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En Ouganda, le quidditch aide les femmes à avancer sur le chemin de l'égalité

Le quidditch s'est importé dans un petit village ougandais Le quidditch s'est importé dans un petit village ougandais[Christopher Capozziello / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

Difficile de savoir si J.K. Rowling imaginait une telle chose au moment d'écrire pour la première fois les règles du quidditch, le sport par excellence des sorciers dans ses romans de la saga Harry Potter. Dans un village ougandais, l'activité permet pour la première fois de s'exercer avec les garçons dans des équipes mixtes.

Tout est tiré de l'intervention d'un homme qui était alors enseignant à l'époque, explique The Christian Science Monitor, dans un article repéré par Courrier International. Après avoir appris l'existence de ce sport grâce à la lecture des aventures du jeune sorcier britannique en 2013, John Ssentamu a proposé à des étudiants de regarder des vidéos de personnes jouant au quidditch dans la vraie vie. Car depuis plusieurs années, des vraies équipes se sont formées et s'affrontent régulièrement. Une Coupe du monde est d'ailleurs organisée tous les deux ans.

Mais ce n'est pas ce qui a le plus marqué les élèves. En effet, que ce soit dans la fiction ou la réalité, les équipes de quidditch sont mixtes. À Busubi, village d'un millier d'habitants environ, cela n'était pas envisageable. En Ouganda, les femmes sont ainsi très loin d'y avoir l'égalité. La scolarisation n'est pas une priorité, et le sport encore moins, puisqu'il est prévu qu'elles se marient et aient des enfants. Mais ce n'est pas tout. Ainsi, en 2016, 56% des femmes auraient été victimes de violences conjugales, et 22% de violences sexuelles selon une étude

John Ssentamu voit alors l'opportunité de changer les mentalités grâce au sport. Il a donc appris aux jeunes garçons et filles les règles de ce sport. Il s'agit d'envoyer un ballon (le souafle) dans l'un des trois cerceaux adverses protégés par un gardien, en évitant de se faire toucher par deux ballons spéciaux (les cognards). L'un des joueurs, l'attrapeur, doit poursuivre le vif d'or, qui n'est pas une petite balle dorée comme dans le film, mais un joueur qui tente de s'échapper. Le tout avec un balai entre les jambes. 

Bientôt à la coupe du monde ?

Au vu du succès et de l'intérêt des plus âgés, l'enseignant a créé une équipe sénior, à laquelle des femmes ont pris part. Goreth Nakkazi, l'une d'elles, explique au Christian Science Monitor qu'elle peut prouver à son mari qu'elle est «meilleure que certains hommes». «Du coup, maintenant il est de mon côté, il me soutient dans tout ce que je fais. S'il doit rester avec le bébé quand je vais m'entraîner, il le fait», témoigne-t-elle. 

Aujourd'hui, 200 personnes joueraient au quidditch dans le pays. À tel point que ce dernier a été invité à présenter une équipe lors de la Coupe du monde à deux reprises, mais les visas ont toujours été refusés. Le moment aurait été historique, car aucune équipe africaine n'a jamais participé à l'événement. John Ssentamu travaille actuellement avec un avocat pour régler le problème. Mais plus qu'une participation à une compétition, celui qui est aujourd'hui directeur d'un centre de formation professionnel de Busubi aura réussi à changer l'état d'esprit d'une partie de ces concitoyens grâce à la littérature et le sport. Une victoire en soi. 

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