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Qu'est ce que Polygraphe, l'outil de Bercy pour traquer les faux avis en ligne ?

L’analyse faite par un algorithme de Polygraphe devra permettre d’identifier les commentaires suspects à l’aide de différents indicateurs de suspicion définis avec les enquêteurs. [Illustration PxHere]

Un nouvel outil, appelé «Polygraphe», va être mis en place prochainement par la Direction générale de la Répression des fraudes pour lutter contre les faux avis donnés en ligne par les consommateurs.

Vers la fin des avis suspects sur Internet ? Un nouvel outil, appelé «Polygraphe», va être mis en place dans les prochaines semaines par la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) pour lutter contre les faux avis donnés en ligne par les consommateurs.

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a examiné et confirmé en décembre dernier la mise en place de ce dispositif, dont le coût de développement en 2019 a été évalué à 300.000 euros sur deux ans. L’objectif de ce procédé est de cibler les professionnels donnant des avis frauduleux, une pratique considérée par la loi comme un délit, comme le rappelle le site d’investigation économique L’informé.

Les fausses appréciations ont un impact énorme sur les consommateurs et les professionnels vertueux puisqu’elles les trompent dans leurs achats pour les premiers et qu’elles nuisent à la concurrence loyale pour les seconds. D’après une étude IFOP, relayée par le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques, 85 % des consommateurs sont influencés par les avis laissés en ligne sur les services ou les produits.

Les contours du dispositif Polygraphe

Sur son site internet, ce même ministère a détaillé les contours de l’outil utilisé. Polygraphe aura pour mission de récupérer «des données pertinentes sur des plates-formes web proposant des avis de consommateurs», comme les commentaires, les notes et les informations sur l’entreprise ou les produits proposés, ainsi que sur l’utilisateur qui a donné son avis.

L’analyse faite par le dispositif grâce aux données collectées par un algorithme devra permettre d’«identifier les commentaires suspects à l’aide de différents indicateurs de suspicion définis avec les enquêteurs», selon le ministère. Enfin, les résultats compilés seront visibles sous la forme «d’une interface à destination des enquêteurs».

Au sujet de l’exploitation des données, elles pourront être conservées par la DGCCRF jusqu’à six mois après leur récolte. A noter également que les internautes n’auront pas le droit de s’opposer au traitement des différentes données collectées.

Le Conseil constitutionnel peut en limiter l'usage

La collecte des informations personnelles et parfois sensibles des consommateurs pourrait mettre en alerte le Conseil constitutionnel. En 2020, il avait retoqué un article de la loi de finances autorisant le fisc à collecter les données publiées par les utilisateurs des plates-formes en ligne pour la lutte contre la fraude à la domiciliation fiscale.

La raison invoquée à l’époque était que «les données qui révèlent la prétendue origine raciale ou l’origine ethnique, les opinions politiques, les convictions religieuses ou philosophiques ou l’appartenance syndicale d’une personne, les données génétiques et biométriques et celles concernant la santé et la vie ou l’orientation sexuelle» étaient inexploitables.

Or, la GGCCRF pourrait rencontrer le même problème puisque Polygraphe permettra de regrouper ce type d’informations via l’exploitation des avis en ligne. Le Conseil constitutionnel pourrait alors favoriser la préservation de certaines libertés individuelles fondamentales en délimitant l’usage de l’outil et de ses potentielles dérives.

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