En direct
A suivre

Les cinéastes français défendent "l'exception culturelle" à l'heure de la numérisation

Des techniciens travaillent sur un ordinateur à la restauration du classique du cinéma français Les enfants du paradis, le 28 septembre 2012 au laboratoire Eclair [Eric Feferberg / AFP/Archives] Des techniciens travaillent sur un ordinateur à la restauration du classique du cinéma français Les enfants du paradis, le 28 septembre 2012 au laboratoire Eclair [Eric Feferberg / AFP/Archives]

Les cinéastes français, réunis à Dijon (centre-est) jusqu'à samedi, ont défendu bec et ongles "l'exception culturelle" face aux nouveaux défis imposés par la numérisation, en demandant au gouvernement de défendre leur cause à Bruxelles.

"Le président François Hollande m'a chargée de vous dire que +l'exception culturelle+ sera à l'agenda de tous ses rendez-vous européens", a voulu les rassurer la ministre de la Culture Aurélie Filippetti. "Il a conscience que la culture est au coeur de notre identité, notre citoyenneté", a-t-elle ajouté.

L'Association française des auteurs, réalisateurs et producteurs (ARP), présidée par le réalisateur Michel Hazanavicius, oscarisé en 2012 avec "The artist", organise chaque année des Rencontres cinématographiques à Dijon. Thème choisi pour cette nouvelle cuvée, à laquelle participent environ 600 personnes: "l'exception culturelle 2.0".

Pour les cinéastes français, il s'agit de passer à la phase II de "l'exception culturelle" face aux nouveaux défis imposés par la numérisation et l'arrivée sur le Net de nouveaux supports de diffusion de films (les Fournisseurs d'accès à internet - FAI) tels que Itunes, Amazon, Google, Youtube, Dailymotion...

C'est précisément cette "exception culturelle", gagnée de haute lutte devant le GATT en 1993 par la France, qui fait que les objets culturels ne sont "pas des marchandises comme les autres", a rappelé vendredi après-midi Mme Filippetti.

La France caracole en tête

Grâce à un système de financement original -- à travers des taxes payées par toute la filière, reversées au Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) qui redistribue à son tour à l'industrie cinématographique -- cette exception culturelle permet aujourd'hui au cinéma français d'être en bonne santé.

Alors par exemple que l'Italie, à la production cinématographique florissante il y a trente ans, mais qui ne dispose pas d'un tel système, ne produit quasiment plus de films, la France caracole en tête du cinéma européen avec 230 films par an environ (représentant un investissement d'1,4 milliard d'euros, selon l'ARP).

Mais avec la numérisation des films et l'apparition des vidéos à la demande (VàD, ou VOD), le système risque de péricliter. Nombre de FAI ont fait appel à la Commission européenne pour ne pas avoir à payer la Taxe sur les services de télévision (TST, qui a rapporté près de 400 millions d'euros en 2011, selon l'ARP).

Depuis six mois maintenant, Paris est en discussion à ce sujet avec Bruxelles, plutôt encline à donner raison aux FAI et qui doit donner sa réponse "le 21 novembre", a rappelé la ministre. D'où la grande inquiétude des cinéastes.

Nombre d'entre eux -- Michel Hazanavicius, Claude Lelouch, Robert Guédiguian, Pierre Jolivet, Radu Mihaileanu... -- ont signé un "manifeste" adressé au gouvernement, dans lequel ils lui demandent "l'affirmation d'une politique culturelle claire et forte (...) face à la politique libérale prônée par Bruxelles".

A leurs yeux, "il est urgent de passer à l'Acte II de l'Exception culturelle: notre mode de financement a toujours reposé sur un principe simple, selon lequel les diffuseurs de nos oeuvres, quels qu'ils soient, devaient participer au financement de ces oeuvres (...) Les nouveaux entrants et nouveaux diffuseurs doivent s'intégrer harmonieusement à cet équilibre, et c'est le rôle des politiques de se battre pour que ce principe soit respecté", insistent-ils.

En attendant, "on a le sentiment d'être coincé entre deux monstres informes: Bruxelles et le numérique", a déploré Michel Hazanavicius.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités