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Angoulême décerne son Fauve d'Or 2019 à l'Américaine Emil Ferris

Comme une évidence. En couronnant de son Fauve d'Or, samedi soir, l'Américaine Emil Ferris pour son album Moi, ce que j'aime, c'est les monstres, le jury du 46eme Festival d'Angoulême consacre un album hors norme, qui fera date dans l'histoire de la BD. Et qui permet au rendez-vous du 9eme art de conforter la touche féminine apportée à l'ensemble du palmarès.

Il aurait en effet été surprenant que le jury, présidé par le Belge Dominique Goblet, passe à côté de ce pavé de plus de 400 pages, réalisé après plus de six ans de travail, associant dans un style inimitable les dessins au feutre et au stylo bille, et pour qui l'expression «roman graphique» semble avoir été inventée.

Dans Moi, ce que j'aime, c'est les monstres (Monsieur Toussaint L'ouverture), l'auteure, qui est désormais la sixième femme a obtenir la récompense suprême, et la première depuis Marjane Satrapi en 2005, raconte la vie de Karen Reyes, 10 ans, et de son quartier de Chicago, le populaire Uptown, avec ses immeubles décrépis de la fin des années 1960. Préférant s'identifier à un loup-garou plutôt qu'une femme - question de survie dans ce quartier aux adultes menaçants - elle va enquêter sur la mort de sa voisine, Anka Silverberg, qui se serait suicidée le jour de la St Valentin. Admirative de cette femme solitaire et secrète, autant que belle et fragile, elle va dérouler le fil du passé d'Anka, dans l'Allemagne nazie des années 1930, mais aussi lever les secrets qui entourent sa propre famille....

L'apparente naïveté du propos de cette adolescente, mal dans sa peau, renferme en fait une fine analyse des différences, une ode aux héros cabossés, et un point de vue brillant sur les apparences souvent trompeuses. Premier ouvrage de l'Américaine de 56 ans, il peut se targuer désormais d'avoir récolté les plus grandes récompenses ( 3 Eisner Awards, récompenses de la BD américaine, et prix de l'ACBD), après avoir été encensé par l'icône Art Spiegelman (Maus). Le succès critique et public (plus de 50000 exemplaires déjà écoulés en France) devrait rapidement se confirmer.

Les femmes à l'honneur de la 46eme édition

Les femmes restent à l'honneur du palmarès de cette 46eme édition, puisque le Grand Prix, attribué en début de festival, était revenu à la mangaka japonaise Rumiko Takahashi (Ranma 1/2,...). Le Fauve jeunesse est revenu à une autre américaine, Jen Wang, pour son album Le Prince et la Couturière (Akiléos), un joli conte empli de tolérance sur les secret d'une jeune couturière et de son Prince, Sébastien, qui, la nuit, aime se déguiser en Lady Crystallia.

Le Fauve Révélation est quant à lui revenu à la belgo-mexicaine de 25 ans Emilie Gleason. Avec son ovni Ted, drôle de coco

(Atrabile), elle s'est inspiré de son frère, diagnostiqué Asperger, pour livrer une histoire débridée, sans temps morts, qui permet de sensibiliser le public à ce syndrome.

Les auteurs masculins se rattrapent avec le prix spécial du Jury, attribué au Belge Brecht Evens, pour son sublime album Les rigoles (Actes Sud BD). A noter que le célèbre peintre Gustave Doré (1832-1883), voit son activité de dessinateur récompensée des décénnies après, avec l'attribution du prix du Patrimoine à la réédition par la maison 2024 de ses Travaux d'Hercule, crées alors qu'il n'avait que 15 ans.

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