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Attaques en Israël : quelles conséquences sur la guerre en Ukraine ?

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé ses craintes concernant la continuité de l'aide militaire apportée par ses alliés Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé ses craintes concernant la continuité de l'aide militaire apportée par ses alliés [REUTERS/Yves Herman/Pool]

Après les attaques terroristes du Hamas, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui a apporté tout son soutien à Israël, a exprimé ses craintes concernant un potentiel détournement de l’attention internationale, alors que Kiev a absolument besoin du soutien de ses alliés pour continuer à combattre la Russie.

Les attaques du Hamas en Israël, une opportunité pour la Russie de reprendre le dessus en Ukraine ? Depuis plusieurs semaines, Kiev s’inquiète d’un possible essoufflement du soutien qu’elle reçoit de la part de ses partenaires internationaux, et d’une certaine lassitude en raison de l’enlisement du conflit. Des inquiétudes accentuées depuis samedi dernier avec les attaques du Hamas en Israël. 

Lors d’un entretien pour France 2 diffusé mardi soir, le président Ukrainien, Volodymyr Zelensky, a affirmé : «l'attention internationale risque de se détourner de l'Ukraine, et cela aura des conséquences». «Une guerre terrible est en cours dans notre pays. En Israël, beaucoup de personnes ont perdu leurs proches. Ces tragédies sont différentes, mais toutes les deux sont immenses», a-t-il ajouté, refusant de comparer les deux conflits.

Volodymyr Zelensky a également accusé le président russe, Vladimir Poutine, de soutenir le Hamas dans son attaque contre Israël. «Nous sommes certains que la Russie apporte son soutien, d’une manière ou d’une autre, aux opérations menées par le Hamas», a-t-il déclaré, affirmant disposer d’informations en ce sens grâce aux services de renseignements ukrainiens. 

Craintes d'importantes attaques russes cet hiver

Techniquement, la Russie n’a pas pris clairement position concernant les attaques du Hamas survenues samedi. Vladimir Poutine a toutefois exprimé son «inquiétude» face à «l’augmentation catastrophique» de victimes civiles en Israël et dans la bande de Gaza. Mardi, il a également appelé à la création d’un «État palestinien», et a jugé que cette escalade dans la guerre entre Israël et le Hamas était le signe criant de «l’échec» de la politique des États-Unis au Moyen-Orient. 

De nombreux observateurs internationaux ont par ailleurs estimé que les attaques du Hamas étaient une aubaine pour la Russie, puisqu’elles allaient effectivement détourner l’attention internationale de l’Ukraine vers Israël, dont les États-Unis sont un allié historique. 

Ces craintes se font d’autant plus pesantes que Kiev redoute une intensification des attaques russes cet hiver, visant notamment ses infrastructures énergétiques, et qui pourraient priver la population ukrainienne de chauffage et d’électricité. Volodymyr Zelensky était ainsi en visite surprise à l’Otan ce mercredi pour exhorter les membres de l’organisation à renforcer leur soutien. 

Désaccords au Congrès américain

Le président ukrainien est notamment préoccupé par l’avenir de ses aides militaires car les États-Unis, principal allié de l’Ukraine, traversent une période d’instabilité politique. En effet, la semaine dernière, le président de la Chambre des Représentants, la chambre basse du Congrès américain, a été destitué, sur fond de conflit interne au parti Républicain sur l’aide militaire qu’apportent les États-Unis à l’Ukraine. En effet, une partie des députés de la droite dure souhaitent mettre un terme aux livraisons d’armes et au soutien financier envoyé à Kiev, préférant utiliser ces fonds pour la politique intérieure. En l’attente de l’élection d’un nouveau «speaker», les travaux parlementaires de la Chambre des Représentants sont à l’arrêt, et l’approbation d’une nouvelle aide pour Kiev par les députés américains, au point mort. 

