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Guerre en Ukraine : TotalEnergies visé par une plainte pour complicité de crimes de guerre

Cette plainte a été déposée jeudi auprès du procureur national antiterroriste, compétent pour les crimes de guerre, par l'association basée à Bordeaux Darwin Climax Coalition.[Christophe ARCHAMBAULT / AFP]

Deux ONG Razom We Stand et Darwin Climax Coalitions ont porté plainte à Paris pour complicité de crimes de guerre contre le groupe français TotalEnergies, accusé d'avoir continué à exploiter un gisement en Russie et permis de fabriquer du carburant utilisé par des avions russes dans le conflit en Ukraine.

Une plainte pour complicité de crimes de guerre a été déposée à Paris contre TotalEnergies, accusé d'avoir continué à exploiter un gisement en Russie et permis la fabrication de carburant utilisé in fine par des avions russes engagés dans le conflit en Ukraine, ce que le groupe conteste.

Cette plainte a été déposée jeudi auprès du procureur national antiterroriste, compétent pour les crimes de guerre, par l'association basée à Bordeaux Darwin Climax Coalition, qui dit oeuvrer pour la protection des droits humains et la défense des populations touchées par la prédation industrielle, et l'association ukrainienne Razom we stand, qui appelle à imposer un embargo sur les importations d'énergie fossile de Russie.

Ce que dément, ce vendredi, le géant français de l'énergie qui dénonce des accusations «outrancières», «diffamatoires» et «infondées».

La plainte rappelle que TotalEnergies détenait jusqu'à septembre 49% de la coentreprise Terneftegaz, qui exploite le gisement de Termokarstovoïe, dans le Grand Nord russe. Les 51% restants étaient détenus par le groupe russe Novatek, numéro deux du gaz russe, dont TotalEnergies est par ailleurs actionnaire à hauteur de 19,4%. Or, selon un article du Monde paru le 24 août qui se basait sur plusieurs documents et une enquête de l'ONG Global Witness, le champ gazier de Termokarstovoïe a fourni du condensat de gaz à une raffinerie proche d'Omsk en Sibérie, qui en a fait du carburant, lequel a ensuite été expédié pour alimenter les avions russes engagés dans le conflit en Ukraine au moins jusqu'en juillet dernier.

«La justice ne peut plus être aveugle»

Après la publication de l'article du Monde, le géant français de l'énergie, déjà critiqué pour son maintien en Russie, avait assuré qu'il ne produisait «pas de kérosène pour l'armée russe». Deux jours plus tard, il avait indiqué s'être accordé le 18 juillet pour céder ses 49% dans Terneftegaz à Novatek. Cette vente a été finalisée en septembre.

«Être 'complice de crimes de guerre' c'est fournir une aide directe à un Etat ou à une organisation criminelle auteurs des crimes», a par ailleurs estimé TotalEnergies. «Ces accusations sont une insulte à l'intégrité de nos équipes».

La plainte souligne de son côté «l’évolution juridique de la notion de complicité, revenant à considérer que les grands acteurs privés (et publics) peuvent être poursuivis (...) même si la preuve n’est pas rapportée qu’ils partagent le dessein de l’auteur principal», en l'occurrence de l'armée russe.

«La justice ne peut plus être aveugle face au concours indirect mais essentiel que des multinationales apportent à l'effort de guerre ou aux bénéfices considérables que continuent à tirer des multinationales après l'invasion de l'Ukraine», ont commenté auprès de l'AFP les avocats des associations, Mes William Bourdon, Vincent Brengarth et Henri Thulliez. «La France ne peut à la fois condamner l'invasion et rester inactive face aux comportements qui l'entretiennent», ont-ils ajouté.

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