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Équateur : tous les otages retenus par des mutins en prison sont libérés

Cotopaxi est l'une des prisons où les gardiens sont restés otages après une vague de violence à travers le pays. Cotopaxi, dans la ville de Latacunga en Équateur, est l'une des prisons où les gardiens sont restés otages après une vague de violence à travers le pays. [REUTERS/Cristina Vega]

Depuis plusieurs mois, l'Équateur est le théâtre de règlements de comptes entre narcotrafiquants et voit le nombre de détenus dans ses prisons exploser. Un peu moins de 200 otages étaient retenus jusqu'à ce samedi dans plusieurs centres pénitentiaires, après que des mutineries se sont déclenchées.

Ce sont près de 175 personnes, gardiens et fonctionnaires de l'administration pénitentiaire, qui ont été pris en otage en fin de semaine dernière. Une quarantaine d'entre eux avaient été libérés samedi dans la journée, les autorités évoquant une médiation de l'Église catholique.

Après une semaine de calvaire, tous les otages, soit 136 personnes, qui restaient retenus par des mutins dans les prisons équatoriennes ont été libérés dans la nuit de samedi à dimanche, a annoncé l'administration pénitentiaire.

«Cette nuit, les protocoles de sécurité et l'action conjointe de la police et de l'armée nationale ont permis la libération de tous les otages qui étaient retenus dans différentes prisons du pays», indique ce communiqué.

Le corps d'un fonctionnaire retrouvé

«Félicitations au travail patriotique, professionnel et courageux des forces armées, de la police nationale et du SNAI pour avoir obtenu la libération des gardiens et des personnels administratifs détenus dans les centres de détention d'Azuay, Cañar, Esmeraldas, Cotopaxi, Tungurahua, El Oro et Loja», a réagi le président Daniel Noboa dans la foulée sur le réseau social X.

Selon la police, ce sont 46 gardiens et un fonctionnaire qui ont été libérés de la prison de Cotopaxi (centre), 13 de la prison de Tungurahua (centre), et 15 autres de la prison d'El Oro (sud-ouest), où a été retrouvé le corps sans vie d'un fonctionnaire. Les images diffusées par la police ont montré les gardiens, parmi lesquels de nombreuses femmes, en pleurs, épuisés et soutenus par leurs collègues peu après leur libération.

Depuis une semaine que durait leur détention, ces mêmes otages, sous la menace des mutins armés de couteaux ou d'armes à feu, appelaient régulièrement les autorités à l'aide et à la retenue, selon des vidéos diffusées régulièrement sur les réseaux sociaux. Au moins deux d'entre eux, dont l'un a été pendu, ont été exécutés par les mutins, toujours selon ces vidéos.

Tout au long de ces prises d'otage, l'administration pénitentiaire a donné très peu de détails, les forces de sécurité affrontant les prisonniers mutins dans certains pénitenciers et jouant la négociation dans d'autres.

L'annonce de l'évasion le 7 janvier du pénitencier de Guayaquil (sud-ouest) du redouté chef du gang des Choneros Adolfo Macias, alias «Fito», a provoqué une vague de mutineries avec prises d'otages dans au moins cinq prisons, des attaques contre les forces de l'ordre et d'autres actes visant à semer la terreur. Au moins 19 personnes ont été tuées, selon le dernier bilan officiel actualisé.

État d'urgence déclenché

Le jeune président Daniel Noboa a décrété l'état d'urgence et ordonné à l'armée de neutraliser ces bandes criminelles, désormais considérées comme «terroristes». Plus de 22.400 militaires ont été déployés, avec des patrouilles terrestres, aériennes et maritimes. Des perquisitions et des opérations ont été menées dans les prisons, tandis qu'un couvre-feu a été imposé.

Après un vent de panique dans tout le pays provoqué par l'attaque en direct mardi des studios d'une TV publique à Guayaquil, grand port sur la côte sud-ouest et épicentre de la violence des narcos, la situation est revenue à une relative normalité. L'activité a repris quasi normalement de jour, à Guayaquil comme à Quito, même si les Équatoriens rentrent rapidement se mettre en sécurité chez eux en fin d'après-midi.

Autrefois un havre de paix, l'Équateur est devenu ces dernières années le centre d'expédition de la cocaïne produite chez les voisins colombien et péruvien. Les narcotrafiquants ont peu à peu imposé leur loi dans le pays, livré à la violence des bandes criminelles. Les prisons équatoriennes, surpeuplées et mises en coupe réglée par les gangs, sont notamment le théâtre régulier de massacres entre ces bandes rivales : Choneros (ceux de Chone, ville de l'ouest du pays), Tiguerones (Tigres), Lobos (Loups) et autres Aguilas (Aigles).

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