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Les Bleus doivent faire oublier leur pitoyable Mondial 2010

L'épisode du bus, où les Bleus sont restés lors d'une grève de l'entraînement pour protester contre l'exclusion de Nicolas Anelka, restera comme un moment marquant de la Coupe du monde 2010.[AFP]

Il y a deux ans, l’équipe de France vivait un cauchemar éveillé en mondovision avec le désastre humain et sportif de la Coupe du monde en Afrique du Sud. Un épisode de triste mémoire que les hommes de Laurent Blanc tenteront d’effacer en Ukraine et en Pologne.

Du début à la fin, la scène semblait tirée d’un mauvais vaudeville aux acteurs dépassés par la taille de leurs costumes. Knysna, en Afrique du Sud, le dimanche 20 juin 2010. Trois jours avant, la France a fait suivre son nul initial face à l’Uruguay (0-0) d’une cuisante défaite contre le Mexique (2-0) et réduit quasi à néant ses chances de qualification pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde. Manque d’inspiration, collectif inexistant, efficacité au placard : les Bleus sont à la rue sur le plan sportif. Ils vont aussi boire jusqu’à la lie le calice d’un psychodrame humain en mondovision. La veille, le quotidien L’Equipe a barré sa Une de mots terribles attribués à Nicolas Anelka à la mi-temps du match face au Mexique et adressés au sélectionneur Raymond Domenech : « Va te faire enc…, sale fils de p… ! » Les dirigeants de la Fédération et le staff prennent vite la décision d’exclure l’attaquant du groupe. Les Bleus se demandent quoi faire pour protester. Ils vont opter pour la pire des solutions.

Ce 20 juin, donc, un entraînement en public est prévu. Le bus des joueurs arrive. Ces derniers sortent signer quelques autographes avant de remonter dans le véhicule. Ils n’en descendront plus. Grève de l’entraînement en soutien de leur camarade exclu. Le capitaine, Patrice Evra, s’explique avec le préparateur physique Robert Duverne et les deux hommes en viennent presque aux mains devant les caméras. Jean-Louis Valentin, directeur général délégué de la FFF, excédé, annonce sa démission aux journalistes. Cerise sur le gâteau rance, Raymond Domenech vient lire un communiqué rédigé par les joueurs pour expliquer leur geste. Le scénario ubuesque s’ébroue devant les yeux ébahis d’un pays dégoûté de l’attitude de son équipe. Les derniers jours de compétition n’améliorent rien, avec des joueurs en guerre contre les médias et une ultime défaite (1-2) face à l’Afrique du Sud. Traqués par les caméras à leur retour en France, les Bleus deviennent pestiférés dans leur propre pays. Alors, forcément, l’Euro 2012 doit permettre (un peu) d’oublier. Réparer l’affront et laver l’honneur d’un maillot sali par ceux censés le magnifier. Depuis deux ans, tout a été fait pour cela.

 

La victoire fait tout oublier

Les « leaders » de la mutinerie de Knysna ont été suspendus, décision permettant au temps de nuancer la vindicte populaire à leur encontre avant leur retour (ce qui n’a pas empêché les sifflets). La Fédération a installé un nouveau sélectionneur, Laurent Blanc, plus ouvert sur la communication (objectif : assainir le climat autour de la sélection) et adeptes de préceptes de jeu plus portés sur l’attaque et la possession de balle. Noël Le Graët, président de la FFF, a lui beaucoup insisté dans ses discours sur le besoin « d’exemplarité » des joueurs de l’équipe de France. En fixant un objectif réaliste sans mettre trop de pression : « Sortir des poules ». Jurisprudence Domenech oblige, Le Graët a même refusé de prolonger le contrat de Blanc (qui s’arrête au terme de l’Euro) pour s’éviter une incompréhension populaire en cas de désastre sportif. Les joueurs connaissent eux aussi l’importance de donner une meilleure image sur la pelouse comme en dehors.

Franck Ribéry, enfin libéré chez les Bleus avec trois buts lors des trois matches préparatoires à l’Euro, semble ainsi soulagé de voir le public le soutenir à nouveau : « Entendre ces sifflets était dur. J’ai besoin de me sentir aimé. On a vraiment envie de faire quelque chose de grand pour finir de tourner complètement la page de 2010. » Même Karim Benzema, pourtant absent du fiasco de Knysna, le reconnaît. « Bien sûr qu’on doit redorer l’image des Bleus, explique-t-il. C’est notre rêve à tous. On veut tous faire comme les Zidane et Blanc ont fait avant. On veut marquer les gens. » L’attaquant du Real a tout résumé. En France, pays de peu de culture sportive, la victoire fait tout oublier. Les Bleus savent ce qu’ils ont à faire pour voir enfin disparaître le sombre nuage du Mondial 2010.

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