En direct
A suivre

Brésil : tout comprendre sur l’affaire des bijoux saoudiens qui embarrasse Jair Bolsonaro

Les membres du gouvernement de Jair Bolsonaro sont accusés d'avoir fait entrer des bijoux illégalement sur le territoire brésilien Les membres du gouvernement de Jair Bolsonaro sont accusés d'avoir fait entrer des bijoux illégalement sur le territoire brésilien. [REUTERS/Adriano Machado]

L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro se retrouve une nouvelle fois dans la tourmente. Plusieurs enquêtes ont été lancées par la police brésilienne après la découverte de l’importation illégale de bijoux offerts par l’Arabie saoudite à l’ancien chef d’Etat. Mercredi 5 avril, il a nié «tout acte répréhensible» devant la police.

De quoi s’agit-il ?

L’affaire a été révélée par le journal brésilien O Estado de S. Paulo, qui a rapporté qu’une délégation du gouvernement de Jair Bolsonaro avait tenté de faire entrer illégalement sur le territoire des bijoux d’une valeur dépassant trois millions d’euros, sans les déclarer à la douane.

Selon ses informations, les douaniers avaient saisi un paquet dans le sac à dos d’un assistant du ministre des Mines et de l'Energie de l’époque, Bento Albuquerque, alors qu’une délégation brésilienne rentrait d’une visite officielle à Ryad. Ce paquet contenait entre autres une parure de diamants qui n’avait pas été déclarée à la douane, et a donc été saisie.

Cet assistant du ministre Albuquerque avait ensuite expliqué qu’un «envoyé» du gouvernement saoudien avait remis deux paquets qui devaient être remis au président Brésilien et à la Première Dame, Michelle Bolsonaro. Le deuxième paquet est entré au Brésil sans être contrôlé par la douane et s'est retrouvé en possession de Jair Bolsonaro.

2023-03-14t170127z_1048148630_rc2qtz9s5jle_rtrmadp_3_brazil-politics-bolsonaro_641339b5608fe.jpg
Amanda Perobelli / Reuters

Ces deux paquets contenaient des bijoux de la marque suisse Chopard, notamment une parure de diamants, avec un collier, une bague, une montre et des boucles d'oreille, d'un montant évalué à 3 millions d'euros, ainsi qu’une montre, un stylo-plume et des boutons de manchette.

Le journal Estado de Sao Paulo affirme par ailleurs que plusieurs membres de l’administration ont tenté huit fois de récupérer ces bijoux, en faisant pression sur les autorités douanières.

Pourquoi cela crée-t-il un scandale ?

Faire entrer les objets d’une telle valeur sans les déclarer contrevient à la loi brésilienne. En effet, tout bien d'une valeur supérieure à 1.000 dollars doit être déclaré à la douane avant d'entrer dans le pays, et son propriétaire doit payer une taxe d’importation.

Si ces bijoux avaient été déclarés comme des cadeaux officiels d’un Etat à un autre, il n'y aurait pas eu besoin de taxe d’importation, mais les bijoux seraient alors entrés dans la collection officielle de la présidence, et n’appartiendraient pas au couple Bolsonaro à titre personnel. Les membres du gouvernement n’ont donc pas le droit d’accepter des cadeaux, qui plus est de grande valeur, de gouvernements étrangers et à titre personnel.

La police fédérale et les autorités fiscales ont donc annoncé l’ouverture de plusieurs enquêtes sur cette affaire.

Que va-t-il se passer ?

De retour au Brésil après un long séjour aux Etats-Unis, Jair Bolsonaro a été entendu par la police fédérale mercredi 5 avril - une première depuis la fin de son mandat. L'ex-président a nié tout acte répréhensible, avant de partir sans faire de déclaration à la presse.

Mi-mars, la Cour des Comptes du Brésil avait ordonné à Jair Bolsonaro de remettre les bijoux encore en sa possession aux autorités sous cinq jours. L’organisme a également sommé l’ancien président de remettre des armes à feu reçues en cadeaux de la part des Emirats Arabes Unis en 2019 dans la collection officielle de la présidence.

La Cour des Comptes a en outre réclamé l’ouverture d’une enquête sur l'ensemble des cadeaux offerts par des pays étrangers sous la présidence de Jair Bolsonaro (2019-2022).

Ce scandale éclabousse un peu plus Jair Bolsonaro, déjà mis en cause pour son inaction durant l'épidémie de Covid-19. Une commission d'enquête parlementaire a réclamé son inculpation pour «crime contre l'humanité». 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités