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Riad Sattouf : "j’adore surtout l’humour involontaire"

Jacky au royaume de filles est le deuxième film de Riad Sattouf.[Kate Barry]

Les femmes aux boulots, leurs hommes au fourneau. Avec Jacky au Royaume des filles, Riad Sattouf signe une comédie cinglée et hiralarante.

 

L’auteur BD (Pascal Brutal) convoque un casting éclectique composé entre autres de Vincent Lacoste, Charlotte Gainsbourg et Didier Bourdon, pour évoquer une dictature où un jeune homme tombe amoureux de la Dauphine du régime. Après les Beaux gosses, le cinéaste invite les spectateurs à rigoler et à se questionner sur les questions de société et de sexualité.

 

Comment est né le scénario de Jacky au royaume des filles ?

Je tire l’idée du conte de Cendrillon. Cette fable m’a toujours fasciné car elle met en valeur la domination masculine. Je me suis souvent demandé pourquoi ces jeunes filles attendaient toujours le bal du prince charmant comme des cruches.  J’ai aussi repris des éléments d’une de mes BD Pascal Brutal où le héros était confronté à une dictature féministe en Belgique. J’ai toujours été inspiré par la question de la virilité. Comment est-on conditionné à tenir un rôle d’homme ou de femme dans la société ? J’ai décidé d’inverser les rôles du conte avec cette histoire de jeunes mecs qui se pressent au gala de la dictateur du régime pour séduire sa fille. Je me suis même laissé allé à changer le langage de ce régime tenu par les femmes. J’ai féminisé certains mots. Notre langage illustre la domination sexuelle. Pourquoi dit-on « il faut y aller » et pas « elle faut y aller » ?

 

 

Votre film se déroule dans un régime dictatorial avec des éléments islamistes et totalitaires.

Syrien d’origine, j’ai grandi dans une culture musulmane mais je ne me focalise pas sur l’Islam. Si les voileries que portent les garçons évoquent des hijab, le style fait penser aux robes de bures des bonnes sœurs avec les mêmes couleurs que les toges bouddhistes. Quant à la dictature, je la voit comme un prolongement de la famille, de l’ordre. Avant de parler de religion ou de politiques, Jacky évoque la domination ancestrale, presque animale, de l’homme et les valeurs traditionnelles.

 

Quelles sont vos influences ?

Je suis un grand consommateur de films. Bien sûr j’aime Truffaut, Rhomer, et Jacques Rozier qui contrairement à ce que pourrait penser, mettait beaucoup d’humour dans leurs films. Mais j’adore surtout l’humour involontaire. Le meilleur exemple serait les films américains des années 1990 doublés en VF. Lorsque Ving Rhame explique à son adversaire, dans Pulp Fiction, qu’il va appeler  deux copains accrocs au crack, équipé d’un fer à souder et d’un chalumeau pour le travailler avec une bonne flamme bien moyen âgeuse, ça me fait hurler de rire. Dans Jacky, je pense que les scènes les plus sérieuses sont aussi les plus drôles.

 

Jacky au Royaume des filles, de Riad Sattouf, en salles.

 

Didier Bourdon roule pour la SPA

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