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La Banque du Japon lutte contre une déflation

Le gouverneur de la Banque centrale du Japon, Masaaki Shirakawa, lors de sa conférence de presse au siège de l'institution, le 27 avril 2012 à Tokyo.[AFP]

Le comité de politique monétaire de la Banque centrale du Japon (BoJ) a décidé vendredi d'élargir encore ses achats d'actifs afin d'impulser la reprise et de lutter contre une déflation qu'il espère prochainement vaincue.

A l'unanimité des sept membres présents, l'institut a décidé d'augmenter de 5.000 milliards de yens (47 milliards d'euros) le montant consacré à l'acquisition d'actifs financiers divers, lequel passera ainsi à 70.000 milliards de yens (665 milliards d'euros).

Concrètement, la BoJ va élever de 10.000 milliards de yens (95 milliards d'euros) ses achats de bons du Trésor à long terme, mais va réduire de 5.000 milliards de yens les fonds consacrés aux injections dans le circuit interbancaire, utilisés par les banques pour prêter aux entreprises.

Privé de deux de ses neuf membres, arrivés en fin de mandat mais non encore remplacés, l'institut a déjà mis en place une importante batterie de mesures non conventionnelles depuis la crise financière internationale de 2008-2009, afin de calmer les tensions sur les marchés et de donner un coup de pouce à l'activité.

Elle procède ainsi à des achats d'obligations d'Etat et d'entreprises ainsi que d'autres titres financiers et consent des prêts à taux préférentiel.

La banque a par ailleurs maintenu inchangé son taux directeur au jour le jour dans la fourchette de 0,0% à 0,1%, ce qui revient à encourager une politique de taux nul.

La déflation lancinante qui perdure au Japon depuis trois ans a jusqu'à présent retardé le redécollage de l'économie nippone et la BoJ, malgré son statut indépendant, subit la pression constante du gouvernement pour assouplir sa politique monétaire afin de mettre un terme à ce phénomène pernicieux.

Dans son rapport semestriel sur l'activité économique et les prix, l'institut a souligné qu'il était "probable" que le taux d'inflation "atteigne prochainement l'objectif de 1% que la banque s'est fixé", un niveau considéré comme favorable à un cycle économique vertueux.

Lors d'une conférence de presse, le gouverneur de la BoJ, Masaaki Shirakawa, n'a pas précisé exactement quand les prix à la consommation, hors produits périssables, pourraient atteindre ce niveau. Mais il a évoqué une hausse de 0,3% lors de l'année budgétaire d'avril 2012 à mars 2013 et de 0,7% en 2013-2014.

D'après M. Shirakawa, l'accélération de la croissance du Japon va favoriser un meilleur équilibre entre l'offre et la demande, favorisant la fin de la déflation.

La troisième puissance économique mondiale, fortement ralentie l'an passé par les répercussions du séisme du 11 mars 2011 sur l'appareil industriel et la consommation, pourrait en effet bénéficier du dynamisme des nations émergentes pour doper ses exportations ainsi que sur la reconstruction du nord-est sinistré pour tirer l'activité des entreprises.

La BoJ table désormais sur une croissance soutenue de 2,3% en 2012-2013 et plus modérée de 1,7% en 2013-2014.

Elle indique percevoir une amélioration aux Etats-Unis et un coup de frein à l'aggravation sur le front européen, le tout se traduisant par une plus grande stabilité des marchés financiers.

Bien que l'institut ait accepté d'étendre encore ses mesures d'assouplissement, M. Shirakawa semble s'agacer de plus en plus des pressions étatiques et a souligné que le respect de l'indépendance de la BoJ était fondamental.

Tout en s'engageant à maintenir une politique souple autant que nécessaire, le gouverneur a prévenu que l'amélioration de la situation économique du Japon ne saurait résulter de la seule volonté de la banque centrale.

Il a enjoint à l'Etat de prendre part au combat, aux banques privées de faire des efforts pour renforcer la croissance et aux entreprises d'être plus innovantes et d'explorer de nouveaux débouchés tant sur le marché intérieur qu'à l'étranger.

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