 «Le destin de l'Ukraine dépend de l'unité du reste du monde. L'unité mondiale dépend beaucoup de l’unité des États-Unis», a déclaré le dirigeant ukrainien sur France 2. «Un Congrès divisé, c’est la certitude d’une division sur la question de l’aide à l'Ukraine», a-t-il ajouté. 

Depuis le début du conflit, en février 2022, les Américains ont débloqué quelque 110 milliards de dollars d’aide civile et militaire pour Kiev, devenant ainsi un partenaire indispensable. Avant l’éclatement de la crise au Congrès, le président américain, Joe Biden, avait prévu une enveloppe de 24 milliards de dollars supplémentaires pour l’Ukraine, qui devait être votée par le Congrès. 

Si les États-Unis ont, depuis le début de la guerre, assuré de leur soutien sans faille à Kiev, l’aide pour Israël, dont ils sont également un partenaire historique, rentre désormais aussi en compte. «Le financement de l'Ukraine, tant militaire qu'en soutien à l'économie ainsi que les ressources à destination d'Israël sont les priorités absolues de l'administration Biden», a notamment fait savoir la secrétaire américaine du Trésor, Janet Yellen, en marge d’un sommet du FMI ce mercredi. 

Les alliés de Kiev toujours mobilisés

Malgré les inquiétudes, ses principaux partenaires, européens et américains ont tenu à rassurer l’Ukraine. En effet, depuis l’éclatement de la crise politique au Congrès américain, les pays européens ont réaffirmé leur soutien militaire et financier, et même après les attaques du Hamas en Israël. 

«Rien n'affectera en aucune façon le soutien de l'Union européenne. Cela ne fait aucun doute», a assuré Eric Mamer, le porte-parole en chef de la Commission européenne, lors d’un point-presse ce lundi, comme le souligne Franceinfo. «Nous sommes aux côtés du peuple ukrainien aussi longtemps que nécessaire dans le conflit contre la Russie», a-t-il ajouté. «La Russie essaie d’utiliser tout ce qui se passe sur la scène internationale soit pour alimenter l'instabilité, soit pour renforcer sa campagne contre l'Ukraine. Mais cela ne signifie pas que l’attention de l'Union européenne s’est détournée de l’Ukraine», a complété Peter Stano, le porte-parole des Affaires étrangères et de la police de sécurité de l’UE. 

Les États-Unis ont également balayé les craintes d’une diminution de l’aide à l’Ukraine en raison des attaques du Hamas. «Sur la question de savoir si le soutien américain à Israël peut affecter ou non le soutien américain à l'Ukraine, nous n'anticipons aucun problème à ce sujet», a confirmé Julianne Smith, ambassadrice américaine à l’Otan, ce mercredi. «Je pense que les Etats-Unis seront capables de rester concentrés sur notre partenariat et notre engagement envers la sécurité d'Israël et de tenir à la fois nos engagements et notre promesse de continuer à soutenir l'Ukraine», a-t-elle souligné. 

De nouvelles aides

Par ailleurs, de nouvelles aides pour Kiev ont été validées. Le ministre de la Défense britannique a annoncé ce mercredi une enveloppe de 115 millions d’euros pour aider au déminage de l’Ukraine, qui provient du Fonds international pour l’Ukraine, administré par le Royaume-Uni. Cet argent permettra de «nettoyer les champs de mine». Parallèlement, 500 millions d'euros ont également été promis à l'Ukraine lors d'une conférence de donateurs en Croatie ce mercredi, également pour le déminage du pays.  

Volodymyr Zelensky a en effet souligné que quelque six millions de personnes sont directement exposées au risque de mines en Ukraine, où 30% du territoire serait contaminés. «L'Ukraine est à présent le pays le plus miné sur terre», selon le ministère britannique de la Défene, ce qui constitue un «obstacle» à la contre-offensive. 

L’Allemagne a de son côté annoncé ce mardi une nouvelle livraison de systèmes de défense antiaérienne, de chars et d’autres blindés. 

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