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Karl Lagerfeld, l’alchimiste de la mode

Karl Lagerfeld[Capture d'écran Youtube ]

Depuis 1983, Karl Lagerfeld est le directeur artistique de Chanel. Mais le couturier multiplie ses collaborations pour d’autres maisons dans le monde, comme Chloé, Valentino ou Fendi, et s’adonne à un autre art : la photographie. Le couturier ultra-médiatique cultive un goût paradoxal pour le secret et le mystère. Qui se cache derrière ces lunettes noires ?

 

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Catogan, mitaines en cuir, col blanc et bagues en argent presque à chaque doigt, Karl Lagerfeld continue à soigner son image avec beaucoup d’exigence. Rien d’étonnant de la part du couturier. Mais c’est aussi et surtout l’allure des femmes qu’il aime inventer, dessiner, fabriquer. Rapidement, Karl Lagerfeld s’est imposé dans l’univers de la haute couture.

« Je ne serais pas ce que je suis s’il n’y avait pas eu quelqu’un comme ça qui me mettait à la fois le nez dans le caca et qui m’apprenait à rire de moi-même ». Visage incontournable de la mode, Karl Lagerfeld évoque ainsi sa relation avec sa mère. Né le 10 septembre 1935 en Allemagne, il passe son enfance au fin fond d’une campagne dans le nord du pays. Son père, d’origine danoise, est un industriel globe-trotter constamment en voyage. Sa mère, plus jeune, est un personnage fantasque et loufoque qui offrira une éducation tout à fait singulière à son garçon.

Agé de moins de 20 ans, il remporte le premier prix du concours du Secrétariat international de la laine dans la catégorie «manteaux» (Yves Saint Laurent gagnera lui aussi le premier prix pour la catégorie «robes») et se fait ainsi remarquer par le couturier Pierre Balmain dont il devient l’assistant pendant trois ans. En 1959, il entre comme directeur artistique chez Jean Patou où il reste cinq ans. Mais Karl Lagerfeld aspire à des horizons plus mouvants et plus excitants.  Au début des années 1960, le prêt-à-porter se développe avec succès et le couturier se lance dans une carrière de styliste indépendant, en France et à l’étranger. Il s’aventure du côté de l’Italie, de l’Angleterre et de l’Allemagne, son pays natal. Il multiplie les collaborations avec la maison Fendi pour laquelle il travaille toujours, mais aussi avec Chloé, Krizia et Mario Valentino.

 

Vidéo : Documentaire Karl Lagerfeld se dessine

 

 

Le couturier savoure sa liberté pendant plus de vingt ans, jusqu’à ce qu’il prenne les rênes de la direction artistique de Chanel en 1983. Responsable des collections haute couture, prêt-à-porter et accessoires de la maison fondée par Coco Chanel (disparue en 1971), Karl Lagerfeld fait revivre la marque. Il choisit le mannequin Inès de la Fressange comme égérie de la maison. C’est une première dans le milieu de la haute couture.

Au fil de sa carrière, Karl Lagerfeld signe aussi quelques costumes d’opéra pour la Scala, l’opéra de Florence, le Burgtheater de Vienne, le festival de Salzbourg et le ballet de Monte-Carlo. Un an après savoir rejoint Chanel, il crée en parallèle sa propre ligne qu’il nomme Karl Lagerfeld. Son nom est accolé vingt ans après à une collection exclusive de trente vêtements pour H&M. Dans certains magasins, les clientes s’arrachent les pièces portant la griffe du couturier. Et la collection se vend en quelques instants. Car sa signature est le garant d’une grande exigence vestimentaire. Une caution de la mode et de l’élégance.

 

Vidéo : Court métrage de Karl Lagerfeld sur Coco Chanel avec Keira Knightley

 

 

Mais le couturier ne se limite pas à l’univers des défilés, il se plaît ailleurs, dans d’autres rôles. Designer des bouteilles de champagne Dom Pérignon, des bûches Lenôtre et des boîtes de sucrettes de Canderel, il est également photographe, libraire et éditeur.

En 2004, il dessine pour la maison Chanel les deux timbres de Saint-Valentin émis par La Poste. Karl Lagerfeld « n’aime que le changement », apprend-on dans le documentaire Lagerfeld Confidentiel de Rodolphe Marconi. Après trois ans de travail et plus de trois cents heures de tournage, le cinéaste révèle, sans voix off, le styliste dans son quotidien et son intimité. Les seuls commentaires sont ceux de Karl Lagerfeld qui se définit lui-même comme « travailleur mais pas sérieux », et qualifie son travail d’« improvisation totale ».

 

Vidéo : Lagerfeld Confidentiel

 

 

Photographe, libraire et éditeur

Tout au long de sa carrière de couturier, Karl Lagerfeld a vu défiler les plus célèbres photographes. En janvier 1987, il décide de franchir le pas et de passer de l’autre côté de l’objectif. Il y prend goût et révèle rapidement son talent dans cet art.

Depuis, Karl Lagerfeld réalise lui-même ses campagnes de publicité prêt-à-porter et haute couture pour Chanel. Mais la mode n’est pas son seul sujet de prédilection. L’artiste s’intéresse également à l’architecture et aux natures mortes, comme le montrent deux beaux livres qu’il a publiés, Villa Noailles et Les vases de Ciboure. Il a même monté des expositions autour de ses œuvres. Et comme pour affirmer sa nouvelle passion, Karl Lagerfeld créé un nouveau parfum en 1991 qu’il appelle Photo.

Son goût prononcé pour le papier, les livres – surtout les beaux – l’amène à ouvrir en 1999 sa propre librairie, 7L, située rue de Lille, à Paris (7e arrondissement). Celle-ci lui sert aussi de studio photo et de bibliothèque pour entreposer ses dizaines de milliers d’ouvrages. En octobre 2000, il crée aussi sa maison d’édition, Editions 7L, qui édite ses propres livres de photos, son livre consacré à sa perte de poids, Le meilleur des régimes, et même de la littérature allemande.

 

Décrit à la fois comme un être narcissique et un homme d’une grande générosité, un travailleur acharné qui « n’a pas de vie privée », Karl Lagerfeld possède une « rigueur dans le travail, dans [ses] choix artistiques, le graphisme de [ses] croquis ou même les régimes qu’[il] [s]’impose ». A ce jour, aucune biographie officielle n’a été autoriséeLes mémoires qu’il écrirait restent encore secrets. Tout comme lui, dont on ne connaît pas l’âge réel. Un personnage plein de mystères.

 

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