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Katherine Pancol : «c’est le sujet qui me choisit»

En 2014, Katherine Pancol était le deuxième auteur français le plus lu après Guillaume Musso et devant Marc Lévy. [© Sylvie Lancrenon]
Par Mis à jour le Publié le

Trois ans après «Muchachas», Katherine Pancol signe un nouveau roman. Avec «Trois baisers», l'auteur poursuit les aventures de Stella et de ses proches. Des personnages qui lui collent à la peau... pour le meilleur.

Comment l’idée de ce nouveau roman vous est-elle venue? 

Ce sont les personnages ou les idées qui me prennent par la main, toujours. Ce n’est pas moi qui choisit le sujet, c’est le sujet qui me choisit. Pour «Trois baisers», cela est venu des personnages. J’ai créé plusieurs familles qui continuent à vivre en moi, même quand je n’écris pas. Parfois, l’un ou l’autre se manifeste et vient me chercher pour que je raconte. Je suis à leur service.

En règle générale, à quel moment l'idée d'un nouveau roman vous traverse-t-elle?

Cela arrive comme par enchantement. Après chaque livre, je crois que c’est fini, que je n’écrirai plus jamais et puis l’envie revient, l’envie de poser des mots, des émotions, des tremblements d’histoires sur une page.

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire un récit en milieu rural?

La petite ville de Saint Chaland existait déjà dans les «Muchachas». Elle faisait déjà contrepoids à Paris, New York, Londres. J’aime bien l’idée d’avoir une histoire ancrée dans la terre, les animaux, le foin, les saisons, le potager, les chiens qui veillent… cela me rappelle mon enfance chez ma grand-mère, je pense.

Les personnages de «Trois baisers» gravitent dans le monde des ferrailleurs. C’est un univers atypique. Que vous permet-il de dire de la société d’aujourd’hui?

Les ferrailleurs étaient eux aussi dans les «Muchachas». Ils ont surgi par hasard après une rencontre avec une femme, Gloria, qui dirige une grosse ferraille près de Sens et qui m’a introduite dans ce monde d’hommes, d’acier, de cuivre, de rambardes d’autoroute, de tôles et de déchets métalliques si photogéniques que les histoires viennent toutes seules.

Quelles recherches avez-vous dû faire pour la rédaction de ce nouvel ouvrage?

J’ai enquêté dans des univers si différents ! Des ferrailleurs aux collections de haute couture en passant par la musique, la campagne, la physique, les ondes vibratoires de Junior (l'un des personnages, ndlr). J’aime ce côté enquête. J’apprends beaucoup de choses et je fais de belles rencontres.

Quelle est votre technique pour rendre vos personnages si vivants?

Un personnage doit «sauter au visage» du lecteur ou s’immiscer doucement dans son imagination. Mais pour cela il doit être construit jusqu’à la plus petite pièce. Il faut tout savoir sur lui : comment il aime, comment il déteste, comment il réagit, comment il est triste, heureux, nostalgique ou pas. S’il est grand, gros, petit, complexé, à l’aise. Quelles sont ses failles, ses réserves, ses forces, ses manquements. Il faut le connaître sur le bout des doigts afin de le laisser libre et qu’il vous échappe mais en vous échappant, il s’incarne et devient le personnage. Cela demande une longue cohabitation avec lui.

Quel genre d'écrivain êtes-vous? Quelles sont vos habitudes de rédaction?

J’écris et je réécris et je ré-ré-réécris sans arrêt. Je travaille tous les après-midi avec un horaire comme à l’école, de 14h30 à 19h-19h30. Un livre peut me prendre deux ou trois ans. Je suis une vraie tortue. Un feuillet par jour les jours où ça va bien!

De quoi nourrissez-vous votre imaginaire ? Lecture, théâtre, expos, séries tv?…

De tout ça! Plus de longues marches dans le Bois de Boulogne et la campagne normande. Le grand air favorise la création parce que, lorsqu’on marche, on ne pense pas. On se vide la tête et elle se remplit d’idées nouvelles, de sentiments, d’émotions.

Et dans les lectures, quels sont les auteurs que vous affectionnez particulièrement?

J’aime beaucoup les auteurs anglo-saxons, les Américains. J’aime qu’on me raconte l’histoire des gens, leurs pensées, leurs rêves, leurs blocages, leur puissance ou leur impuissance. J’aime Balzac à la folie et Colette aussi.  Et Tchekhov et Tolstoï. Et Nabokov.

Travaillez-vous déjà à un prochain ouvrage?

Stevenson disait que l’imagination était comme un réservoir. On le vidait en écrivant un roman, il fallait attendre ensuite qu’il se remplisse pour en écrire un autre. En ce moment j’attends que le réservoir se remplisse!

© Albin Michel 2017

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