Les affaires qui ont fait trembler le pouvoir

> 1979 : les diamants de Bokassa : "Le Canard enchaîné" révèle que Valéry Giscard d'Estaing a reçu en 1973 du président centrafricain Jean-Bedel Bokassa une plaquette de diamants. Le président de la République s'en offusque mais ne nie pas : "à la question que vous m'avez posée sur la valeur de ce que j'aurais reçu comme ministre des finances, j'oppose un démenti catégorique et, j'ajoute, méprisant," se résout finalement à indiquer VGE lors d'une émission de télévision. Une ambiguïté qui nuira à sa conquête d'un second mandat en 1981.[AFP]
> 1985 : le Rainbow Warrior : Le Rainbow Warrior, bateau de l'association écologiste Greenpeace qui faisait route vers Mururoa pour protester contre les essais nucléaires, est saboté dans le port néo-zélandais d'Auckland. Un photographe y trouve la mort. L'expédition se révèle être l'œuvre des services secrets. L'exécutif n'ose l'admettre dans un premier temps et François Mitterrand, président de la République, Laurent Fabius son Premier ministre et le ministre de la Défense Charles Hernu s'écharpent.[PATRICK RIVIERE / AFP/ARCHIVES / AFP]
> 1991 : le sang contaminé : L'ancien Premier ministre Laurent Fabius et deux de ses ministres Georgina Dufoix (Affaires sociales) et Edmond Hervé (Santé) sont mis en examen en 1991 pour "complicité d'empoisonnement" pour n'avoir pas fait arrêter la distribution de produits sanguins contaminés par le virus du sida en 1985. L'affaire fait grand bruit car le problème s'est aussi posé dans d'autres pays. Au final les trois ministres comparaissent devant la Cour de justice de la République en 1999. Laurent Fabius et Georgina Dufoix seront relaxés tandis qu'Edmond Hervé sera condamné mais dispensé de peine.[JEAN CHESNOT / AFP]
> 1993 : le prêt de Roger-Patrice Pelat : "Le Canard enchaîné" révèle que Roger-Patrice Pelat, un ami intime de François Mitterrand, mort en 1989, a prêté 1 million de francs sans intérêts à Pierre Bérégovoy, en 1986. Si la justice ne trouve rien à redire cela, le premier Ministre, qui jouissait jusque-là d'une image de probité est en première ligne car au même moment de multiples affaires cernent les socialistes. L'issue est dramatique. Pierre Bérégovoy se suicide le 1er mai, au lendemain d'une déroute aux élections législatives.[MARIO GOLDMAN / AFP]
> 1993 : les écoutes de l’Elysée : La presse révèle que les téléphones d'une centaine de personnalités ont été placés sur écoute entre 1983 et 1986 à la demande de la cellule antiterroriste de l'Elysée. Gilles Ménage, le directeur de cabinet de François Mitterrand (mort en 1995) et Christian Prouteau, chef de ladite "cellule" sont définitivement condamnés à de la prison avec sursis en 2008.[THOMAS COEX / AFP / AFP+]
> 1994 : l'affaire Elf : A la suite d'une enquête de la COB (l'AMF de l'époque), Eva Joly, alors juge d'instruction, met au jour un impressionnant réseau de trafic d'influences, de corruption et de détournements de fonds qui implique non seulement des dirigeants d'Elf comme son PDG Loïk Le Floch-Prigent, mais aussi des ministres de droite comme de gauche, à l'instar de Roland Dumas et Charles Pasqua. Le pétrolier surfacturait des opérations pour procéder à des versements de commissions occultes.[JACK GUEZ / AFP]
> 2000 : la cassette Méry : Jacques Chirac est contraint de s'expliquer à la télévision sur l'apparition d'une cassette post-mortem enregistrée en 1996 et dans laquelle le promoteur Jean-Claude Méry le met en cause dans le financement frauduleux du RPR. "Une histoire abracadabrantesque", réagit le président de la République dans une interview passée à la postérité. Le juge Halphen qui enquêtait sur cette affaire avait bien tenté d'entendre Jacques Chirac en tant que témoin au prix d'une convocation médiatique mais vouée à l'échec. Il se déclarera incompétent au profit de la Haute Cour de Justice qui annula la procédure. L'affaire rejaillit également sur DSK, ministre de l'Economie de l'époque qui avoua avoir eu cette cassette entre les mains… en échange d'une remise fiscale à Karl Lagarfeld.[FRANCE 3 / AFP]