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Trump et son style abrupt laissent les Européens perplexes

[MIGUEL MEDINA / AFP]

Le premier déplacement de Donald Trump en Europe devait être l'occasion d'apaiser, de clarifier : le président américain aura, sur le fond comme la forme, à Bruxelles comme en Sicile, plutôt alimenté leur perplexité et leur défiance.

Le discours de jeudi au siège de l'Alliance atlantique a donné le ton : se posant en défenseur intraitable du contribuable américain, le locataire de la Maison Blanche a, dans une allocution prenant parfois des accents de campagne, fait la leçon à des Alliés accusés de devoir «d'énormes sommes d'argent».

L'image, qui a tourné en boucle, du président de la première puissance mondiale bousculant le Premier ministre du petit Monténégro pour s'imposer au premier rang, n'a pas contribué à apaiser les choses.

Cette entrée en matière a renforcé le sentiment que si le président républicain avait goûté avec un plaisir non dissimulé à l'accueil royal qui lui a été réservé en Arabie saoudite, son escale européenne suscitait chez lui moins d'enthousiasme.

Signe symbolique : deux de ses conseillers les plus influents, sa fille Ivanka et son gendre Jared Kushner, omniprésents à Ryad et à Jérusalem, ont quitté la délégation présidentielle avant le deuxième volet du voyage.

Sortir de «l'ambiguïté stratégique»

Certes, Donald Trump se tient désormais à l'écart de ses interrogations les plus provocatrices sur l'utilité de l'Otan ou le devenir de l'UE. Mais dans le cadre enchanteur de Taormina, joyau de la Sicile qui accueille le sommet du G7, il aura peu fait pour renforcer les liens.

Nombreux, en Europe, espéraient que ce voyage lui permettrait de sortir de ce que Julianne Smith du «Center for a New American Security» (CNAS), appelle «l'ambiguïté stratégique». «C'est un outil que cette administration peut trouver utile face à ses adversaires», explique-t-elle. «Mais pour les alliés européens à travers le continent, du nord au sud et de l'est à l'ouest, cela crée un sentiment d'incertitude et d'insécurité». Or le flou persiste.

Sur l'accord de Paris sur le climat, l'administration Trump, qui a déjà reporté sa décision, fait durer le suspense, se refuse à donner un calendrier.

Sur les échanges commerciaux, elle continue à brandir la menace de mesures de rétorsions. «Son analyse sur la réciprocité en matière d'échanges est simple : vous nous traitez de la façon dont on vous traite, ou vous nous traiterons de la façon dont vous nous traitez», résume d'une phrase Gary Cohn, son conseiller économique.

Les analystes sont divisés : si certains s'inquiètent de possibles mesures protectionnistes aux conséquences en cascade imprévisibles, d'autres voient dans les mises en garde de Trump de simples effets de manche qui ne seront pas suivis d'effet.

Ce qui frappe dans cette escale européenne est la volonté du magnat de l'immobilier de donner, en toutes circonstances, des gages à sa base électorale, de l'autre côté de l'océan, qui a gardé en tête un slogan : «L'Amérique d'abord».

«Venu ici pour apprendre»

«Son point de vue évolue», lançait jeudi soir Gary Cohn, conseiller économique de M. Trump, en évoquant l'accord de Paris sur le climat. «Il est venu ici pour apprendre». 

A peine avait-il fini sa phrase, le général H.R. McMaster, conseiller à la sécurité nationale, debout à ses côtés, rectifiait le tir : «Il y une chose qui ne changera pas : il prendra ses décisions en fonction de ce qu'il pense être le mieux pour les Américains».

Reste la question des interactions entre le nouveau locataire de la Maison Blanche et chaque membre du G7. «Le président aime la communication, ce qui ne vous surprendra pas», résumait Rex Tillerson, chef de la diplomatie américaine, interrogé à bord d'Air Force One sur le style Trump.

Lors du G7 de Sicile, il n'a publiquement affiché sa complicité qu'avec son «ami» Shinzo Abe, le Premier ministre japonais. 

Les discussions avec Theresa May ont été entachées par l'affaire des fuites sur l'enquête de Manchester. Les relations avec Angela Merkel, qui vient de rappeler à Berlin sa complicité avec Barack Obama, ne sont pas au beau fixe.

L'histoire avec le nouveau président français Emmanuel Macron reste à écrire, au-delà d'un déjeuner, d'un premier échange «constructif et direct» et d'une étrange - et virile - poignée de main.

Pour le 45e président des Etats-Unis, qui devait quitter la Sicile samedi soir, l'occasion de donner publiquement des gages de fidélité à ses alliés européens est probablement passée. Contrairement à une tradition observée par ses prédécesseurs, il n'a pas prévu de conférence de presse à l'issue de son voyage de huit jours.

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