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Afghanistan : l'Australie va enquêter sur de possibles crimes de guerre commis par ses soldats

Les troupes australiennes ont quitté le sol afghan en 2013. [SHAH MARAI / AFP]

«Des manquements graves et peut-être criminels». L’Australie a annoncé jeudi la nomination d’un procureur pour enquêter sur d’éventuels crimes de guerre perpétrés par son armée en Afghanistan.

Des soupçons pèsent sur les agissements de certains membres des forces spéciales australiennes sur les civils et des prisonniers en Afghanistan. La décision de nommer un procureur a été prise par le Premier ministre australien Scott Morrison afin d'anticiper toute saisine éventuelle de la Cour pénale internationale (CPI).

Si les troupes australiennes ont quitté l’Afghanistan en 2013, plus de 26.000 soldats australiens ont été déployés dans le pays, dans le cadre de la coalition menée par les Américains après les attentats du 11 septembre 2001.

Plusieurs médias australiens ont rapporté des accusations très graves contre les forces australiennes, comme le cas d'un homme qui aurait été abattu pour faire de la place dans un hélicoptère, ou celui d'un enfant de six ans tué lors d'un raid contre une maison.

Des «traitements cruels»

Le gouvernement avait initialement cherché à fermer les comptes de lanceurs d'alerte faisant état de ces accusations, alors que la police s'en prenait aux journalistes d'investigation les relayant.

De son côté, l'Inspecteur général des Forces de défense australiennes a mené pendant quatre ans une enquête sur «les rumeurs et allégations» de «violations possibles du droit des conflits armés».

Ces investigations ont permis d'identifier 55 incidents distincts liés au meurtre illégal de «personnes qui n'étaient pas des combattants ou qui n'étaient plus des combattants», ainsi qu'à des «traitements cruels». Le Premier ministre a précisé qu'une version expurgée du rapport de l'Inspecteur général serait rendue publique dans les prochains jours.

La nomination d'un procureur est une nouvelle étape dans la judiciarisation de ces accusations. Elle pourrait déboucher un jour sur des poursuites contre des membres des forces armées.

L'armée est très populaire en Australie, et ses nombreux engagements à l'étranger, de Gallipoli à Kokoda, ont contribué à forger l'identité de l'île-continent en tant qu'entité distincte de la puissance coloniale britannique.

«Faire face aux vérités honnêtes et brutales»

«Les hommes et femmes engagés ainsi que les forces de défense actuelles et passées partagent les attentes et les aspirations des Australiens quant à nos forces de défense et à la façon dont elles mènent leur mission», a déclaré Scott Morrison. «Cela exige que nous fassions face aux vérités honnêtes et brutales, si les attentes et les standards n'ont pas été respectés».

Certains avaient avancé que la CPI pourrait se saisir de ces accusations si l'Australie ne le faisait pas. Prié de dire si la nomination d'un procureur réduisait le risque d'une enquête internationale, Scott Morrison a répondu aux journalistes: «Nous le pensons, oui. C'est le conseil que nous avons reçu». «Nous devons gérer cela en tant qu'Australiens, selon nos propres lois, et au travers de notre propre processus judiciaire».

L'affaire avait éclaté en 2017, quand la chaîne publique ABC avait publié les «Afghan files», une série d'enquêtes qui accusait les forces australiennes d'avoir tué des hommes non-armés et des enfants en Afghanistan.

La police avait en riposte ouvert une enquête sur deux journalistes d'ABC, Daniel Oakes et Sam Clark, soupçonnés d'avoir eu en leur possession des informations classifiées. Une perquisition avait même eu lieu l'an passé au siège de la chaîne à Sydney, avant que l'enquête ne soit classée.

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