pour la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, samedi 25 novembre. Alors que les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur ont montré une hausse de 15% en un an du nombre de victimes de violences conjugales en 2022, #NousToutes appelle à la mobilisation partout en France.

Début novembre, le ministère de l'Intérieur a révélé que 244.300 victimes de violences conjugales avaient été recensées par les forces de l'ordre en France pour l'année 2022. 86% d'entre elles étaient des femmes, tandis que 87% des mis en cause étaient des hommes.

Si le ministère et les associations de défense des droits des femmes s'accordent pour dire que l'augmentation observée est en partie liée au fait que la parole des victimes s'est libérée, #NousToutes rappelle que «les femmes et les minorités de genre subissent au quotidien des violences sexistes et sexuelles : au travail, dans la rue, dans le foyer, dans les services de santé».

«Nous sommes harcelées, insultées, exploitées, discriminées, violées, tuées», écrit le collectif, qui dénombre «850 femmes [...] assassinées sous les mandatures d'Emmanuel Macron». Pour la seule année 2021, l'Observatoire national des violences faites aux femmes a de son côté souligné que 82% des morts au sein du couple étaient des femmes. 122 ont été «tuées par leur partenaire ou ex-partenaire» cette année-là et 23 hommes sont décédés dans les mêmes circonstances.

Ces chiffres montrent par ailleurs que «14 enfants mineurs» sont morts en 2021, «tués par un de leurs parents dans un contexte de violence au sein du couple». #NousToutes déplore également «des centaines de milliers d'enfants co-victimes» chaque année en France, dont certains se retrouvent orphelins à la suite d'un féminicide.

Cette Journée internationale de mobilisation, lancée à l'appel de plusieurs collectifs et associations, vise ainsi à «dénoncer l'absence sidérante de politiques publiques pour lutter efficacement contre les violences faites à toutes les femmes, aux enfants et aux minorités de genre». Les associations se disent «abandonnées par l'Etat» et «ne peuvent plus accompagner les victimes dans de bonnes conditions». Certaines sont même «contraintes de mettre la clef sous la porte».

Un budget de 2,6 milliards d'euros demandé

Les organisations féministes pointent une dégradation globale des services publics et de la protection sociale, dont les femmes sont les premières à pâtir. Les récentes réformes des retraites, du chômage et du RSA sont notamment mises en cause puisque les femmes mènent souvent «des carrières hachées» et «les métiers féminisés, notamment ceux du soin, sont les plus dévalorisés, les plus précarisés et les plus pénibles».

«Nous ne pouvons pas fuir un père, un conjoint, un employeur, un système violent si notre survie matérielle n'est pas assurée», écrit #NousToutes. Le collectif rappelle que les financements des hébergements d'urgence pour les femmes victimes de violences ont notamment été «drastiquement» réduits et que, dans le même temps, «les expulsions locatives et le mal-logement touchent en majorité les mères seules avec enfants, les femmes et les minorités de genre».

Pour cette édition 2023, #NousToutes a formulé plusieurs revendications afin de lutter contre les violences faites aux femmes, parmi lesquelles la mise en place d'un budget minimal de 2,6 milliards d'euros dédié à cette cause et l'adoption de politique publiques adaptées. Les propositions du collectif vise notamment la prévention des violences, en éduquant les enfants à l'égalité des genres et au consentement mais aussi en sanctionnant les entreprises qui ne disposent pas de plan de prévention des violences sexistes et sexuelles.

L'accompagnement et le soutien des victimes est aussi un axe clé, avec pour objectif le «maitien et l'augmentation des financements pour les associations qui remplissent des missions de service public d'accueil, d'hébergement et de solidarité» envers les victimes.

Pour financer l'organisation des manifestations prévues ce samedi partout dans le pays, #NousToutes a ouvert une cagnotte en ligne. En 2022, selon les données du collectif, 80.000 personnes ont manifesté à Paris et 100.000 dans toute la France à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

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