«Bâtiment 7», «Bat 7», «Seven Binks»... Jamais un immeuble n'aura eu autant d'importance dans les rimes des rappeurs français. Porté bien haut comme étendard, ce bâtiment de la cité du Parc aux lièvres, à Evry (Essonne), a en effet vu éclore pas moins de sept artistes de la scène actuelle. Une première.
Bolemvn, Koba La D, Shotas, Kodes, Kaflo, 2zé, Keusty... Ces rappeurs, qui feraient le succès de n'importe quel festival hip-hop, partagent tous le même lien avec le bâtiment 7, qui leur vaut d'avoir leur visage sur une fresque peinte au bas du bloc. Une particularité qui a poussé le site Streetpress à tourner un documentaire sur ce lieu unique du rap.
Trente minutes d'immersion dans le berceau d'une nouvelle génération de MC's, avec les principaux concernés. «Ça a toujours été la base du quartier, explique ainsi Bolemvn. Là où on faisait des freestyles.» Un document destiné aux amateurs de rap, donc, mais pas seulement.
Car à travers cette plongée dans le béton essonnien, Streetpress tourne avec les habitants une page de leur vie, avec la destruction programmée de la tour en 2021. Une disparition, prévue dans le cadre du Nouveau programme national de renouvellement urbain, qui ne fait pas que des heureux.
De Sam, habitante arrivée en 1977, à Kodes, rappeur aux 200.000 followers, en passant par Pascal, qui a vu ses enfants grandir sur la dalle, tous résument leur sentiment en une phrase : «Quand ils vont détruire, plein de souvenirs vont être détruits en même temps».
Si bien que, si des dizaines de familles ont déjà été relogées, d'autres ne veulent rien lâcher et refusent de quitter un quartier qui est devenu au fil des années leur «village», leur «famille».
«On aime le quartier, on est prêt à tout, mais on va pas mourir avec le quartier», conclut Shotas, soucieux de prolonger la légende du «Bat 7».