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On a assisté à la leçon de cinéma de Ryan Coogler

A 31 ans, le cinéaste a signé le troisième plus gros succès de l'histoire du cinéma américain. [© LOIC VENANCE / AFP]

Une standing ovation en guise d’accueil. Le réalisateur de «Black Panther» a donné jeudi la première Master Class de cette quinzaine. Il a été question de ses parents, de BD et de Sylvester Stallone.

Des dizaines de fans ont attendu plus d’une heure devant l’entrée de la salle Bunuel du Palais des Festivals, espérant tous pouvoir approcher Ryan Coogler.

Dès l’ouverture des portes, les fauteuils ont été pris d’assaut. Seuls 450 personnes ont eu le privilège de rencontrer le cinéaste américain de 31 ans. Parmi eux, la comédienne Aïssa Maïga, à l’origine du livre «Noire n’est pas mon métier», le Haïtien Raoul Peck qui a signé le documentaire «I Am Not Your Negro», le chanteur canadien Abel Makonnen Tesfaye, alias The Weeknd, ainsi qu’un groupe de jeunes de l’association 1 000 visages.

Après quelques mots prononcés par Thierry Frémaux, directeur général du Festival de Cannes, Ryan Coogler est apparu, sous les applaudissements, et s’est prêté au jeu de l’interview menée par Elvis Mitchell, critique et journaliste américain. Il a enchaîné les blagues avec une décontraction déconcertante.

Ayant déjà enregistré plus de 565 millions d’euros de recettes depuis sa sortie – troisième plus gros succès de l’histoire du cinéma américain -, son long-métrage «Black Panther», présenté la veille au cinéma de La Plage, était évidemment sur toutes les lèvres. La genèse remonterait à l’enfance, selon le réalisateur. «Petit, je me rendais souvent à la bibliothèque. J’en ai eu assez de lire des bandes dessinées pour les blancs et conçues par des blancs. On m’a alors conseillé de lire Black Panther», explique celui qui, par la suite, s’est inspiré, notamment, de l'univers de «James Bond», du «Parrain» ou de «Timbuktu», pour porter à l’écran l’histoire de ce premier super-héros noir. Il a aussi souhaité retranscrire ce qu’il a ressenti quand il s’est rendu pour la première fois sur le continent africain.

Nous avons prouvé que les films noirs peuvent trouver leur public.

Pour ce faire, il a utilisé la musique – «son premier amour» - pour «représenter toute cette diaspora africaine». Pour «Fruitvale Station», son premier film pour lequel il a décroché le Prix du Regard vers l’Avenir dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes en 2013, elle lui avait aussi été utile pour «montrer le chaos sous-jacent du film».

Tout au long de l’entretien de près de deux heures, Ryan Coogler a évoqué, à maintes reprises, ses parents, une grande source d’inspiration pour lui. «Mon père a eu une influence majeure sur mes productions. Quant à ma mère, elle était au courant de tout ce qui sortait en salles. Elle connaissait tous les titres et les noms des acteurs. C'est grâce à elle si j'ai vu plein de films». Si, au lycée, il regardait «Star Wars» ou «Twilight», le cinéaste originaire d’Auckland qui a grandi dans la culture noire, a avoué un grand intérêt pour «Le prophète» de Jacques Audiard ou «La Haine» avec Vincent Cassel.

Outre sa famille, le jeune homme a parlé de sa relation privilégiée avec l’acteur Michael B. Jordan rencontré au Festival de Sundance, ainsi que de son rapport avec Sylvester Stallone qu’il a également dirigé dans «Creed – L’héritage de Rocky Balboa» (2016). «C’est un homme brillant et doté de beaucoup d’humour... loin de son personnage de Rocky. Lorsque l’on s’apprêtait à tourner une page et demie de script, il arrivait le matin avec pas moins de cinq feuilles de notes et de multiples propositions de jeu. C'était incroyable», a expliqué Ryan Coogler.

Concernant ses prochaines réalisations, le nouveau prodige de la famille Marvel s’interroge. «J’aimerais conter peut-être une histoire originale mais, il n’y a pas de honte à faire une adaptation. C’est aussi une forme d’art extraordinaire», a-t-il précisé. Une chose est certaine : Ryan Coogler a prouvé qu’un film noir pouvait remplir les salles de cinéma. Et de surcroît, avec des femmes fortes aux personnalités tranchées. «Les films noirs peuvent rencontrer leur public et il faut encore multiplier les exemples, a-t-il assuré. Quant aux femmes, ce sont des personnes incroyables, des chefs de famille. C’est dans cet environnement que j’ai grandi».

Reste à savoir s’il continuera à développer un thème qui lui est cher, celui de jeunes hommes «en quête de leur place et de leur voie». Une recherche qui fait par ailleurs écho à sa propre construction.

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