En direct
A suivre

Histoire, géopolitique, bombardements… Tout comprendre au conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie

Considérée comme le médiateur de la région, la Russie a annoncé ce mardi être parvenue à un accord de cessez-le-feu entre les deux pays. [Valery SHARIFULIN / SPUTNIK / AFP]

Alors que des bombardements ont tué 50 militaires arméniens ce lundi 12 septembre, la crainte d’une escalade du conflit entre l’Arménie à l’Azerbaïdjan agite la communauté internationale. Retour en détail sur les origines du conflit et les multiples enjeux stratégiques pour les deux pays.

Au moins 50 militaires arméniens ont été tués dans des affrontements frontaliers avec l'Azerbaïdjan, les plus meurtriers depuis une guerre entre les deux pays du Caucase en 2020.

D’un côté, la riche famille Aliev et de l’autre, le pauvre état indépendant mené par Nikol Pachinian. En 1993, Heydar Aliev, ancien général du KGB, a pris la tête de l’Azerbaïdjan avant de la céder avant sa mort à son fils, Ilham, en 2003. Le voisin arménien a lui obtenu son indépendance en 1991 avec la chute de l'URSS, avant la prise de pouvoir de l’actuel Premier ministre Nikol Pachinian lors d’une révolution pacifiste en 2018.

Des bombardements et un bilan provisoire de 49 morts

Ce lundi soir, peu après 22h, des explosions liées à des tirs d’artillerie lancés depuis la zone frontalière ont retenti dans les villes arméniennes de Goris, Vardenis et Jermuk. Vers 1h du matin ce mardi, d’autres tirs ont été entendus à Kapan, à Martouni, à Sotk et à Artanish, selon Le Figaro.

Selon une annonce du gouvernement arménien faite ce mardi, des affrontements à la frontière commune avec l’Azerbaïdjan ont éclaté dans la nuit, même si ces derniers auraient perdu en intensité ce mardi. Le bilan communiqué fait état de 50 militaires tués en Arménie et de «pertes» qui n’ont pas été chiffrées dans les rangs de l’armée de l’Azerbaïdjan.

Un contexte géopolitique complexe

Le contexte géopolitique local demeure complexe. L’Azerbaïdjan, pays turcophone, peut compter sur le soutien indéfectible de la Turquie. En effet, l’Arménie a accusé l’ancêtre de la Turquie, à savoir l’Empire Ottoman, d’avoir perpétré un génocide sur leur terre lors de la Premier Guerre mondiale.

En revanche, l’Arménie peut compter sur le soutien de la Russie, un allié qui penche de leur côté malgré la vente d’armes effectuée à la fois pour les Arméniens et les Azerbaïdjanais.

A noter que l’Azerbaïdjan, composé majoritairement de musulmans chiites, possède une manne financière énorme en raison d’une abondance de pétrole. Une situation qui place le pays dans une position géostratégique forte avec la guerre en Ukraine car il s’agit de l’une des rares alternatives au pétrole russe.

La région de Nagorny-Karabagh au cœur du conflit

La région de Nagorny-Karabagh représente le point névralgique du conflit entre les deux pays. Cette enclave à majorité arménienne, rattachée en 1921 à l'Azerbaïdjan par les autorités soviétiques, a proclamé unilatéralement son indépendance en 1991, avec le soutien de l'Arménie.

Cette décision a conduit les deux nations à une guerre faisant près de 30.000 morts et plus de 100.000 réfugiés. Malgré un cessez-le-feu signé en 1994, la région reste en proie à de nombreux conflits armés.

Des affrontements avaient fait 110 morts en 2016, avant que la «Guerre des 44 jours» à l’automne 2020 ne vienne faire gonfler le bilan. Lors de ce conflit, 6.500 personnes avaient trouvé la mort en six semaines.

Ce dimanche, le ministre de la Défense azerbaïdjanais, Zakir Hasanov, a utilisé la même rhétorique que celle conduisant au massacre de 2020. Il a accusé l’Arménie de provocations armées contre lesquelles il appelait ses troupes à se tenir prêtes à riposter.

Les réactions de la communauté internationale

Considérée comme le médiateur de la région, la Russie a annoncé ce mardi être parvenue à un accord de cessez-le-feu entre les deux pays, bien que l’information n’ait pas été confirmée par l’Arménie ou l’Azerbaïdjan.

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken a exprimé ce mardi sa «profonde préoccupation» après avoir appelé les deux dirigeants concernés par ce conflit. Le porte-parole du département d’Etat, Ned Price, a assuré que les Etats-Unis allaient «faire pression pour un arrêt immédiat des combats et un accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan».

Enfin, l’Elysée a affirmé ce mardi que la France allait saisir le Conseil de sécurité de l’ONU en réponse aux bombardements constatés la nuit dernière. «La France portera la situation devant le Conseil de sécurité des Nations unies, dont elle assure actuellement la présidence», a indiqué le gouvernement français après un entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian la nuit dernière.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités