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Quand les politiques prennent la plume

Tous les présidents de la Vème République ont écrit un ouvrage. Ici, Georges Pompidou pose dans son bureau en juin 1969. [© STAFF / AFP]

L'écriture d'un livre en politique est un passage quasi-obligatoire, que ce soit pour présenter un programme où bien analyser le fonctionnement de nos institutions. Morceaux choisis.

Mémoires de guerre, Charles de Gaulle

L'ouvrage, divisé en trois tomes, diffusé dans tous les manuels d'histoire à l'école, a marqué la vie politique française. Le premier opus paraît en 1954. Le succès est immédiat et prend une ampleur considérable : 100 000 exemplaires sont vendus en cinq semaines seulement. Charles de Gaulle, qui n'est pas encore président, y raconte la France libre au cours de la Seconde Guerre Mondiale.

Véritable manifeste politique, c'est dans ces pages qu'apparaît la personne du Général. Plusieurs phrases sont restées célèbres. Il y écrit notamment : «Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France», ou encore «Paris, depuis quatre ans, était le remords du monde libre. Soudain, il devient l'aimant.»

Le coup d'Etat permanent, François Mitterrand

Publié sous la présidence de Charles De Gaulle, en 1964, l'ouvrage de François Mitterrand s'en prend directement aux institutions. Au-delà de critiquer la Constitution de la Vème République, l'homme de gauche attaque la pratique personnelle du pouvoir du Général. Il insiste sur les abus en matière de police et de justice, et ouvre le débat en France.

Le livre a un tel echo que François Mitterrand devient le candidat naturel de l'opposition, se présentant ainsi à l'élection de 1965. Dans ses écrits, il indique notamment : «J'appelle le régime gaullisme dictature parce que, tout compte fait, c'est à cela qu'il ressemble le plus. (...) Je veux bien, par complaisance, appeler ce dictateur d'un nom plus aimable, consul, podestat, roi sans couronne.»

Le Noeud gordien, Georges Pompidou

Cet ouvrage est considéré comme le testament de l'ancien président Georges Pompidou. Publié en 1974, l'année de sa mort, il est aujourd'hui une référence dans la sphère politique. Le chef d'Etat y dresse des réflexions sur les événements de mai 1968 et sur l'avenir de nos institutions.

Dans la conclusion du livre, Georges Pompidou se montre très pessimiste : «Le fascisme n'est pas si improbable ; il est même, je crois, plus près de nous que le totalitarisme communiste.»

Témoignage, Nicolas Sarkozy

Dans un tout autre registre que les précédents ouvrages, Nicolas Sarkozy publie en 2006 un livre resté célèbre, puisqu'il écrit clairement sa volonté de se porter candidat à l'élection présidentielle de 2007. Le ministre de l'Intérieur d'alors explique son envie d'agir, tout en y mettant une touche plus personnelle, en évoquant sa femme Cécilia.

La préface du livre est sans équivoque : «Je crois que tout se mérite et qu'au final l'effort est toujours payant. (...) voilà ce qui justifie, à mes yeux, de vouloir conquérir les plus hautes responsabilités.»

Ma plus belle histoire, Ségolène Royal

Dans le même registre, Ségolène Royal, candidate malheureuse de la gauche à la présidentielle de 2007, revient sur sa défaite. Dans ce livre, dont le titre est emprunté à une chanson de Barbara, elle explique notamment qu'en cas de victoire, elle aurait ouvert le gouvernement au centre, en proposant le poste de Premier ministre à François Bayrou

La responsable politique, première femme arrivée au deuxième tour d'une élection présidentielle dans l'histoire de France, décrit comment elle a vécu cette campagne : «J'étais l'intruse à deux titres : femme dans une partie initialement non mixte, candidate non prévue par les appareils. D'où la violence et le mépris des réactions initiales à l'éventualité doublement iconoclaste de ma candidature.»

Une vie, Simone Veil

Simone Veil, figure de l'instauration du droit à l'avortement, a publié en 2009 ses mémoires, dont le titre est emprunté à l'oeuvre de Maupassant. Le lecteur y découvre une femme au parcours hors norme, marqué notamment par le tragique, avec la déportation ayant détruit sa famille pendant la Deuxième Guerre mondiale. 

L'ouvrage raconte également le parcours politique de cette combattante, qui a occupé les fonctions les plus hautes de la République. Simone Veil a dédié son livre à tous ceux qui ont disparu : «A nos côtés, tous ces morts qui nous furent si chers, connus ou inconnus, se tiennent en silence. Je sais que nous n'en aurons jamais fini avec eux», écrit-elle.

La Princesse et le Président, Valéry Giscard d'Estaing

C'est un livre qui a laissé beaucoup de commentateurs perplexes. L'ancien chef d'Etat y raconte l'histoire d'un président de la République, au milieu des années 1980, et d'une princesse britannique très médiatique et malheureuse dans sa vie de couple. 

L'ouvrage se veut être une fiction, mais dès sa parution, en 2009, les lecteurs s'interrogent. A quel moment la réalité prend-elle le pas sur la fiction ? Car Valéry Giscard d'Estaing a très bien connu la princesse Lady Diana. Etaient-ils amants ? L'ancien président prend plaisir à brouiller les pistes, avec une épigraphe très étrange : «Promesse tenue».

Jours de pouvoir, Bruno Le Maire

De sa participation au gouvernement de François Fillon, entre novembre 2010 et mai 2012, Bruno Le Maire en a gardé un journal de bord. Dans ce livre, paru en 2013, l'ancien ministre relate au jour le jour les conversations saisies sur le vif, et raconte les événements majeurs de la présidence, comme la crise boursière, ou bien la perspective de la présidentielle de 2012.

Bruno Le Maire y retranscrit notamment les humeurs de Nicolas Sarkozy : «Personne ne se pose autant de questions sur ce président que moi : personne ! Je m'interroge ; pas besoin de psychanalyse, je le fais tout seul.» Un récit de l'intérieur salué par le prix du livre politique, en 2013. 

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