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Guerre des généraux au Soudan : Russie, Emirats, Egypte… Qui soutient qui ?

Les généraux rivaux al-Burhane et «Hemetti» peuvent chacun compter sur des soutiens étrangers. [ASHRAF SHAZLY / AFP]

Au Soudan, le conflit sanglant entre les généraux rivaux al-Burhane et Hemetti pourrait devenir une nouvelle guerre par procuration, chaque camp étant soutenu par différents acteurs internationaux.

l'egypte avec le général putschiste al-Burhane

Le général al-Burhane commande l'armée soudanaise et dirige le pays depuis son putsch en 2021. C'est lui qui a mis fin au gouvernement de transition qui était chargé d’assurer la transition politique du Soudan après la chute de l’ex-président islamiste Omar el-Béchir, en 2019.

Dans sa guerre contre son rival «Hemetti», Al-Burhane peut compter sur le précieux soutien de son voisin égyptien, dont le régime autoritaire du maréchal al-Sissi lui sert de modèle. Le Caire voit par ailleurs d'un mauvais œil les relations qu'entretient le général «Hemetti» avec l'Ethiopie, un pays qui menace les ressources en eau de l'Egypte en construisant un barrage sur le Nil Bleu (affluent du Nil).

Les Emirats derrière les forces paramilitaires d'«Hemetti»

Ancien numéro 2 de son désormais ennemi al-Burhane, Mohamed Hamdane Daglo dit «Hemetti» dirige les Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire qu'une réforme prévoyait d'intégrer à l'armée régulière. Les deux généraux n'ont pas réussi à s'entendre sur les conditions d'intégration des FSR, chacun souhaitant garder le pouvoir au sein de l'Etat-major.

Se présentant comme un soutien du pouvoir civil et un opposant aux islamistes, «Hemetti» a su s'attirer les faveurs des Emirats Arabes Unis. A la tête de riches exploitations d'or, l'ambitieux général exporte ses minerais vers Abou Dabi.

la russie et wagner en embuscade

Partenaire historique du Soudan, notamment lors de la guerre du Darfour, la Russie observe avec prudence le conflit naissant entre al-Burhane et «Hemetti». Moscou lorgne en effet sur Port-Soudan, ville située sur la mer Rouge, pour y installer une base navale. L'instabilité politique et sécuritaire actuelle n'arrange pas les affaires du Kremlin, ce qui explique ses appels au cessez-le-feu.

En sous-main, Moscou est aussi présent dans le pays via le groupe Wagner, qui exploite l'or du pays avec la complicité du régime, comme l'a démontré une enquête du Monde. Des informations qui pourraient laisser deviner une proximité entre Wagner, la Russie et «Hemetti», lui-même très impliqué dans le trafic d'or. Ce dernier s'est d'ailleurs rendu à Moscou lors d'une visite officielle en février 2022, juste avant le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Toutefois, si des intérêts convergents se dessinent, la Russie ne soutient pas officiellement pas le général «Hemetti».

les occidentaux évacuent leurs ressortissants, Washington négocie

Côté occidental, les Etats-Unis ont assuré un rôle de médiation entre les deux camps, aboutissant lundi à la conclusion d'un fragile cessez-le-feu de trois jours pour évacuer les civils et ouvrir des couloirs humanitaires.

Cette trêve «donnera lieu à un dialogue sur les modalités d’un cessez-le-feu définitif», a précisé Khaled Omar Youssef, le porte-parole des Forces de la liberté et du changement, des civils opposés à la junte. Le secrétaire d'Etat américain a également indiqué travailler avec les alliés et les partenaires des Etats-Unis en vue de la mise en place d'une «commission» chargée de négocier une cessation permanente des hostilités au Soudan.

La France n'a elle officiellement pas pris parti pour l'un ou l'autre général dans le conflit. Paris s'est essentiellement concentré sur l'opération «Sagittaire» d'évacuation de ressortissants français et étrangers du Soudan. La France a évacué au total 538 personnes, dont 209 Français, a annoncé mardi le président Emmanuel Macron.

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