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"Reality", le chaos de la télé-réalité

Le réalisateur Matteo Garrone, le 27 mai 2012  à Cannes [Anne-Christine Poujoulat / AFP/Archives] Le réalisateur Matteo Garrone, le 27 mai 2012 à Cannes [Anne-Christine Poujoulat / AFP/Archives]

Le loft télévisé fait rêver les Italiens jusqu'au chaos dans "Reality", de Matteo Garrone, Grand Prix au dernier Festival de Cannes, qui sort mercredi en salle.

Tranche napolitaine assez conventionnelle, "Reality" suit une smala modeste mais joyeuse, conduite par un père de famille hâbleur, poissonnier et amuseur à ses heures, jusqu'à ce qu'il se porte candidat à une émission de télé-réalité.

Le "Grande Fratello", un genre de "loft" à l'italienne, promet au vainqueur la fortune pourvu qu'il supporte la cohabitation avec les autres candidats, tous parqués sous l'oeil de caméras intrusives.

Luciano, qui a passé le casting sans trop y croire et pour faire plaisir à ses enfants, finit par ne plus vivre, puis survivre, que dans l'espoir de les rejoindre.

"Pour beaucoup désormais, la télé-réalité c'est devenu le nouvel Eldorado", expliquait Matteo Garrone à Cannes, parlant d'"une fable, une sorte de désillusion".

Le réalisateur, qui avait déjà remporté en 2008 le Grand Prix de Cannes pour "Gomorra", autrement plus grave et plus violent, explore ainsi un autre aspect de la société italienne. Mais il s'est défendu de "toute intention critique" à l'encontre de son pays : "Cette histoire c'est une fable, une sorte de désillusion".

L'une des originalités du film est d'avoir un détenu de longue peine pour comédien principal.

Aniello Arena, en prison depuis 18 ou 19 ans (il purge une condamnation à perpétuité suite à un règlement de comptes sanglant), a obtenu l'autorisation d'un juge de rejoindre chaque jour le tournage, mais "pas celle de venir à Cannes", selon Matteo Garrone.

Arena a entamé une carrière d'acteur en 2001 à la maison d'arrêt de Volterra, dans la province de Pise, où fut fondée il y a plus de 20 ans la Compagnia della Fortezza, dirigée par le metteur en scène Armando Punzo qui l'a fait depuis jouer dans plusieurs de ses pièces.

Pour Armando Punzo, qui travaille avec lui depuis 11 ans, "Arena est un garçon tranquille". "Il n'est pas du tout extraverti, il ne frime pas... Mais quand il arrive sur scène, quelque chose se produit, il est complètement transformé. C'est un acteur incroyablement changeant, il peut tout faire, de Hamlet à Alice au pays des merveilles".

Né à Rome en 1968, Matteo Garrone a d'abord commencé comme assistant opérateur avant de se consacrer entièrement à la peinture. "Gomorra" lui a apporté la reconnaissance internationale avec une succession de prix : le Grand Prix de Cannes, et aussi six European Film Awards et le Silver Hugo du festival de Chicago. Il avait été en 2009 nommé dans la catégorie du Meilleur film étranger aux Oscars, aux Golden Globes, aux Bafta et aux César.

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